Voici un article d'un camarade du Parti Ouvrier Internationaliste, la section russe de la Ligue Internationale des Travailleurs - Quatrième Internationale)
Ces derniers temps, la politique des autorités consiste à vouloir nous convaincre que les élections sont la solution de tous nos problèmes. Actuellement le pouvoir se partage entre deux ailes : la « Russie Unie » - 64 % (avec l'aide du parti « libéral-démocrate » - 8 %) et une misérable aile gauche, la « Russie Juste » avec 7 %. A part cela, il y a la soidisant « opposition responsable », le Parti Communiste (11 %). Tous font partie d'une comédie dramatique qui ne veut qu'une chose : nous manipuler. Dans cette mise en scène, le pouvoir essaye de dissimuler les problèmes urgents : l'augmentation des prix, la crise mondiale et son reflet en Russie. Ce sont des choses qui ne sont pas prévus dans le scénario et les autorités essayent de montrer qu'il s'agit de « détails techniques ». Mais la majorité de la population en a déjà souffert et continue à en souffrir. A la fin de 2007, le prix de plusieurs produits a augmenté de 50 à 100 %.
Les sources de l'inflation : la crise mondiale, les privatisations et l'arrivée du capital étranger
Avec la restauration du capitalisme, la Russie est rentrée dans le concert de l'économie mondiale impérialiste. Cela signifie que les crises et les contradictions mondiales capitalistes vont inévitablement frapper l'économie du pays. Différentes causes sont à la base de l'inflation :
- l'augmentation mondiale du prix des combustibles fait monter les prix en Russie (qui sont encore inférieurs aux prix européens) ;
- d'autre part, cette augmentation fait monter les prix de l'électricité, du transport, de l'économie municipale et de tous les produits ;
- le gouvernement de Poutine continue avec la dénationalisation de l'économie et la privatisation de l'électricité, du transport et de l'économie municipale qui se transforment en entreprises privées et font du profit avec l'augmentation des prix ;
- la hausse du prix du pétrole augmente la demande, et donc le prix, des biocarburants et des produits qui en sont la base : les céréales, le tournesol, etc. ;
- la dette des banques russes envers les banques occidentales est montée en flèche, ce qui ouvre le chemin à la crise financière.
Que signifie l'aggravation de l'inflation ?
L'aggravation de l'inflation avant les élections gène un peu le régime. Elle montre, 90 ans après la révolution d'Octobre, que le pouvoir de la bourgeoisie et de la bureaucratie n'est pas en mesure d'améliorer la vie des travailleurs, même quand le prix du produit principal des exportations, le pétrole, avoisine les 100 dollars le baril ! Le pouvoir cherche une issue en ouvrant les frontières aux importations pour « approvisionner un marché », c'est-à-dire en suivant les prescriptions du FMI, et en « suspendant » l'inflation jusqu'à la fin des élections. La confusion des autorités et de leurs mesures palliatives montrent qu'il n'y a pas d'issue pour les travailleurs dans le cadre de la logique capitaliste. Beaucoup se demandent aujourd'hui si la crise va exploser, oui ou non. Personne n'a la réponse, à cause de l'anarchie de l'économie capitaliste. Mais nous pouvons affirmer que, pour les travailleurs, la crise a déjà commencé.
Depuis le moment de la restauration du capitalisme en Russie, la bourgeoisie et la bureaucratie ont déjà volé les travailleurs deux fois avec l'inflation : au début des années 90 et en 1998. Et les travailleurs peuvent être sûrs que la bourgeoisie et la bureaucratie vont remettre le paquet, afin d'augmenter leurs profits. Ce sera le cas, à moins que les travailleurs résistent.
C'est pourquoi, dans la « comédie » organisée par la bourgeoisie et la bureaucratie, un autre acteur, inattendu et non désiré, commence à intervenir : les travailleurs qui n'attendent déjà plus aucun miracle des élections. La nouvelle grève chez Ford et au port (dans la région de Saint-Pétersbourg) et la volonté des machinistes ferroviaires de commencer la grève, montrent comment on peut obtenir des améliorations. Le pouvoir se fait beaucoup de soucis et réagit très nerveusement avec l'augmentation de l'activité ouvrière : il accentue l'oppression sur les travailleurs et criminalise la grève des cheminots pour que son cirque continue.
