27 novembre 2016
La mort de Fidel Castro
Fidel Castro est décédé dans la nuit du 25 novembre 2016. En 1959, il a dirigé la révolution qui a renversé le dictateur Fulgencio Batista, et depuis 1960, cette révolution a construit le premier Etat ouvrier en Amérique latine, à quelques encablures des côtes des Etats-Unis.
Comme résultat de la révolution, le peuple cubain a gagné d'importants acquis qui se traduisirent en grandes avancées en matière de nutrition, de santé et d'éducation, une preuve de l'immense potentiel de l'économie planifiée, la socialisation des grands moyens de production et le monopole étatique du commerce extérieur, même dans un pays pauvre comme Cuba.
La révolution cubaine et ses acquis ont fait de Fidel l'une des personnalités politiques les plus influentes de la seconde moitié du 20e siècle, et certainement la principale référence de la gauche latino-américaine. Notre courant moréniste fut un grand sympathisant et défenseur de la révolution cubaine.
A cause de ce prestige, des millions de gens – à Cuba, en Amérique latine et dans le monde – pleurent la mort de l'ancien leader. Nous comprenons cette douleur et nous sommes solidaires avec elle, car pour ces gens, un dirigeant révolutionnaire est mort.
Cependant, au cours des dernières décennies, la LIT-QI a critiqué Fidel Castro et la direction castriste et a débattu durement avec eux. Nous l'avons fait pour deux considérations qui ne sont pas partagées par la grande majorité de la gauche mondiale. Tout d'abord, nous caractérisons que, depuis la fin des années 1990, Fidel Castro et la direction castriste ont restauré eux-mêmes le capitalisme à Cuba et ont commencé ainsi à attaquer et à éliminer les acquis de la révolution. Puis, en accord avec cela et contrairement à leur passé rebelle, Fidel Castro et la direction castriste ont joué un rôle clair en tant que défenseurs de « l'ordre mondial ». Tout cela s'est manifesté clairement lors des réunions et étreintes avec Barack Obama et le pape François.
Nous savons que ces positions sont très controversées, et au-delà des divergences dans le débat, il existe cette mauvaise tradition de maintenir en silence les critiques au moment de la mort. Mais cette tradition n'est pas la nôtre. Nous respectons la douleur des millions de personnes qui voyaient Fidel comme leur leader, mais, au-delà de ce respect, nous croyons aussi que la vérité est révolutionnaire et qu'il ne faut pas garder le silence, même dans les moments les plus douloureux.
Nous présentons ici à nos lecteurs quelques textes qui ont animé ce débat.
En décembre 2014, les présidents Barack Obama et Raul Castro se sont mis d'accord pour mettre fin à une rupture diplomatique qui datait du début des années 1960. Voici une analyse rétrospective des relations entre les deux pays, publiée par la LIT-QI à cette occasion.
En mars 2011, la LIT-QI a publié un commentaire sur la restauration du capitalisme à Cuba, que voici.
En octobre 2010, 500 000 travailleurs de l'Etat sont licenciés à Cuba, au nom du « socialisme ». Voici une analyse de la perte d'acquis de la Révolution, publiée à cette occasion par la LIT-QI.
En 2007, Fidel Castro fut soumis à une intervention chirurgicale qui l'a obligé à passer les commandes à son frère Raúl, ce qui a soulevé la question de « l'après Fidel ». La revue théorique de la LIT-QI, Le marxisme vivant (n°14) a alors publié une étude sur le thème, que voici.