27 août 2014
Une défaite politique pour Israël
Un accord a finalement été signé en Egypte entre l'organisation palestinienne Hamas et le gouvernement israélien, mettant un terme à la dénommée « guerre de Gaza », qui était en réalité une nouvelle attaque sanglante de l'armée israélienne contre le peuple palestinien.
Les faits ont de nouveau montré au monde qu'Israël est l'agresseur permanent dans la région et que son caractère est profondément nazi-fasciste. L'agression est une manifestation de plus de la stratégie de nettoyage ethnique du peuple palestinien et qu'Israël est une enclave militaire au service de l'impérialisme, basée sur l'usurpation du territoire historique de ce peuple.
Si l'on se limite à regarder les chiffres de cette nouvelle agression de l'Etat sioniste contre Gaza – 2 138 morts palestiniennes, 10 300 blessés, ainsi que la destruction de toute une partie de Gaza –, il est presque impossible de comprendre pourquoi les Palestiniens célèbrent l'accord, alors qu'en Israël, le climat est morose. C'est ce qui se passe : les Palestiniens sont en fête dans les rues de Gaza ; et la crise politique en Israël progresse.
En effet, les Palestiniens sont en train d'obtenir une victoire héroïque, même si elle est partielle. C'est quelque chose de semblable à la défaite d'Israël au Liban en 2006.
Un bilan politique
Israël a réalisé cette nouvelle attaque pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il a voulu profiter d'un reflux relatif de la révolution dans le monde arabe. L'élection du maréchal Sisi en Egypte, les progrès militaires d'Assad en Syrie, le renforcement de l'Etat islamique en Irak et la Syrie sont des expressions d'une conjoncture défavorable pour le mouvement de masses dans la région. Même si cela ne signifie pas une nouvelle stabilisation définitive et encore moins la « fin de la révolution arabe », une thèse défendue par plusieurs secteurs de gauche, il y a bien un reflux conjoncturel qui a été utilisé par Israël pour mettre en œuvre une offensive militaire contre Gaza, un espace pour agir et pour essayer de montrer à l'impérialisme – en particulier l'étasunien – qu'il y a dans ce « vide » un gardien militaire fidèle et fort pour imposer l'ordre.
Deuxièmement, Israël s'est opposé à l'unité instaurée entre le Hamas et l'Autorité nationale palestinienne (ANP). Avec cette attaque, le gouvernement de Netanyahu voyait la possibilité de déstabiliser cette unité et de boycotter les négociations promues par l'impérialisme étasunien.
Israël avait l'intention de détruire la structure militaire du Hamas et les tunnels par lesquels les Palestiniens rompaient le blocus de Gaza. Cet objectif n'a été atteint que très partiellement. La résistance héroïque des Palestiniens était de loin supérieure à ce qu'Israël avait prévu. Malgré les bombardements et l'invasion au sol, l'offensive israélienne n'a pas réussi à détruire complètement les tunnels, ni à frapper durement la structure militaire du Hamas. Avec des tactiques de guérilla, les Palestiniens ont réussi non seulement à résister, ils sont parvenus à attraper l'armée israélienne dans des embuscades et ils ont même commencé à détruire ses chars. Le nombre d'Israéliens tués (60) est le plus élevé depuis l'échec de l'invasion du Liban en 2006.
Parmi le reste des Palestiniens, dans les villes de Cisjordanie comme dans des localités à l'intérieur d'Israël, les manifestations de la jeunesse radicalisée risquaient de se transformer en une nouvelle Intifada. Même le collaborationniste Abbas a finalement été forcé à se manifester, en dénonçant Israël et en défendant Gaza dans sa rhétorique.
En même temps, l'offensive israélienne a déclenché une réaction mondiale contre le génocide, du jamais vu depuis des années. Malgré tout le soutien à Israël dans les médias, il était impossible de cacher l'assassinat d'enfants palestiniens, le bombardement des écoles et des hôpitaux. L'objectif d'épuration ethnique israélienne contre les Palestiniens n'avait jamais été aussi clair. Les manifestations contre l'agression étaient les plus importantes depuis de nombreuses années, partout dans le monde. Et elles ont fait pression sur les gouvernements alliés d'Israël, qui étaient obligés de manifester leur mécontentement face à la situation.
Des intellectuels, des artistes de renom, des défenseurs des droits de l'homme ont réagi comme jamais auparavant, indignés devant tant de destruction. L'objectif nazi-fasciste du nettoyage ethnique, promu par Israël, n'a jamais été aussi clair. Même l'ONU a été forcée de faire un rapport dénonçant les crimes de guerre sionistes. Cette réalité a conduit à la crise de l'offensive d'Israël, qui a été forcée de s'arrêter et d’accepter des négociations.
