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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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Pas de marche arrière
La lutte continue - grève générale pour écraser les projets anti-sécurité sociale du gouvernement

La grève nationale du 12 décembre et les masses de gens qui ont envahit les rues de toutes les villes du pays furent l’expression dynamique de la rage et l’indignation accumulées qui croissent sans cesse parmi les travailleurs, la jeunesse et les pauvres. Cette explosion trouve sa cause non seulement dans les plans anti-travail du gouvernement concernant la sécurité sociale, mais aussi dans le chômage, la dissolution des relations de travail, les bas salaires, la cherté de la vie, les lois qui violent les droits démocratiques et les libertés personnelles. Cette grève magnifique constitue un tournant, avec des caractéristiques quantitatives et qualitatives mises à jour dans le cours des luttes croissantes contre les politiques néo-libérales, concrètement, des luttes qui sont nées avec la grève des dockers et ont continué avec le quatrième Forum Social Européen, la grève des enseignants, le mouvement des étudiants, la diminution de l’influence des partis bourgeois lors des récentes élections parlementaires.
    2,5 millions de personnes partirent en grève et plusieurs centaines de milliers participèrent aux manifestations, lors de la mobilisation la plus importante sur le thème du travail depuis le tournant politique de 1974. La taille de cette mobilisation est d’autant plus impressionnante qu’il n’y avait pas encore de projet de loi concret, et qu’elle a surpassé, de loin, les manifestations contre les mesures anti-sécurité sociale du ministre Giannitsis en 2001. Cette fois-ci, les transports publics ont été paralysés, à l’exception du métro qui a circulé pendant quelques heures pour faciliter la mobilisation. Les docks et les bateaux étaient désertés par les travailleurs ; les hôpitaux fonctionnaient pour les urgences uniquement ; les services publics, les banques, plusieurs usines, même quelques compagnies privées et des bureaux virent une large part de leurs employés débrayer.
    Des masses de gens de tous les âges et secteurs professionnels prirent part aux manifestations. A Athènes ils furent plus de 150.000, à Thessalonique plus de 30.000, tandis que des manifestations massives eurent lieu à Heraklion, Patra, Chania, Janina, Mytilini et toutes les villes et grosses agglomérations du pays. La participation des jeunes travailleurs - la « génération 700 euros » - fut significative et envoya un message fort : nous ne tolèrerons pas ces conditions de travail moyenâgeuses. De plus, tous les travailleurs sentirent que cette grève était la leur, même ceux qui ne purent y participer du fait des menaces des patrons. Le jour après la grève, tout le monde demanda quand la prochaine grève allait avoir lieu, pour s’assurer de pouvoir y participer.
    Comme c'est toujours le cas lors de la montée du mouvement, l’euphorie et la créativité prévalurent. Dans le bloc massif d’Olympic Airways [menacée de privatisation depuis des années], les employés, en uniforme, donnèrent le ton pour toute la manifestation à Athènes. On trouvait à leur côté les hôtesses licenciées, portant un calicot ingénieux représentant des barreaux de prison. Devant le calicot du Service Public d’Electricité se trouvaient les travailleurs du secteur aérien, portant une échelle qu’ils utilisèrent pour couvrir les « caméras-espions » dans les rues, à l’aide de sacs en plastique, en un geste symbolique. De petits incidents d’agressivité, insignifiants, eurent lieu durant la marche sans affecter la manifestation. Cette fois-ci, le front de grève uni et massif pour la défense de la sécurité sociale se joua des habituels croche-pieds du gouvernement. La rhétorique utilisée par le gouvernement, qui affirmait avoir reçu « un mandat populaire clair pour réformer le système de sécurité sociale », et les images de consensus social qu’il essaya de brosser, en promouvant le dialogue avec les syndicats, échoua. La même chose arriva concernant les recettes d’automatisme social, c’est-à-dire, les efforts pour diviser la classe ouvrière entre pensionnés privilégiés et non privilégiés. Les travailleurs se rendent compte de plus en plus des problèmes sociaux aigus et des culs-de-sac, même si la militance et l’auto organisation ne sont pas encore acquis. Ce fait est évident y compris dans les enquêtes d’opinion, qui montrent que la majorité de la population considère le gouvernement incapable de gérer les problèmes de la sécurité sociale et d’Olympic Airways. La superbe grève a renforcé la militance des travailleurs et, de ce fait, la confrontation