Une autre issue à la crise est possible !
La rue a parlé !
le mercredi, le 18 mai 2011
Le 15 mai dernier, des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue dans tout l'Etat espagnol, exprimant le ras-le-bol accumulé depuis le début de la crise : 40 000 à Madrid, 13 000 à Barcelone, 8 000 à Séville, 5000 à Las Palmas, 3 000 à Cordoba, 1 000 à Salamanque...
C'est sans doute l'échec le plus grave pour la « paix sociale » signé par le gouvernement, les patrons et la bureaucratie syndicale de CCOO et UGT. Il est particulièrement significatif que ces manifestations ont lieu en pleine campagne électorale. Nous savons qu'aucun des partis bourgeois ne donnera une issue à cette crise sans nous écraser, même si - le comble de l'hypocrisie dégoûtante - tous parlent de respecter les manifestations et même de s'y associer. Le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) a démontré que le « S » et le « O » sont de trop dans son nom ; tous connaissent le PP (Parti populaire, de droite), CiU (Convergence et union) est entré aux gouvernement de Catalogne en pratiquant d'énormes coupes dans les services publics... Les partis du système n'ont d'autre but que de sortir le conflit de la rue et d'orienter le mécontentement vers les urnes.
Dommage pour eux, mais ils ont dû constater que le 15 mai, les meilleurs meetings ont été ces manifestations.
Il est nécessaire d'élargir et de coordonner le mouvement, à la recherche de la plus ample unité et démocratie.
L'enthousiasme de voir tant de gens dans la rue pousse à transformer l'illusion en effort et organisation. Ce grand mouvement a lieu alors que des milliers de travailleurs sont descendus dans la rue pour lutter contre la fermeture de leurs entreprises, les licenciements, les réductions de salaire ou les accords paritaires congelés. Les manifestations de masse à Madrid et en Catalogne contre les coupes dans la santé et l'éducation sont un exemple de ces luttes.
Il est donc particulièrement important, tout d'abord, que le mouvement manifesté le 15 mai n'en reste pas là. Nous étions nombreux, mais nous devons unifier toutes les forces qui, d'une manière consciente ou dans les faits, se battent pour que ce ne soient pas la classe ouvrière et le peuple qui payent la crise, mais les capitalistes. Les luttes contre le licenciement dans les entreprises, celles des enseignants et des travailleurs de la santé contre les coupes, celles des étudiants contre la privatisation, doivent s'unifier dans un mouvement commun qui peut transformer l'Etat espagnol dans une nouvelle Egypte.
Il est nécessaire, d'autre part, de faire un appel aux organisations syndicales, sociales et politiques qui se sont mises à faire face aux plans du gouvernement, au pacte social et à l'attaque aux pensions. Des organisations comme la CGT, CIG, Cobas, CSM, SF-Intersyndicale..., les organisations qui se sont regroupées dans Il faut leur barrer la route, la majorité syndicale basque, SAT,... des organisations qui se sont mises à faire face au gouvernement, en soutenant les luttes et en dénonçant le rôle complice de la bureaucratie de CCOO et UGT et son engagement à la démobilisation sociale, toutes ces organisations doivent se joindre aux manifestations et à ce mouvement.
Ainsi, la décision d'un secteur des organisateurs d'interdire la présence d'organisations syndicales et politiques ou des pancartes, est une entrave à l'extension et l'unité du mouvement et est, en outre, un acte antidémocratique contraire à l'esprit des appels. Nous devons faire un effort dans ce sens, demandant à toutes ces organisations et aux travailleurs qui se battent aujourd'hui, les enseignants, les travailleurs de la santé, les pompiers, UPS... de mettre en oeuvre des plans de lutte communs et la solidarité permanente entre nous.
