30 avril 2014
Un pays modèle en Afrique ?
Il y a deux ans, le gouvernement du président sénégalais Abdoulaye Wade est tombé, après douze ans de règne, et Wade (87 ans), exilé en France, vient de retourner au pays. Ce pays, situé le plus à l'ouest de l'Afrique, voisin du Mali, qui a acquis son indépendance en 1960 sous la direction de Léopold Sédar Senghor, est-il toujours le « modèle » de pays « stable » de l'Afrique ? Voici un entretien avec le camarade Falilou, de la section sénégalaise de la LIT-QI, qui a eu lieu quelques semaines avant le retour de Wade.
Pourquoi le gouvernement de Wade est-il tombé ?
Après douze ans de règne au sommet de l'Etat du Sénégal, la chute d'Abdoulaye Wade en 2012 a été la combinaison de plusieurs facteurs (promesses électorales non tenues, corruption, népotisme, détournements de deniers publics, répressions policières répétées sur les populations, fracture sociale de plus en plus accrue…) dont l'élément déclencheur a été sa candidature controversée pour un troisième mandat, sur fond de succession monarchique.
Pendant plus de deux ans, Wade s'est livré à une bataille juridico-médiatique pour une candidature à un troisième mandat, jugée anticonstitutionnelle aux yeux de la loi fondamentale que lui-même avait fait voter en 2001 par un référendum.
Quand des spécialistes en droit constitutionnel du pays, avec qui il avait rédigé cette constitution, lui donnaient un avis défavorable, Wade n'a pas hésité à faire venir de l'étranger, principalement de la France, des experts en droit constitutionnel. Il les a ensuite gracieusement payés pour défendre cette candidature illégale.
Malgré cette opposition quasi unanime, Abdoulaye Wade continuait toujours dans son entêtement aveugle, jusqu'à se dédire, suite à sa propre interprétation de cette loi, se disqualifiant lui-même. Il revient, quelques années plus tard, sur sa parole avec sa célèbre phrase : « Si c'est moi qui l'avais dit, donc je me dédis ». Les médias privés avaient fait de cette phrase leurs choux gras.
A la surprise générale, le Conseil constitutionnel, l'instance juridique suprême du pays, avait validé cette candidature illégale lors de l'annonce de la liste finale des candidats. Ce qui avait plombé par la suite la campagne électorale. Au lieu de décliner leur programme, les candidats ont passé tout leur temps à dénoncer la candidature du président Wade.
Le président Wade avait, tout le temps, voulu se faire succéder par son fils, et il ne s'en est jamais caché. D'ailleurs, ce projet a été savamment élaboré, en amont, pour nommer Karim Wade tour à tour chef d'agence, ministre, et enfin ministre d'Etat chargé de plusieurs départements stratégiques. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est quand, le 23 juin 2011, il a voulu faire voter une loi qui lui permettrait d'être élu en compagnie de son vice-président, avec seulement 25 % des suffrages au premier tour. C'est le fameux ticket présidentiel.
Alors que les députés de sa majorité étaient prêts à valider ce ticket, Abdoulaye Wade s'est heurté à une opposition ferme de toute la population sénégalaise. Celle-ci est venue se poster devant l'Assemblée nationale et a menacé les députés de représailles, suite à leur collaboration coupable avec le despote. C'était une insurrection spontanée d'une population longtemps abusée par son élite politique. Cela a installé le pays dans un climat de tension permanente, dans une campagne électorale accompagnée de manifestations souvent très violentes, à Dakar, la capitale, et aussi à l'intérieur du pays. La police, comme à l'accoutumée, a joué son rôle antidémocratique de répression sur les populations vulnérables et sans défense. Cette dernière a payé le plus lourd tribut avec onze morts, des blessés, des cas d'arrestations et d'emprisonnement arbitraires et aussi des dégâts matériels très importants.
Abdoulaye Wade a réussi à mettre quasiment toute la population contre lui. Il avait suscité beaucoup de sympathie et d'espoir aux yeux d'une population meurtrie par 40 ans de règne catastrophique de soi-disant régime socialiste. La blessure a été très profonde, une population qui manquait de tout contrastait avec des scandales financiers à répétition.
Finalement, il fut battu par Macky Sall, qui avait été l'une de ses victimes. Il l'avait chassé de la présidence de l'Assemblée nationale pour avoir osé convoquer son fils ministre pour des besoins d'audition sur les fonds que ce dernier avait à gérer pour les préparatifs de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI).