Dans ce contexte, Israël n'a finalement obtenu aucun gain politique, car en dépit de tous les morts et les destructions qu'il a infligés, ainsi que quelques coups à la structure militaire du Hamas, ce dernier a vu son prestige politique renforcé. Entre-temps, l'isolement international de l'Etat sioniste et la clarté sur l'identité du véritable agresseur dans la région ont connu une croissance exponentielle, ce qui s'est exprimé dans une vaste campagne internationale de protestation contre le sionisme et de solidarité avec les Palestiniens, dans le monde entier.
La fin du blocus est la demande la plus urgente de la population de Gaza, et même si le blocus n'a pas été aboli, il a été réduit, suite à la pression directe de la résistance militaire des Palestiniens. Voilà pourquoi la population a fêté l'accord dans les rues de Gaza.
C'est-à-dire que le résultat de cette action a été une défaite politique et militaire d'Israël. Nous ne sommes pas les seuls à le dire. Un des analystes du Haaretz (un journal sioniste « libéral ») introduit le bilan de la guerre avec un titre très clair, emprunté du football : « Hamas 1 – Israël 0 ». Et un autre analyste, Ari Shavit, croit savoir que « l'arme secrète du Hamas » est le fait d'avoir réussi à saper les fondements du soutien à Israël, dans les cinq continents. Ce n'est pas un hasard si la crise, qui avait été incubée dans le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, se creuse maintenant, selon le Haaretz. (L'extrême droite, représentée par le ministre des Affaires étrangères d'origine russe, Avigdor Lieberman, et les partis ultra-religieux mais récalcitrants comme le Shass, considérait cet accord comme « inacceptable ».)
Cette victoire des Palestiniens doit être considérée comme une étape dans la longue lutte pour la destruction de l'Etat nazi-fasciste d'Israël, une lutte qui doit continuer.
Pour continuer la lutte jusqu'à la victoire finale, il faut un programme révolutionnaire
Nous devons revendiquer résolument la résistance et fêter la défaite de l'Etat d'Israël. Par conséquent, quelles que soient nos différences, nous reconnaissons que c'est le Hamas qui était à la tête de cette résistance et qui s'est donc considérablement renforcé auprès des masses. Pour la même raison, nous l'avons défendu inconditionnellement contre l'agression israélienne, y compris son droit de se défendre militairement contre elle. Nous avons été dans son « camp militaire » contre le sionisme, et nous allons encore l'être, face à toute nouvelle agression.
Cependant, cela ne doit pas nous empêcher de formuler deux questions programmatiques qui peuvent conduire au fait que la victoire ne soit pas maintenue ou même qu'elle se transforme en défaite.
Tout d'abord, nous pointons du doigt la politique de réconciliation du Hamas avec Al Fatah et le président de l'ANP, Mahmoud Abbas – des traîtres à la cause palestinienne et des agents de l'impérialisme et d'Israël. C'est une politique qui inclut l'acceptation de la politique des « deux Etats », comme cela a déjà été essayé avant l'invasion israélienne. En outre, cette « union » accepte que Mahmoud Abbas continue à diriger le gouvernement de l'ANP et continue à négocier des accords de sécurité avec Israël. C'est Abbas qui s'occupera des questions de sécurité, y compris le contrôle de la frontière de Gaza avec l'Egypte. Dans la pratique, cela signifie également l'acceptation de la politique de « deux Etats » proposée par les Etats-Unis, et cela signifie donc une capitulation du Hamas, qui a justement gagné du prestige en s'opposant à la reconnaissance de l'Etat sioniste et de son contrôle sur la Palestine.
La seconde question concerne notre profonde différence avec la proposition programmatique du Hamas de construction d'un Etat islamique ou théocratique en Palestine (actuellement seulement dans une petite partie de celle-ci). Il s'agit d'un type d'Etat qui poursuit et exclut les autres confessions religieuses, un Etat répressif et oppressif, en particulier pour les femmes et les homosexuels. Nous précisons que nous respectons la religion et la culture musulmanes, pratiquées par des centaines de millions de personnes, qui dans le passé ont été de grands exemples de tolérance envers les autres religions et cultures, comme les juifs et les chrétiens. Ce que nous disons, c'est que ces Etats théocratiques, fondés sur l'application extrême du Coran, conduisent inévitablement à l'oppression et à la répression. En outre, en excluant un certain nombre de secteurs non musulmans, cet Etat divise les Palestiniens eux-mêmes face à la lutte nécessaire contre l'Etat raciste d'Israël.
Pour notre part, nous réaffirmons la seule proposition qui s'oriente vers l'unité de tous les Palestiniens et qui vise la fin de l'Etat usurpateur et assassin d'Israël : le combat pour une Palestine unique, laïque, démocratique et non raciste dans toute la Palestine historique.
Finalement, il est essentiel que cette victoire palestinienne ait une continuité dans la lutte contre l'Etat d'Israël. Cela signifie, en particulier, la continuité de la campagne pour la rupture des relations diplomatiques et commerciales des gouvernements avec l'Etat nazi-fasciste d'Israël et le boycott de ses produits et services.
Le Secrétariat international de la LIT
Le 27 août 2014