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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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4 mars 2017

socialist voice 26 - février-mars 2017 Le Parti Socialiste ne se démarque plus du Parti Travailliste

Le 4 mars, des élections locales ont eu lieu au Royaume-Uni, pour constituer les Conseils Régionaux. Contrairement à sa politique de ces dernières années, de démarcation par rapport au Parti Travailliste (Labour Party) aux élections, le Parti Socialiste (Socialist Party, anciennement Militant), du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL/LSP est le parti en Belgique), participera maintenant au scrutin au sein du Parti Travailliste, soutenant certains candidats, partisans de Jeremy Corbyn. Nos camarades de la Ligue Socialiste Internationale (International Socialist League – ISL) ont publié dans Socialist Voice un commentaire sur la question, répondant à un article de Peter Taaffe, dirigeant du Parti Socialiste. En voici la traduction.


Il n'est pas courant de lire une revue trotskiste soutenant ouvertement le populisme de gauche. C'est cependant ce que fait l'article de Peter Taaffe, intitulé Le Corbynisme et la montée du populisme de gauche.[1] Aujourd'hui, le populisme de gauche signifie tout au plus le socialisme dans les mots, mais sans programme ou action socialiste.
   Sous l'impulsion de la TUSC (Trade Union and Socialist Coalition – Coalition syndicale et socialiste), le Parti Socialiste a soutenu dans les élections une position contre le Parti Travailliste. Mais ce n'est maintenant plus le cas.
   L'explication que Taaffe donne à ce changement de position est toutefois contradictoire.
   Taaffe a expliqué qu'ils ont participé aux élections dans l'opposition –avec le Syndicat des travailleurs du rail, de la marine et du transport (Rail, Maritime and Transport workers’ union, RMT) et avec le Parti Socialiste des Travailleurs (Socialist Workers Party, SWP) – pour lutter contre les coupes budgétaires mises en œuvre par les Conseils, tant ceux à majorité Travailliste que ceux contrôlés par les Conservateurs. « A cet effet, nous avons participé à un certain nombre d'élections en opposition au Parti Travailliste. Mais quand le défi de Corbyn pour le leadership de ce parti a été lancé, nous l’avons soutenu. »
   « Maintenant, après la deuxième victoire de Jeremy Corbyn, nous avons suggéré à la TUSC de suspendre les préparatifs pour le prochain défi électoral, afin de laisser le temps à la mise en œuvre de changements nécessaires – comme la résélection [2] – afin de consolider la victoire de la gauche. » La Ligue Socialiste Internationale rejette totalement cette ligne de pensée qui consiste à applaudir et soutenir les réformistes. Sous la direction de Corbyn, le Parti Travailliste a accepté de continuer à réduire les services et les emplois. Tous les Conseils du Parti Travailliste sont dirigés par l'aile droite. Par conséquent, ne pas s'opposer à eux, c'est abandonner la lutte politique centrale contre l'austérité.
   Le Parti Socialiste maintien de profondes illusions dans la version corbyniste du socialisme. Mais quel est donc ce type de socialisme ? Corbyn se tourne vers le Parlement pour faire quelques réformes. Cependant, même les réformes proposées ne se rapprochent un tant soit peu des réformes des années 40’.
   Il est devenu évident que Corbyn ne cherche pas à mobiliser et à diriger une quelconque opposition contre la destruction des services publics.
   Taaffe soutient que le Parti Travailliste a besoin de temps pour se débarrasser de l'aile droite. Mais la position de Corbyn et de McDonnell, le Shadow Chancellor,[3] est de maintenir le Parti Travailliste comme une « large église », qui comprend l'aile droite. En outre, ils s'opposent à la résélection !
   Nous entendons une rhétorique anti-austérité, mais les promesses économiques de Corbyn cherchent clairement à maintenir le capitalisme et ne sont nullement un pas vers le socialisme.
   Depuis mars 2016, McDonnell s'est engagé à réduire le déficit actuel à zéro sur une période de planification de cinq ans, une autre politique parlementaire d'austérité.
   Selon l'article de Taaffe, il semblerait que le Parti Socialiste croie que les politiques de Corbyn peuvent conduire à la construction d'un nouveau Parti de Travailleurs ; et ils ont accepté de ne pas s'opposer au Parti Travailliste. Leur capitulation au Corbynisme est complète.
   Le programme de la Ligue Socialiste Internationale, en désaccord total avec le Parti Socialiste, est de combattre toutes les mesures d'austérité, qu'elles soient mises en œuvre par les Conseils du Parti Conservateur ou par ceux du Parti Travailliste ; et de soutenir des candidats anti-austérité qui s'opposent au Parti Travailliste.
   Tous les représentants politiques du Parti Travailliste, y compris les partisans de Corbyn, voteront pour soutenir les coupes budgétaires dans les Conseils en mars 2017.

Margaret McAdam

________________________
[1] Peter Taaffe, Corbynism and the rise of left populism. http://www.socialistparty.org.uk/articles/23813
[2] La remise en cause d'une place sur la liste, pour un candidat qui est déjà membre d'un Conseil
[3] Au Royaume Uni, le premier parti dans l'opposition constitue un "Shadow Cabinet", une sorte de "gouvernement dans l'ombre", une réplique du gouvernement en place, avec des ministres correspondants, dont le "Shadow Chanceler", le Chef de gouvernement dans l'ombre.