Comment vois-tu l'actuel gouvernement de Macky Sall et sa politique économique ?
A l'arrivée de Macky Sall à la tête du Sénégal, le peuple avait nourri beaucoup d'espoir dans son accession à la magistrature suprême. Tout le monde disait qu'il avait déjà une grande expérience de l'Etat, car auparavant il fut ministre des collectivités locales, ministre de l'Intérieur, premier ministre et finalement président de l'Assemblée nationale sous le règne du président Wade. Il est aujourd'hui le Président sénégalais le plus populaire, avec plus de 65 % d'intentions de vote, et il est aussi arrivé au pouvoir avec une large coalition de plusieurs partis, toutes idéologies confondues, (les partis de la droite, de la gauche, des écologistes et de la société civile).
Au bout d'un an de gouvernance, le premier constat est qu'il y a un tâtonnement du pouvoir, car le programme du président, qui est le « Yonnu Yokouté », qui veut dire « la voie du progrès », n'était pas ce qui pouvait remettre le Sénégal dans la marche vers le développement. Ce programme n'était en réalité qu'un ensemble de recommandations et de mesures visant à réorienter le mode de fonctionnement de l'Etat (exemples : gouvernance sobre, réduction de la taille du gouvernement et création de la commission de répression de l'enrichissement illicite, qui est un tribunal contre les personnalités de l'ancien régime de Wade accusées de détournement de deniers publics). Aujourd'hui, après un an et demi de gouvernance à la tête du pays, le peuple a donc commencé à sentir les signes de difficultés à mettre le pays en marche et à être déçu de ses attentes, du fait de l'absence de programme réel pour stimuler l'économie nationale. Nous voyons que le chef de l'Etat réoriente son programme avec un nouveau plan qui se nomme « Plan stratégique du Sénégal émergeant » (PSE), copié sur le modèle gabonais « PSE Gabon ».
La coalition autour de Macky Sall symbolise le partage du gâteau. Lors du 1er tour des élections en février 2012, Macky Sall était arrivé 2e. Les quatorze autres candidats à la présidentielle ainsi que les mouvements de la société civile, ont tous soutenu Macky Sall contre Wade pour le second tour. Et tous ces partis et mouvements qui ont contribué à l'élection devaient en retour avoir des postes de responsabilité dans l'attelage gouvernemental. Dans cette coalition, on retrouve les partis libéraux comme l"APR (Alliance pour la République) du président Sall ; le PS (Parti socialiste), fondé par Senghor, le premier président du Sénégal ; le PIT (Parti de l'Indépendance et du Travail) qui était communiste ; la LDMPT (Ligue démocratique / Mouvement pour le parti du travail), qui était aussi des communistes ; l'AFP (Alliance des Forces de Progrès), les socialistes progressistes ; lAJ/PADS, parti communiste aussi ; ainsi que la société civile.
Les partis de la gauche qui sont aujourd'hui dans la coalition présidentielle ont tous perdu leur identité. Ce sont des partis qui sont assoiffés de richesse, car ils ont goûté aux délices du pouvoir. Ils sont devenus des partis en perte de vitesse au plan national, car la plupart de leurs cadres ont transhumé vers les partis capitalistes pour défendre d'autres idéologies. C'est le cas du parti de Macky Sall : lui-même et beaucoup de ces cadres sont issus des partis communistes.
Il faut noter que c'est cette même coalition qui avait porté en 2000 le président Wade au pouvoir, excepté le Parti socialiste qui a été au pouvoir pendant quarante ans et contre qui Wade a réussi la première alternance à cette époque. Cette fausse idéologie qui est véhiculée par les partis communistes, comme étant des partis dictatoriaux et sanglants, a fait que ces partis, au lieu de porter le débat pour faire jaillir la vraie conscience auprès des masses, ont préféré la solution facile de rallier les partis capitalistes dans les mouvances présidentielles pour chercher des profits personnels et trahir le peuple. Si l'on regarde bien l'histoire du Sénégal avant et juste après l'indépendance, il y avait de très grands partis communistes très dynamiques et très forts comme le PAI (Parti Africain de l'Indépendance) et le RND (Rassemblement national démocratique) qui sont les premiers partis communistes de l'indépendance. Mais ces partis communistes ne jouent actuellement plus le rôle qu'ont joué ces anciens partis communistes. Aujourd'hui, ces partis de gauche sont au service des partis capitalistes qui les manipulent à leur guise contre les intérêts du peuple. Si on regarde bien l'échiquier politique du Sénégal, il n'y a plus une opposition crédible et encore moins une opposition de gauche révolutionnaire.