Il est important que l'activité ouvrière ait coïncidée non seulement avec les élections, mais aussi avec les grèves en Europe. Les machinistes russes font explicitement référence à l'expérience des travailleurs européens, comme un bon exemple auquel il faut se joindre. Cela devient donc très sérieux. Tout cela ouvre le chemin vers la récupération des traditions de lutte des travailleurs russes. C'est une perspective réelle.
La lutte indépendante et la solidarité des travailleurs sont une clé pour améliorer la vie
Avec les grèves européennes, avec la volonté d'entamer la grève, les différents secteurs ouvriers en Russie, même s'ils ne sont pas encore nombreux, se rendent compte du mensonge électoral, avec l'augmentation de l'inflation. Ils font face au problème clef : ou nous allons être plus solidaires et fermes, ou la situation va s’empirer. Nous n'avons pas d'autre choix. C'est-à-dire que nous devons nous unir pour la lutte organisée, aujourd'hui principalement pour l'indexation des salaires selon le taux réel de l'inflation (et non selon le taux officiel, les chiffres concrets d'indexation devant être examinés par les travailleurs eux-mêmes dans leurs réunions dans les entreprises) ; contre la privatisation et le démantèlement du transport public et des services sociaux ; pour le démantèlement de la bureaucratie dans les universités et pour les libertés estudiantines.
Et les élections... ?
Sans surprise, les élections sont devenues un festival de falsifications et d'abus. Beaucoup de gens disent que ces élections ont été les plus sales de toute l'histoire de la Russie après la restauration capitaliste. Même le Parti Communiste, fidèle « opposition responsable » du régime, a dit que les abus ont été trop grands et a qualifié les élections comme « non légitimes ». Mais en y participant, le PC a fait tout pour leur donner légitimité et a rendu ainsi un grand service au régime. Il va de soi qu'il ne va pas répudier maintenant les sièges bien confortables au Parlement.
Tout cela montre que les travailleurs n'ont pas eu de choix dans ces élections, des élections qui sont l'instrument pour donner une légitimité au régime actuel et à sa politique de museler les libertés démocratiques, de mener la guerre en Tchétchénie, d'assassiner des journalistes, d'avancer avec les privatisations et de soumettre la Russie au capital étranger sous le chant patriotique de la « Russie forte ». Cela montre que tous les partis sont des partis du régime au service de la bourgeoisie et la bureaucratie ; que cela n'a aucun sens de participer et de voter dans ces élections ; qu'y participer est donner un soutien au système, à l'inflation et à la privatisation. Il en est ainsi parce que la préoccupation centrale du régime a été d'entraîner les gens à voter. Voilà pourquoi le Parti Ouvrier Internationaliste (POI), la section russe de la Ligue Internationale des Travailleurs - Quatrième Internationale, a défendu la position de boycotter cette farce et qu'il participe à la construction du « soviet de boycottage », uni avec d'autres organisations de gauche pour mener cette campagne.
Les élections présidentielles approchent. La bourgeoisie et la bureaucratie ont déjà défini leur candidat, Dmitri Medvedev. Il est ouvertement soutenu par les partis « Russie Unie » et « Russie Juste », par Poutine, par tous les clergés de Russie (église russe, musulman, judaïque et bouddhiste). Il a aussi reçu l'approbation des chefs impérialistes comme Angela Merkel, etc. Et il a déjà proposé Poutine comme futur Premier ministre. Cela montre, une fois de plus, que les « contradictions » entre Poutine et l'« occident » ne sont que le problème du prix qu'exigent la bourgeoisie et la bureaucratie russes pour le bradage de la Russie au capital étranger. Le PC a déjà annoncé son candidat afin de soutenir à nouveau la légitimité du régime.
Voilà pourquoi le Parti Ouvrier Internationaliste est convaincu qu'il est nécessaire de promouvoir la campagne de boycottage des élections. Nous appelons toutes les organisations de gauche et les syndicats à unir les forces dans le combat pour boycotter les élections, ainsi que pour l'indexation des salaires et le gel des prix, et contre le régime de Poutine et ses réformes.