logo-IV-LCT.jpg

Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

Newsletter

3 juillet 2016

LIT-QI : Construire une réponse révolutionnaire à la crise dans l'Union européenne

Voici une Résolution politique concernant l'Europe, du 12e Congrès de la Ligue Internationale des Travailleurs - Quatrième Internationale (24 juin – 3 juillet 2016).

La crise économique : de nouveaux orages à l'horizon

Les mécanismes qui ont permis de surmonter temporairement la crise économique dans les principaux pays de l'UE – en évitant la faillite des grandes banques et l'éclatement de l'euro, permettant le retour aux bénéfices des grands groupes capitalistes – sont épuisés. Voici les mécanismes qui ont été mis en œuvre :
   a) les ajustements et le pillage dans la périphérie, en imposant un nouveau modèle d'exploitation, et en changeant même le statut national de pays tels que la Grèce, réduite à la condition de semi-colonie ;
   b) le flux d'exportations, vers les Etats-Unis, et surtout vers la Chine ;
   c) la chute des prix des matières premières, ce qui a gonflé la bulle spéculative dans lequel les banques européennes se sont embarquées.
   Les remèdes de Mario Draghi (BCE), d'acheter la dette aux grandes entreprises et aux Etats et de donner carte blanche aux banques, offrant des taux d'intérêt zéro ou négatif, commencent à ne plus fonctionner : la stagnation continue et l'investissement ne revient pas. Par contre, la surproduction s'aggrave, le taux de profit diminue et la dette publique a augmenté. Qui plus est, les ressources monétaires et fiscales qui ont permis d'éviter la dépression ne sont plus disponibles ; la politique monétaire ne fonctionne plus et le volume atteint par les dettes publiques rend impraticable tout nouvel endettement massif des Etats pour sauver les capitaux privés. Voilà pourquoi The Economist, un hebdomadaire porte-parole du capital financier international, dit que nous sommes entrés en « terrain inconnu ».
   La situation actuelle doit être comprise dans le contexte de la phase descendante de la « courbe de développement » capitaliste commencée avec la crise de 2007-2008, loin de la perspective d'une nouvelle phase ascendante basée sur la récupération massive de l'investissement capitaliste. Le ralentissement actuel se caractérise par des récupérations faibles et spéculatives ainsi que des récessions profondes et prolongées, tout au long de ces années.
   La situation décrite ouvre une nouvelle période en Europe, où la crise – et l'offensive du capital contre les conquêtes et les droits de la classe ouvrière qui a suivi – passe de la périphérie au centre de l'impérialisme européen, sans pour autant abandonner cette périphérie. Telle est la signification profonde de l'obstination  d'imposer la réforme du Code du travail en France, la fin du « modèle social belge », l'offensive capitaliste en Grande-Bretagne ou une lourde attaque contre le droit de grève en Italie.