Dans le nouveau Plan stratégique du Sénégal émergeant (PSE) de Macky Sall, celui-ci cherche auprès de la Banque Mondiale, du Fond Monétaire International et du Club de Paris la somme de 2 964 milliards de francs CFA (environ 4,5 milliards d'euros). Il y a déjà un crédit acquis de la Chine de 5 000 milliards de francs CFA, sécurisé dans les banques. Sur les 2 964 milliards que le chef de l'Etat va négocier au club de Paris les 24 et 25 février 2014, 1 853 milliards sont à chercher auprès de ces institutions financières et 1 111 milliards aux partenaires privés internationaux pour financer le projet. Ce qui aggrave non seulement le surendettement du pays, qui s'est déjà beaucoup endetté entre 2000 et 2014, mais entraîne aussi un envahissement des multinationales qui viennent accaparer ce qui reste des créneaux porteurs du pays. Dans ce plan, la construction d'autoroutes à péage de Dakar vers l'intérieur du pays et de voies ferroviaires des zones minières vers le port minéralier, que l'on projette de construire dans la périphérie de Dakar, occupe une grande place ; tout comme l'aménagement des terres de l'intérieur près du fleuve Sénégal, pour favoriser les investissements de l'agrobusiness dans la production agricole. Et pour confirmer cela, le jeudi 13 février 2014, lors de l'inauguration d'une route au nord du pays, le chef de l'Etat déclarait : il ne sert à rien de posséder des terres qu'on ne peut exploiter, il faut faire appel à des capitaux étrangers pour venir invertir dans l'agriculture pour que le pays atteigne l'autosuffisance alimentaire à l'horizon 2018. Ce qui veut dire qu'il faudra s'attendre encore à des expropriations de terres de pauvres paysans sénégalais au profit des multinationales. Et cela est aussi valable pour les autres secteurs que le pays n'arrive pas à exploiter. Au lieu de doter ces paysans de moyens et de crédits appropriés, pour leur permettre de pouvoir exploiter ces terres, le Président obéit à la politique de l'impérialisme pour favoriser ses multinationales.
Quel est actuellement le panorama syndical ?
Depuis 2000, avec l'avènement de la première alternance au Sénégal, les centrales syndicales ont ménagé leur effort, afin de permettre aux nouvelles autorités politiques et aux entreprises de pouvoir tirer le maximum des nouvelles politiques économiques pour favoriser ou contribuer à la promotion d'une croissance forte et durable.
Actuellement, les centrales syndicales, surtout celles de l'éducation et de la santé, mènent des combats sans arrêt, malgré les problèmes, pour le respect des accords déjà signés depuis longtemps avec le régime libéral de Wade. Des victoires plus ou moins petites sont obtenues, malgré les tentatives de division et de corruption et les négociations parallèles de part et d'autre qui tirent en longueur pour jouer sur le temps de l'apaisement du climat social. Mais ce qu'il faut noter, c'est que des centrales de différents corps de métier réunies dans un cadre large de lutte pouvant ébranler l'Etat et le pousser à améliorer les conditions de travail et d'existence n'existent pas. Les centrales qui existent sont toutes corrompues, avec des nominations à des postes de président de conseil d'administration des plus grandes entreprises du pays et des postes de député sur les listes électorales des législatives.
Depuis l' indépendance à nos jours, tous les dirigeants des centrales syndicales sont courtisés par les politiques. Avec le soutien du pouvoir, ces dirigeants restent à la tête de ces centrales pendant plus de quinze années et deviennent ce que l'on appelle des inamovibles et antidémocratiques. Ces dirigeants se soucient de leurs affaires privées et de leurs privilèges avant tout. Ils accordent une attention à leurs dirigeants politiques qui sont dans les coalitions qui gèrent le pays, et le chef de l'Etat oblige les partis, qui contrôlent les syndicats, à contribuer à l'apaisement du climat social.