Dans chaque faculté, institut, entreprise ou quartier, nous devons promouvoir des réunions de militants pour organiser la lutte à chaque endroit, et en même temps chercher la coordination avec les autres pour réaliser des plans de lutte en commun, avec des objectifs concrets. Du niveau de l'Etat jusqu'à la dernière faculté, nous devons combiner toutes les revendications dans le feu de la lutte, et nous pourrons avoir des résultats.
Dans les prochains jours d'autres manifestations, plus massives encore, doivent parcourir les rues.
Pour une issue ouvrière à la crise
La crise n'a rien de naturel, et l'issue n'est pas neutre. Actuellement, le gouvernement de Zapatero (et avec le PP, ce ne serait pas différent), l'UE et le FMI mettent en œuvre des mesures pour mettre fin à la crise de façon à ce que les riches deviennent encore plus riches, que la classe ouvrière soit encore plus exploitée et que les jeunes continuent à rester sans futur. Ils licencient pour adapter leur dotation de personnel et assurer leurs bénéfices et ils appliquent des réformes du travail pour avoir encore plus de profit. Ils profitent du besoin urgent des gens de trouver du travail pour baisser les salaires et rendre les conditions de travail plus dures. Ils injectent de l'argent dans les caisses de pension pour faire des cadeaux aux grandes institutions financières et ils prennent cet argent en réduisant les services sociaux, comme les pensions, ou en les privatisant, comme la santé.
Mais il n'est écrit nul part qu'il doit en être ainsi. Il y a une autre issue à la crise, une solution qui repartit la richesse des grands magnats et garantit les conditions de vie de tout le monde, aux dépens de ceux qui ont le plus. Le mouvement lancé le 15 mai et les luttes ouvrières qui se sont manifestées dans les grèves générales du Pays Basque et de Galice, la grève générale de 29 septembre ou les grèves qui se manifestent tous les jours contre la crise, doivent avoir des objectifs précis pour que le mouvement ne se limite pas à un rassemblement massif de protestation qui prend fin le 22.
Emploi pour tous : Pas un licenciement en plus, il faut les interdire par la loi ! Si l'entreprise s'en va, qu'elle soit nationalisée sous contrôle ouvrier. Journée de travail de 35 heures sans perte de salaire : travailler moins pour que tous travaillent. Plan de l'Etat pour répondre aux besoins de la population ouvrière, en créant des emplois : augmenter les places disponibles, les matériaux et les infrastructures dans tout le système d'éducation ; renforcer le personnel des services de santé, créer des centres de soins pour personnes à charge ou encore renforcer les contrôles environnementaux et les projets d'adaptation sur la durabilité à tous les niveaux.
Subvention permanente pour les chômeurs, aussi longtemps que l'emploi n'est pas garanti.
Education publique de qualité : Pas de coupes budgétaires. Aucune hausse des taxations. Réduction des coûts d'inscription et aide pour la mobilité ou l'alimentation, pour les familles pauvres. Augmentation des places dans les universités et les crèches. Il faut retourner au caractère public des services publics privatisés, comme les services de langue, la cantine, les facilités de copie ou le nettoyage.
En défense de la santé publique. Non au ticket modérateur
Il y a de l'argent pour tout cela : Il se trouve dans les grandes fortunes du pays, les grands patrons et les entreprises financières. Il faut en finir avec la fraude fiscale et augmenter considérablement les impôts que ces gens paient. Il faut nationaliser les banques privées et les secteurs économiques stratégiques (tels que les transports, l'industrie lourde, les télécommunications) afin de les mettre au service de ce plan de sauvetage social. Ne pas payer la dette. Que la payent les riches et les banquiers qui l'ont générée.
Libération des détenus : Enfin, nous exprimons notre totale opposition à la répression contre les manifestants et ceux qui ont dressé leurs tentes sur différentes places publiques de l'Etat. Nous exigeons leur libération immédiate sans poursuite. L'attitude de rester sourd à la protestation et la répression montre bien l'actualité du cri : ils appellent cela démocratie et ce ne l'est pas.
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