La classe ouvrière française est à l'avant-garde

Le conflit en France est le plus important depuis le référendum grec contre le Mémorandum de la Troïka. Ce qui est en jeu avec la loi El Khomri est, ni plus ni moins, la tentative d'imposer un nouveau modèle d'exploitation à la classe ouvrière française. C'est – au dire d'un inspecteur du travail français bien connu – « la peine de mort pour le Code du travail construit il y a un siècle ». La contre-réforme du travail disloque l'actuel système de relations industrielles en attaquant le cœur de la négociation collective et le rôle même des syndicats, quitte à liquider finalement la semaine de 35 heures, à faciliter le licenciement, à imposer la flexibilisation ou à réduire les allocations de chômage. C'est une réforme qui suit le même modèle utilisé auparavant en Espagne, au Portugal et en Grèce, sauf que la chute est à partir d'un niveau de droits beaucoup plus élevé. C'est la même orientation pour l'Italie.
   On tente d'imposer la contre-réforme du travail française contre la volonté de 70 % de la population en tirant profit des mécanismes de l'état d'urgence, qui a été renouvelé depuis l'attaque jihadiste du 13 novembre dernier, avec un degré de répression sans précédent contre la mobilisation ouvrière. Le projet de loi n'a même pas été approuvé par l'Assemblée nationale pour son passage au Sénat, mais par décret gouvernemental, et il est donc prévu qu'il en sera de nouveau ainsi lorsque la loi retourne à l'Assemblée nationale.
   La mobilisation actuelle est la plus importante depuis 2010, quand le gouvernement Sarkozy imposa sa loi sur la réforme des retraites. Il y a déjà quatre mois de mobilisation, sans que la bureaucratie syndicale, en particulier la CGT, soit parvenue à démoraliser le mouvement. La classe ouvrière s'est placée au centre, avec les travailleurs des raffineries, les dockers, les cheminots, les éboueurs à l'avant-garde, avec leurs méthodes de lutte – les grèves, y compris la « grève reconductible » (dont la continuité est décidée chaque jour), les manifestations, les piquets, les blocus... – en entraînant la jeunesse étudiante et les jeunes précarisés. La classe ouvrière a montré sa capacité à paralyser le pays.
   A la chaleur de la lutte des secteurs ouvriers organisés a émergé le mouvement #NuitDebout, semblable au mouvement 15M espagnol, ou le mouvement Generaçao a Rasca au Portugal. Mais en raison du rôle de la classe ouvrière avec ses méthodes et ses organisations, #NuitDebout a dépassé de loin le rôle que ces derniers représentaient dans leur pays.
   Il convient de noter les limitations graves que la bureaucratie syndicale et les directions réformistes continuent d'imposer à la protestation, car il n'y a pas eu un mouvement de grève de caractère national avec la participation de la majorité des travailleurs français : l'appel à des journées d'action largement espacées dans le temps, qui d'ailleurs ne sont pas coordonnées, ne mettent pas en valeur les grèves « reconductibles ». La CGT, qui est toujours le principal syndicat, bloque toute idée de convocation à une grève générale – sans parler d'une grève à durée indéterminée –, et elle refuse, bien sûr, de mobiliser pour renverser le gouvernement Hollande.
   Chevauchant sur le mouvement, c'est toute une politique d'usure en attendant de le trahir ouvertement lorsque la loi sera finalement approuvée, étant donné que la « légalité républicaine » ne devrait pas être remise en question. C'est une politique dans laquelle la bureaucratie de la CGT est experte. Elle l’a déjà appliquée en 2010 lors de la réforme des retraites, ou en 1968, quand elle a appelé à retourner au travail en trahissant les revendications et en appelant à participer à des élections anticipées convoquées par De Gaulle. Ce dernier a reconnu explicitement dans son mémoire que c'était le Parti Communiste Français (PCF) – à l'époque la direction monolithique de la CGT – qui a alors sauvé le capitalisme français.
   Mais la CGT n'est plus ce qu'elle était, en commençant par le nombre d'affiliés, qui est passé de trois millions à 600 000. Sa vieille bureaucratie, puissante et étroitement contrôlée par le PCF, est entrée en crise à la chaleur de la crise du PCF lui-même, fatalement bousculé par le renversement des dictatures de l'Europe de l'Est et la chute conséquente de l'appareil stalinien international. Aujourd'hui, la bureaucratie de la CGT est incapable de mettre fin au conflit, elle a d'importants problèmes de contrôle sur les secteurs les plus radicalisés du syndicat, tels que les travailleurs des raffineries, et elle doit faire face à l'émergence d'organisations comme Solidaires, avec une forte implantation, ce qui est le cas pour les cheminots. Le 14 juin, lors de la manifestation la plus importante jusqu'à ce jour, la police a bloqué la marche des nombreux manifestants ; et la tête de la manifestation, constituée par l'appareil de la CGT (et de Force ouvrière), s'est retirée, mais les dockers du Havre, ensemble avec Solidaires, ont forcé la police à rebrousser chemin et sont arrivés au point final prévu, transformant en victoire ce qui aurait pu être un retrait honteux.
   Le conflit français a mis en évidence le rôle de l'Union européenne, la grande championne de la réforme, ensemble avec les grands patrons français. L'UE a déclaré que cette réforme est le minimum que le gouvernement Hollande doit accomplir. Il a également mis en évidence le régime de la démocratie bourgeoise, qui apparaît comme l'instrument d'une minorité qui impose sa volonté de façon antidémocratique, faisant usage avec arrogance de la violence institutionnelle. Un autre événement important est le processus accéléré de « pasokisation » du parti socialiste français, abandonné massivement par sa base sociale et à la merci de la complète décomposition interne, comme c'était le cas avec le PASOK grec. Plus de 80 locaux du PSF ont été attaqués ces derniers mois et leurs principaux sièges ont dû être protégés par la police.

