16/01/2018
PST-Honduras
Que faire pour mettre fin à la dictature en Honduras ?
Le 26 novembre 2017, le Président du Honduras, Juan Orlando Hernandez (JOH), fut réélu pour un second mandat, après avoir obtenu la suppression par la Cour Suprême de l'article de la Constitution qui interdisait un second mandat consécutif. Son opposant, Salvador Nasralla, dirigeant de l'Alliance d'Opposition, contesta le résultat, dénonçant une fraude.
A la vaste mobilisation populaire, JOH répond avec la répression – causant la mort d'une trentaine de manifestants et l'emprisonnement de plus de 800 – et décrète l'état d'urgence. C'est la continuité d'un régime dictatorial du Parti National instauré en novembre 2009 par le coup d'Etat de Porfirio Lobo, le prédécesseur du premier mandat de JOH. Voici une analyse du Parti Socialiste des Travailleurs, la section de la LIT-QI en Honduras.
Le soulèvement populaire qui a secoué le pays contraste avec l'étouffement de huit années de gestion putschiste. Les contradictions accumulées dans cette période expliquent la présence d'un large mouvement national, qui est apparu, impétueux et spontané, après le 26 novembre et s'est matérialisé autour d'une seule revendication insatisfaite jusqu'à présent : le départ de JOH. Que s'est-il passé ? Comment se fait-il que cette intense agitation populaire, qui a révélé les misères et les faiblesses du gouvernement, ne réussisse pas à renverser celui-ci ? Quels sont les facteurs qui le maintiennent encore debout ?
Qui soutient la dictature ?
JOH traverse actuellement une situation d'agonie, ce qui ne doit d'aucune façon être compris comme une fin automatique. Il contrôle toujours l'appareil d'Etat et surtout l'appareil répressif. En outre, il bénéficie du soutien conditionné de l'impérialisme étasunien, qui a toujours soutenu son projet de réélection. Et il se maintient surtout grâce au rôle démobilisateur et vacillant joué par les dirigeants de l'Alliance d'Opposition, qui ont coupé court à l'insurrection populaire à des moments clés. La combinaison de ces facteurs explique pourquoi la dictature n'a pas été vaincue jusqu'à présent. Et parmi eux, le dernier est le déterminant pour que JOH continue au pouvoir.
Pourquoi disons-nous que la direction de l'Alliance est le principal soutien de la dictature ?
Le sommet de l'Alliance d'Opposition est le principal soutien de la dictature. Depuis le jour où JOH a promis d'être réélu, l'Alliance n'a jamais voulu l'affronter dans la rue, paralysant l'économie. Elle préférait que sa sortie soit faite par la voie électorale, permettant donc sa candidature illégale, et confiant qu'il respecterait la volonté populaire.
Après le processus électoral, la stratégie de l'Alliance a été d'aller chercher une solution à la fraude, convenue d'en haut, avec l'aide de l'OEA et du Département d'Etat, et non de renverser JOH à travers l'insurrection populaire. D'où leurs appels permanents à une résistance pacifique, à ce que la propriété privée ne soit pas violée, et que le transit des marchandises soit assuré lors de l'occupation des routes. C'est pourquoi nous disons que le rôle joué par le sommet de l'Alliance a été décisif pour que JOH continue. Nous sommes convaincus que si la stratégie avait été d'approfondir les actions de lutte, le processus insurrectionnel aurait brisé tôt ou tard le bras armé et que l'impérialisme aurait reculé dans son soutien au dictateur.
Que faire pour mettre fin à la dictature ?
Nous considérons que la dictature est dans une situation de faiblesse à la suite des coups que l'insurrection populaire lui a portés et que la possibilité de renverser JOH est toujours d'actualité. Pour cela, en principe, deux aspects doivent être clairs. Premièrement, nous ne devons pas tomber dans le piège officiel du dialogue national, que soit acceptée ou non la médiation internationale proposée par les dirigeants de l'Alliance. Le dialogue est une mesure désespérée du régime pour résoudre la crise, et il aurait la participation de tous les secteurs bourgeois désireux de renégocier de manière critique leurs ressentiments et de calmer les exigences du peuple. Cette solution ne fait que favoriser la dictature et c'est une erreur de croire que quelque chose de précieux en sortira.
Deuxièmement, l'expérience récente a montré que ni Mel ni Nasralla ne poursuivent l'objectif de vaincre JOH à travers l'insurrection populaire. Les vérités, même si elles font mal, doivent être dites. L'idée de constituer un Bloc d'Opposition à la dictature est due à une intention malsaine des dirigeants de l'Alliance de récupérer le contrôle d'un mouvement qui lui a débordé dans la plupart de ses actions et qui était à un millimètre d'en finir avec l'ordre existant. Cette initiative, convenue il y a quelques jours à Cofradía, est annoncée aujourd'hui à travers une rhétorique pleine de passion jacobine qui va bientôt commencer à se calmer dans les tristes bavardages parlementaires.
Ni dialogue national, ni Bloc d'Opposition ! La solution consiste à organiser la Coordination Nationale de Lutte contre la Pérennisation. Nous croyons que cette instance devrait apparaître comme une réponse unitaire de la lutte à partir de la base. Elle doit avoir un caractère clairement démocratique, ce qui veut dire que les demandes et les actions à mener soient discutées dans le cadre de réunions périodiques, où le vote et l'opinion d'un leader reconnu sont égaux à ceux d'un humble journalier ou d'une ménagère. De même, elle doit être indépendante de toute force qui ne cherche qu'à entraver le développement de la lutte. Ses rangs doivent être ouverts à la participation populaire, fondamentalement de la classe ouvrière organisée. Sa tâche immédiate sera celle de voter et de mettre en œuvre une stratégie nationale de lutte qui combine une mobilisation unitaire avec l'occupation de routes, des barricades et la fermeture d'usines et de centres d'études dans la perspective de la préparation d'une grève générale.
Parti socialiste des travailleurs. PST - LIT-QI