La politique de diviser les syndicats se fait à travers un slogan bien de chez nous « diviser pour mieux régner ». Le fond du problème est que, du règne socialiste après l'indépendance jusqu'au règne libéral de Macky Sall, les logiques syndicales n'ont pas bougé ni évolué, avec une prééminence des stratégies de carrière personnelle des dirigeants, qui ne se soucient pas de la promotion et le progrès social du travail et de l'emploi. Aujourd'hui, être dirigeant syndical est un moyen d'accéder à la réussite sociale sur le dos des travailleurs qui vous ont élus. C'est ce qui explique la pléthore de syndicats que l'on voit dans la classe ouvrière, dont les dirigeants ont, le plus souvent, des orientations politiques différentes, raison pour laquelle les divisions internes ou les conflits d'intérêts bloquent toute action syndicale.
Quel est actuellement le rôle de l'impérialisme français au Sénégal ?
Concernant les accords militaires signés entre la France et le Sénégal, il faudra d'abord faire un bref rappel de l'histoire du pays, juste après l'indépendance. Le président Senghor avait paraphé un accord de défense entre le Sénégal et la France en 1974, contre une éventuelle agression interne ou externe de nos deux pays, et la France y avait établi des bases militaires en vue de continuer à gérer ses intérêts dans le pays, et aussi dans la sous-région. Il faut noter que ces bases existaient aussi dans plusieurs autres pays d'Afrique comme la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Centrafrique, etc. Quand le président Wade est arrivé au pouvoir en 2000, il s'est attaqué à ces accords pour les rompre et, en 2010, il est arrivé à fermer les bases militaires françaises qui existaient dans le pays et en Côte d'Ivoire.
Macky Sall est élu à la tête du pays le 23 mars 2012, sa prestation de serment eut lieu le 3 avril de la même année, et une semaine plus tard, son premier voyage de deux jours avait comme destination la France. A l'époque, il y avait le président Sarkozy comme chef d'Etat français. Au retour de ce voyage, il est revenu avec des accords de défense militaire qui seront signés le 18 avril 2012, pour un retour des bases militaires françaises. A ce moment, la France était en pleine campagne électorale et finalement François Hollande est arrivé au pouvoir. Le 25 janvier 2014, de nouveaux accords sont signés entre les deux Etats, qui sont des accords de partenariat et de coopération militaire. Des accords pour l'installation de nouvelles bases militaires, mais aussi sur des échanges d'informations sur les menaces terroristes, sur le développement de la coopération sous-régionale, sur le soutien éventuel que la France pourrait apporter au mécanisme de sécurité régionale et collective dans lequel le Sénégal devrait être impliqué. Il faut noter que la France envisage de faire signer ces accords avec huit pays africains francophones (dont le Mali) pour compter sur une présence permanente de 3 000 soldats français.
Voilà la teneur de ces accords militaires qui expriment un grand retour de la France pour la sauvegarde de ses intérêts dans le continent, et le cas du Mali est un exemple patent avec l'intervention de la France pour la sauvegarde de l'exploitation de l'uranium par la société AREVA.
La France dispose de beaucoup de multinationales qui contrôlent l'essentiel de l'économie du pays et dans plusieurs secteurs, comme les télécommunications avec la société France Telecom, qui est actionnaire majoritaire de la Sonatel, la plus grande entreprise de téléphonie au Sénégal. Elle gère aussi la téléphonie dans les pays voisins, la Guinée Bissau, le Mali et la Mauritanie. Il y a aussi Bolloré, qui gère le port de Dakar (Sénégal), d'Abidjan (Côte d'Ivoire), de Conakry (Guinée), de Lomé (Togo) et de Nouakchott (Mauritanie), etc.
Dans les accords de pêche entre le Sénégal et l'Union européenne, l'octroi de permis de pêche aux navires européens se fait contre des sommes dérisoires accordées en contrepartie. Ces sommes sont en deçà de ce qui est pêché. Et cela a comme résultat une surexploitation de la ressource, et envoie les jeunes pêcheurs sénégalais au chômage. Voilà ce qui explique aujourd'hui que ces jeunes empruntent des pirogues de fortunes pour émigrer vers l'Espagne en risquant leur vie. Ces intérêts de la France sont aussi nombreux et variés dans la sous-région, avec l'exploitation des ressources minières dans beaucoup de pays comme le Mali, la Mauritanie, le Gabon, le Togo, la République Démocratique du Congo, la Côte d'Ivoire et tant d'autres.
