10 mai 2020
Solidarité avec la Révolution chilienne
En octobre 2019, le peuple chilien s'est soulevé contre les mesures d'austérité mises en œuvre par le régime de Sebastián Piñera. Depuis lors, la mobilisation n'a fait que se développer, sous un mot d'ordre crié en masse : Piñera, dégage ! Et une répression sanglante s'est mise en place, avec des milliers de prisonniers politiques, dans des conditions qui maintenant les condamnent à mort par infection de Coronavirus.
Entre tant, les relations entre le gouvernement belge et le Chili sont excellentes. Rien n’a été dit sur la répression. Le business continue. Circulez, il n’y a rien à voir. En effet, cela gâcherait un peu les importants bénéfices faits par la bourgeoisie belge.
Business as usual
Le Chili est le 53e pays client de la Belgique et son 58e fournisseur. La Belgique a exporté pour 625 millions d’euros en 2018. Il s’agit principalement de produits de haute technologie : des médicaments, des machines, des voitures. Enfin, la Fabrique Nationale d’Herstal (FN) a vendu des fusils d’assaut pour les forces spéciales de l’armée chilienne et des mitrailleuses qui équiperont d’ici peu l’infanterie 1. Entre 2016 et 2018, 12 licences d’exportations ont été autorisées pour des armes portatives et leurs munitions et une pour des véhicules blindés. Et les droits humains ? Que cela soit en Arabie Saoudite ou au Chili, la bourgeoisie belge ne s’embarrasse guère de ces considérations.
Les importations, elles, se chiffrent pour la même année à 584 millions d’euros, avec principalement des minerais, des produits chimiques de base et des métaux précieux. Ensuite vient le cuivre, non raffiné, sous formes de conduits électriques, ou sous forme de déchets. Enfin viennent tous les produits alimentaires comme les fruits, les poissons, du vin, etc.
On voit bien la relation inégale entre un pays impérialiste, la Belgique, et un pays semi-colonisé par l’impérialisme, le Chili, fournisseur de matières premières. Cette relation asymétrique est la base même des accords entre l’Union Européenne et l’Amérique Latine : une exploitation du continent par les entreprises européennes en leur vendant nos produits et en pillant leurs richesses.
Pour une campagne de solidarité avec le peuple Chilien
María Rivera, dirigeante du Mouvement International des Travailleurs (MIT), la section Chilienne de la LIT-QI et avocate des droits humains, a reçu à plusieurs reprises des menaces de mort. Elle s'est consacrée à la défense de militants dans les différentes luttes sociales qui ont eu lieu au Chili au cours des deux dernières décennies : la lutte des étudiants en 2006 et en 2011 (la Révolution des pingouins) ; le mouvement Occupy ; la lutte des endettés résidentiels ; celle des grévistes du mouvement ouvrier et syndical. En outre, elle a été plaignante contre la police et les Troupes d'élite qui ont appliqué la torture. Dans la révolution en cours, elle défend plusieurs prisonniers accusés d'y avoir participé en première ligne, ainsi que des jeunes accusés de divers crimes, mais qui sont en fait emprisonnés à cause de leur lutte pour une société plus juste et plus égalitaire. María est également plaignante contre le président Sebastián Piñera, pour crimes contre l'humanité.
Stop aux persécutions contre Maria Rivera !
Liberté pour tous les prisonniers politiques !
Après l’établissement de la dictature au Chili en 1973, le Conseil des Ministres belge suspend son aide au Chili. Bien qu’il y ait de nombreuses critiques à faire sur la forme, cette décision constitue un précédent important. La rupture des relations commerciales et diplomatiques du gouvernement doit se doubler de la mise en place d’une solidarité concrète entre les travailleurs belges et chiliens au travers de leurs organisations. En Belgique, Las Insumisos et l'Assemblée Solidarité Chili-Belgique organisent toute sorte d'activités de solidarité avec le peuple chilien en lutte : un bon exemple. Au Royaume-Uni, un collectif a également été créé ce 22 mars, le Chile Solidarity Network, réunissant différentes initiatives existantes. Une campagne pour la libération des prisonniers politiques est en cours. Voir ici
Nous devons également faire cette campagne dans les organisations syndicales pour qu’elles prennent clairement position contre la répression au Chili, en exigeant l’arrêt de toute forme de soutien au gouvernement chilien et une condamnation claire, par le gouvernement belge, de la répression ; ainsi que la libération des prisonniers politiques.
Pour plus d'information, vous pouvez consulter un dossier dans En Lutte 114 de mars 2020