autour de la sécurité sociale tourne en confrontation politique générale. Le gouvernement a été obligé de « démissionner » Vasilios Magginas, le ministre de l’Intérieur, le jour après la grève. Celui-ci était d'ailleurs impliqué dans un scandale concernant une villa de sa propriété, construite illégalement, et des travailleurs qu’il a employés sans leur offrir de sécurité sociale. Pour gagner du temps, le gouvernement l'a remplacé par Fani Palli Petralia, une « Marie-Antoinette » contemporaine, qui n’offre aucune garantie d’être capable de mener à bien sa mission difficile. Qui plus est, le « défaut » d’une légitimité restreinte (152 sièges au Parlement) et les prochaines élections au parlement européen rendent difficile une attaque généralisée contre les travailleurs et la sécurité sociale. Une telle attaque pourrait même mener à la chute du gouvernement, comme ce fut le cas lorsque le projet de loi de Giannitsis et la loi de Reppas sur le système de sécurité sociale firent chuter PA.SO.K. La bureaucratie syndicale, de son côté, ne peut pas vendre ce combat facilement du fait de la désapprobation massive des mesures contre la sécurité sociale, exprimée par les travailleurs et la militance durant la grève. En particulier, PA.S.K.E. (la fraction syndicale du PA. SO.K.) est obligé de tenir une ligne d’opposition, non pas, bien sûr, par sympathie pour les besoins des travailleurs, mais parce que la crise profonde du PA.SO.K ne lui laisse pas d'autre choix.
    Il est certain que le gouvernement de Karamanlis ne va pas abdiquer si facilement, comme le prouvent les arrestations provocantes des travailleurs aériens du Service Public d’Electricité devant les locaux de leur syndicat, pour avoir couvert les « caméras-espion ». Ce gouvernement tentera d’imposer les axes principaux de la réforme anti-sécurité sociale, non seulement pour voler les biens des Fonds de Sécurité Sociale et démanteler le système de sécurité sociale – des mesures imposées par l’intensité de la crise économique, le capital, l’Europe, le FMI - mais aussi pour préparer une attaque féroce sur tous les autres fronts : application de la loi-cadre sur les universités et promotion de la privatisation du domaine de l’éducation, expansion du travail précaire et dissolution des relations de travail, attaque contre les négociations collectives, diminution radicale des dépenses sociales, privatisations (par exemple d'Olympic Airways), restriction des droits démocratiques et des libertés personnelles (cameras, dossiers électroniques, vision nocturne, nouveaux équipements policiers, etc.), et enfin la « nouvelle » Constitution européenne. Voilà pourquoi il est possible qu'un nouveau projet de loi anti-sécurité sociale soit introduit en février. Voilà pourquoi il n’y a pas de place pour une accalmie.
    Après la grève grandiose du 12 décembre, nous savons que nous pouvons gagner. Pour cela, il faut poursuivre le combat avec la même intensité. L’attitude du Parti Communiste et sa fraction syndicale (PAME), qui tentent de cadrer la lutte en appelant à des manifestations distinctes et en prenant leurs propres « initiatives » spasmodiques dans le seul but d’afficher leur appareil, n’a d’autre effet que de diviser les travailleurs et de miner la lutte. A travers notre participation, nous devons tenter d’imposer l’unité, de dépasser les divisions et les exclusions, d'isoler toute proposition de compromis. Nous devons organiser une résistance dure et continue sur chaque lieu de travail, dans chaque syndicat, chaque école, chaque quartier. Nous devons appeler à des assemblées générales partout, décider de nouvelles grèves, occupations et manifestations. Nous devons pousser les directions des fédérations de syndicats à appeler immédiatement à une nouvelle grève générale, avec la perspective d’une grève au finish dès l’introduction d’un projet de loi. Nous devons créer des comités de lutte pour que les travailleurs aient le premier et dernier mot sur le cours des mobilisations. Nous devons construire un front qui englobe l’entièreté des travailleurs, capable de résister efficacement et d’exiger :
   
  • Aucune mesure contre la sécurité sociale des travailleurs ne passera. Abolition de toutes les lois contre la sécurité sociale des travailleurs.
  • Retour de tout l’argent volé aux fonds des travailleurs. Paiement de la dette de l’Etat et des employeurs.
  • Interdiction de spéculer avec les fonds de réserve des travailleurs.
  • Sécurité sociale publique pour tous. Pension à 60 ans pour les hommes et à 55 pour les femmes, égale à leur dernier salaire.
  • Salaire minimum de base à 1.400 euros. Travail stable à temps plein pour tous, semaine de 5 jours, 35 heures de travail par semaine et 7 heures par jour.

OKDE-EP 08/01/2008