La crise interbourgeoise et la xénophobie au service de la division de la classe ouvrière

Le conflit français a lieu dans le cadre de la crise la plus importante de l'UE depuis la création du Marché commun. L'un des éléments les plus importants de cette crise est une conséquence de l'énorme tragédie humaine des réfugiés, comparable seulement avec les déplacements forcés de la Seconde Guerre mondiale : cette crise a opposé certains gouvernements à d'autres et a rompu l'accord de Schengen de la libre circulation des personnes, l'un des fondements de l'UE. Mais pas seulement. Elle met également en évidence la nature criminelle de la réponse de l'impérialisme européen à une tragédie dans laquelle les puissances européennes ont une responsabilité directe. L'UE et ses gouvernements ont ouvertement violé les traités et les lois internationaux et payent six milliards d'euros au bourreau Erdogan pour empêcher – au besoin en tirant pour tuer – que les réfugiés syriens traversent la frontière turque et accèdent ainsi à l'Europe.
   La lutte contre la conduite criminelle de l'UE et de ses gouvernements – expression de la barbarie impérialiste –, en mettant en œuvre la solidarité active avec des millions de réfugiés des guerres au Moyen-Orient et en Afrique, en particulier de la part des organisations de travailleurs, est l'un des grands engagements de la LIT-QI dans chacun de nos pays. C'est une bataille qui marque la ligne de séparation des eaux et qui est associée inséparablement à la dénonciation de l'UE et à la lutte pour le renversement du régime sanguinaire d'Assad en Syrie, maintenu en place par la Russie de Poutine avec l'aide des Etats-Unis et des puissances européennes.

Le Brexit et ses conséquences

La victoire du Brexit lors du référendum est le meilleur reflet de la profonde crise de l'UE, qui est le projet central construit par l'impérialisme européen depuis la Seconde Guerre mondiale. L'affrontement officiel était entre deux options ouvertement réactionnaires : le Bremain (rester dans l'UE), dirigé par Cameron, et le Brexit (en sortir), dirigé par Farage (UKIP) et Boris Johnson (l'aile la plus chauvine et xénophobe du Parti conservateur). Cameron faisait campagne en faveur de l'accord conclu avec l'UE – selon lequel la Grande-Bretagne restait dans l'UE en préservant l'autonomie de la City (le grand centre de blanchissement d'argent dans le monde et le lien entre le capital financier des Etats-Unis et de l'Europe) –, accompagné d'un nouveau paquet de mesures contre les travailleurs immigrés, approuvé par la Commission européenne et les gouvernements du continent. Il avait ouvertement le soutien d'Obama, de la majorité écrasante de la City et des multinationales américaines et européennes. Farage et Johnson défendaient la sortie, accentuant la xénophobie, en particulier à l'encontre des travailleurs de l'Est et faisant appel au statut d'ancien empire britannique qui ne reviendra jamais.
   Le référendum a eu lieu au milieu d'une profonde crise économique et sociale, avec le chômage de masse dans les villes du Nord, un degré élevé d'insécurité d'emploi et des attaques contre les services publics essentiels, avec une décadence marquée de secteurs importants de la petite bourgeoisie et de couches moyennes de la bourgeoisie britannique qui n'ont pas bénéficié de l'intégration dans l'UE et se sont repliés, face à la crise, sur des positions nationalistes.
   Dans ce contexte, la victoire du Brexit, ramassant un vote très hétérogène, a provoqué une énorme crise dans l’establishment britannique, affectant ses partis et ses institutions clés et remettant même en question la continuité de l'Ecosse et de l'Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni.
   A court terme, le Brexit mène l'économie britannique à une importante poussée de récession, qui affecte la stagnante économie européenne. Ce grave problème est causé par un déficit commercial structurel de l'économie britannique, jusqu'à présent compensé par des capitaux volatils qui arrivent à la City et qui maintenant l'abandonnent, étant donné le changement de localisation de la Grande-Bretagne. La raison sous-jacente de ce déficit commercial n'est rien d'autre que la nature parasitaire de l'économie du Royaume-Uni, avec une City responsable de plus de 10 % du PIB.
   Mais le gros problème du Brexit est surtout politique, car il affaiblit à l'extrême le projet de l'UE : l'abandon de celui-ci n'est plus tabou et l'exigence d'un référendum concernant la permanence d'un pais dans son giron est maintenant à l'ordre du jour. Cette énorme fragilisation se produit au milieu d'une polarisation sociale croissante où d'amples échelons de la petite bourgeoisie et des secteurs du capital non oligopolistique les plus durement touchés par la crise sont à la pointe d'un fort repli nationaliste dans de nombreux pays, un repli en grande partie capitalisé par l'extrême droite parlementaire, alors que la gauche réformiste et néo-réformiste s'aligne sur le projet impérialiste de l'UE.
   Mais le rejet de l'UE n'est pas l'exclusivité de la petite bourgeoisie et des secteurs moyens du capital ; il touche pleinement des secteurs de plus en plus amples de la classe ouvrière, dans les pays périphériques de l'Union européenne et dans les pays plus centraux, comme nous l'avons vu en France. Voilà pourquoi le Brexit nous donne l'occasion de mettre à l'agenda la bataille contre l'UE et de dénoncer le néo-réformisme plus intensément que jamais. Nous sommes donc obligés d'avoir une politique pour regrouper l'avant-garde ouvrière et des jeunes dans la lutte contre l'UE et l'euro, pour démasquer les réformistes et éviter en même temps que le rejet de l'UE ne soit pris par la droite xénophobe et utilisé en faveur de la division de la classe ouvrière.