C'est la colonisation qui continue sous une autre forme, avec la complicité de nos chefs d'Etat.
Peux-tu nous dire un mot sur les luttes sociales en cours ?
Il y a des luttes sociales dans les secteurs de l'éducation et de la santé. En effet, ces corps de métier exigeaient de l'Etat du Sénégal le respect des accords signés par l'ex-président Wade, le prédécesseur du président Macky Sall au pouvoir.
Dans le secteur de l'éducation, les revendications portaient globalement sur une revalorisation des conditions de vie et de travail portant essentiellement sur des questions à incidence pédagogique (formation diplômante), à incidence sociale (octroi de parcelles à usage d'habitation) et à incidence financière (valorisation des 2/3 des années de vacation).
Au niveau de la santé, à l'issue de plusieurs séances de négociation, SUTSAS, l'intersyndicale des infirmiers et des agents communautaires, est parvenue à signer avec l'Etat un accord sur une plate-forme déclinée en cinquante-sept points. Mais il faut dire que même si l'Etat est parvenu à désamorcer la bombe sociale en signant des protocoles d'accord avec les syndicats de l'enseignement et de la santé, leur application effective reste problématique.
En effet, pour ce qui est de la santé, le protocole ne concerne que les infirmiers avec l'intégration des brevetés et des contractuels dans la fonction publique et celle des agents communautaires dans la fonction publique locale, dans le cadre de l'acte 3 de la décentralisation. Toutefois, toujours dans le secteur de la santé, les médecins restent sur le pied de guerre et exigent de meilleures conditions de travail, le respect des accords signés et l'octroi de parcelles à usage d'habitat. Le SAMES, syndicat des médecins, réclame également une titularisation des médecins dans le corps des fonctionnaires à 40 ans et le relèvement de l'âge de la retraite à 65 ans, du fait de la longueur des études médicales.
Pour conclure, nous disons que même si en l'espace de vingt-quatre heures, le gouvernement est parvenu à désamorcer la bombe sociale en signant des protocoles d'accord avec les centrales les plus en vue dans l'espace scolaire et sanitaire, rien ne garantit en effet une accalmie. Seule l'application effective de ces accords peut refroidir le front social, car il faut dire que le régime de Macky Sall a bénéficié d'un « Etat de grâce » de deux ans. Les syndicats sont sur le pied de guerre et attendent de voir pour enterrer la hache de guerre.
Mais si Macky Sall et son gouvernement parviennent à appliquer les accords, ils auront fait un grand pas vers la pacification du front social d'ici les prochaines élections présidentielles, car la santé et l'éducation sont depuis deux années les secteurs les plus bouillants.
Il est plus fréquent que l'Etat réussisse, à chaque fois que la situation l'exige, à accorder quelques points non essentiels pour conserver l'essentiel, et ensuite arrive à diviser l'intersyndical avec des scissions internes pour l'affaiblir (corruption). Il y a des exemples avec le cas de la CNTS, qui était une très grande centrale, tombée en morceaux, et c'est le même cas dans l'intersyndicale de l'enseignement qui est divisé en plus de quinze syndicats. Le slogan utilisé dans le jargon sénégalais est : « diviser pour mieux régner ».
Un mot comme conclusion ?
Pour conclure, nous sommes totalement opposés aux agissements et faits du gouvernement de Macky Sall, qui vont à l'encontre des intérêts de notre classe, la classe prolétaire.
- Nous disons NON à l'endettement et au paiement de la dette qui ne fait qu'accroître la fuite des capitaux au profit de la bourgeoisie internationale.
- Nous disons NON à l'expropriation des terres des paysans destinées à être redistribué à l'agrobizness et aux firmes internationales qui ne sont là que pour exporter leur production vers l'extérieur et non à nourrir la population locale.
- Contre la privatisation des secteurs de l'économie. Ces entreprises doivent rester la propriété de l'Etat. Donc, nationaliser toutes les entreprises.
- Contre la corruption constatée dans le milieu syndical qui, en fin de compte, est au service du gouvernement au lieu d'être au service des travailleurs.
- Contre la privatisation de l'enseignement et de la santé.
- Arrêter les accords de pêche avec l'Union européenne pour valoriser la pêche locale.