Le néo-réformisme et l'exemple de Syriza

La profonde crise économique qui frappe le continent est la cause de la rupture des anciens équilibres entre les pays et entre les classes sociales, et est à la base de la polarisation qui prend forme en Europe. Jusqu'à présent, cette polarisation est capitalisée électoralement par des directions petites-bourgeoises ou par des directions carrément bourgeoises, telles que l'ultradroite parlementaire la plus xénophobe et chauvine. Pour les directions bourgeoises, c'est le cas de la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Autriche, plusieurs pays de l'Europe de l'Est ou les pays nordiques. En ce qui concerne les nouvelles directions petites-bourgeoises, nous avons des mouvements comme Grillo en Italie ainsi que, dans une autre catégorie politique, les partis néo-réformistes Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, le Bloco d'Esquerda au Portugal ou le PTB en Belgique.
   Ce néo-réformisme a comme mission d'institutionnaliser et de neutraliser la mobilisation ouvrière et populaire, en capitalisant les crises de la vieille social-démocratie embourgeoisée et du stalinisme ; et de remplacer, si nécessaire, les partis socialistes dans le cadre de gouvernements de collaboration de classes chargés d'imposer les plans de choc orchestrés par l'UE.
   Le cas de Syriza est spectaculaire par la vitesse extrême et la virulence du virage opéré après la trahison ouverte au peuple grec quand celui-ci a rejeté le Mémorandum de la Troïka, malgré des pressions et des menaces immenses. En quelques mois, Syriza, le grand modèle du néo-réformisme européen, est passé de porte-étendard de l'opposition à la Troïka et ennemi juré des anciens partis, à sbire grec des plans de rapine de la Troïka et exécuteur de la politique criminelle de l'UE contre les réfugiés, qui se fait inviter régulièrement aux réunions de sommet des partis sociaux-démocrates européens et est partenaire et ami d'Israël.
   L'exemple de Syriza reflète le fait que, contrairement à la vieille social-démocratie après la Seconde Guerre mondiale, le nouveau réformisme ne dispose actuellement d'aucun Etat providence à administrer ; bien au contraire, ne pouvant être que le coresponsable de la politique pour mettre fin à l'ensemble des vieilles conquêtes. Syriza a capitalisé le profond mécontentement de la classe ouvrière et du peuple pauvre en Grèce, qui a maintenant déjà mené trois grèves générales contre son gouvernement.
   Quant à Podemos, au-delà de la façon dont il va évoluer dans le futur, il est intéressant de noter le fiasco électoral qu'il a dû encaisser lors des dernières élections générales espagnoles, avec la perte de plus d'un million de votes, une perte concentrée en particulier dans les cantons et les villes ouvriers. Ce coup, reçu avant même d'assumer des responsabilités dans le gouvernement du pays, est l'apanage d'un parti qui est avant tout un appareil électoral, sans racines organiques dans la classe ouvrière et les secteurs populaires, qui a viré de façon spectaculaire vers la droite en moins de deux ans et qui se présente comme candidat pour assumer le rôle de « nouvelle social-démocratie », dans le cadre du respect sans faille de l'UE.

La réorganisation de la classe ouvrière à la base et notre construction

En ce moment, il est essentiel pour les organisations de la LIT – dont le but est de construire des partis révolutionnaires enracinés dans notre classe – de nous insérer dans le processus de réorganisation qui, en plein changement générationnel, a lieu dans les profondeurs de la classe ouvrière européenne et repose sur le mouvement de résistance à l'offensive du capital et au processus avancé de dégénérescence des vieilles bureaucraties ouvrières, qui s’obstinent dans leur relation étroite avec l'Etat et les patrons.
   La constitution récente, avec notre contribution, du Fronte di lotta No Austerity en Italie, regroupant les secteurs les plus combatifs du mouvement syndical dans le pays, bien que dans une phase initiale, est un des échantillons les plus avancés du processus en cours, ce qui se manifeste également dans le développement de Cobas en Espagne ou dans les avancées de coordination dans les secteurs tels que les dockers, le télémarketing ou les travailleurs de l'aéroport de Lisbonne au Portugal. Nous sommes au milieu d'un processus de réorganisation où des organisations de tendance anarcho-syndicaliste jouent un rôle important, chacune avec ses propres caractéristiques nationales, comme la CGT espagnole ou Sud Solidaires en France. Un aspect à noter, qui reflète les inégalités et la complexité du processus de réorganisation, est la rapidité de la dégénérescence des syndicats « alternatifs » qui, même s'ils ont rompu avec les vieilles bureaucraties syndicales, n'ont pas rompu avec leurs anciennes méthodes bureaucratiques. D'où l'importance fondamentale de la lutte pour la démocratie ouvrière, au sein des nouvelles organisations syndicales et dans leurs relations avec les travailleurs.
   Il est nécessaire d'intervenir dans les processus de lutte à l'échelle européenne, en nous appuyant sur les points les plus avancés de ce processus de réorganisation du mouvement ouvrier européen et international.
   Notre construction en Europe dépend de notre progrès sur le terrain de la réorganisation du mouvement syndical, et de notre intégration dans la jeunesse ouvrière, en premier lieu dans les usines, mais aussi dans les quartiers. Sans oublier le travail dans le mouvement étudiant comme un élément d'appoint.
   Toute la tactique électorale dépend de notre travail pour nous insérer dans le processus de réorganisation de la classe ouvrière et y est subordonnée ; elle a comme fondement la défense du programme révolutionnaire et la construction du parti sur cette base, face aux programmes et aux partis réformistes. Nous devons être conscients des limites du travail électoral pour nos partis pour une longue période, étant donné que nous luttons avec peu de forces face à des machines de propagande monstrueuses, face à une législation de plus en plus antidémocratique et des campagnes ouvertement « américanisées », avec d'énormes dépenses électorales, et converties en show médiatique.
   Nos partis ne pourront pas se construire sans le maintien d'un profil d'opposition ouverte aux gouvernements de collaboration de classes sous l’hégémonie du néo-réformisme ou soutenus par lui, comme au Portugal, où nous sommes le seul parti de gauche qui s'oppose au gouvernement de collaboration de classes. Nous ne pouvons pas nous construire sans une délimitation claire et profonde, sur le plan politique, programmatique et idéologique, avec le néo-réformisme et sa stratégie de « radicalisation de la démocratie » et de « refondation » de l'UE.
   La lutte pour la destruction de l'UE, instrument central de l'impérialisme européen, et pour la construction d'une nouvelle Europe, celle des travailleurs et des peuples, est essentielle pour nos partis. L'UE est au centre de l'offensive contre les travailleurs et les peuples de l'Europe et est le grand bouclier sur lequel s'appuient tous les gouvernements pour leur offensive antiouvrière et antipopulaire. Cette lutte implacable doit tenir compte de la position de chaque pays dans la hiérarchie de l'UE, car ce n'est pas la même chose d'appartenir à une semi-colonie comme la Grèce – où la politique a comme axe la sortie de l'euro et de l'UE – ou de faire partie de l'Allemagne, le pays qui domine l'UE, ou de la Belgique, qui héberge le centre impérialiste européen – où l'axe est de mettre fin aux traités impérialistes sur lesquels l'UE est fondée. Dans un pays impérialiste de troisième rang, comme l'Espagne, la politique de rupture avec l'euro et l'UE est toujours d'actualité.
   La LIT et ses partis en Europe doivent avoir un profil clair et différencié : de lutte frontale contre l'UE et pour une Europe des travailleurs et des peuples ; de partis ouvriers impliqués dans le processus de réorganisation de notre classe, qui cherchent à s'identifier avec la jeunesse ouvrière et mettent au premier plan le drapeau de la démocratie ouvrière ; profondément internationaliste en paroles et en actes, en solidarité active avec les luttes des travailleurs et en première ligne dans le combat pour la solidarité avec les réfugiés face à la politique criminelle de l'UE, contre le racisme et la xénophobie qui s'étendent comme un fléau à travers le continent. Comme avant-garde dans la lutte contre les oppressions nationales, de race et de sexe.

12e Congrès de la LIT-QI, le 3 juillet 2016