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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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30 août 2013

A bas Bachar Al Assad !
Non à l'intervention impérialiste !

Les gouvernements des principales puissances impérialistes, ainsi que la Turquie, se préparent à une attaque militaire contre la Syrie. Même après la défaite de Cameron au Parlement britannique, qui a voté contre la participation britannique dans le conflit, le gouvernement d'Obama a déclaré qu'il est prêt à agir seul ou, tout au plus, avec le soutien de la France.
   L'impérialisme prétend cyniquement que l'objectif de cette intervention armée serait « humanitaire », en vue de « protéger des civils » syriens. Et il utilise, comme prétexte, l'attaque brutale et méprisable avec des armes chimiques dans la banlieue de Damas, qui a tué au moins 1 400 personnes.
   Comme le rapporte le Washington Post, les Etats-Unis envisagent une intervention militaire limitée dans la durée et dans les cibles, menée en collaboration avec d'autres puissances. Elle consisterait dans le lancement de missiles à partir de la mer, pendant quelques jours, contre des cibles militaires, ne se limitant pas nécessairement aux cibles liées aux armes chimiques.
   Cette hypothèse est renforcée par la présence de navires de guerre de la marine étasunienne dans l'est de la Méditerranée, armés de missiles de croisière et en position de combat, et d'autres navires appartenant au Royaume-Uni et à la France.
   L'action, dans le cas d'avoir lieu, ne viserait pas directement le renversement d'Assad, mais plutôt son affaiblissement et une contrainte sur le régime, pour qu'il accepte une issue et une transition négociée – jusqu'à maintenant la politique préférée de l'impérialisme.
   La Maison Blanche l'a confirmé elle-même via son porte-parole Josh Earnest, qui a dit au Congrès étasunien que l'action serait « limitée » et qu'elle « ne viserait éventuellement ni une invasion ni une modification du régime ». Le président français, François Hollande, a déclaré lui aussi que le but serait de « ralentir » l'utilisation d'armes chimiques et qu'il « n'est pas question de renverser » Assad.
   Dans la gamme des options militaires, l'impérialisme prend en considération celles qui auraient le moindre coût politique, au sein d'un pays et d'une région secoués par un puissant processus de révolutions populaires. Dans ce contexte, cette solution serait la moins risquée pour l'impérialisme, qui ne dispose pas de conditions politiques pour mettre ses bottes sur la Syrie à travers une attaque au sol. Il n'y a que 25 % de la population qui approuverait une implication dans un autre conflit armé.
   Même une zone d'exclusion aérienne est évaluée avec le plus grand soin, car les défenses antiaériennes du régime d'Assad ne sont pas négligeables.
   Nous savons que beaucoup de combattants rebelles – qui luttent de façon héroïque pour en finir avec une tyrannie monstrueuse qui contrôle le pays depuis 40 ans et qui a commis les pires atrocités contre des civils depuis le début de la révolution – peuvent voir dans cette intervention éventuelle de l'impérialisme une « aide » ou une « protection » dans leur lutte inégale contre le despote de Damas.
   Dans le cadre de notre soutien total et inconditionnel à la lutte du peuple pour renverser Assad, nous affirmons qu'aucune intervention de l'impérialisme n'a cette fin, ni ne l'aura jamais.
   Une telle intervention ne serait pas « humanitaire » ; elle ne viserait pas à « sauver des vies » ou à « défendre les droits de l'homme » ; et beaucoup moins encore « la réussite de la révolution ». Car si les Etats-Unis avaient voulu vraiment aider les rebelles syriens pour renverser Assad, ils leur auraient fourni, sans conditions et depuis longtemps – et en sauvant beaucoup de vies – les armes lourdes tellement nécessaires, telles que des avions, des chars et des missiles antiaériens.
   L'impérialisme intervient pour tenter d'imposer sa puissance militaire et pour devenir la pièce maîtresse du nouveau pouvoir qui remplacerait Assad ; il intervient pour exercer directement son influence et pour obtenir un accord qui réponde à ses intérêts actuels et potentiels, après une éventuelle chute d'Al Assad.
   L'impérialisme intervient toujours avec ses propres objectifs, qui vont toujours dans le sens de dominer directement l'économie et la politique du pays qu'il attaque. C'était la raison de l'invasion en Irak et en Afghanistan. C'est aussi pourquoi il soutient Israël dans l'usurpation du territoire et le nettoyage ethnique contre le peuple palestinien. C'est pourquoi il soutient la monarchie ultra réactionnaire de l'Arabie saoudite, qui a servi d'intermédiaire pour réprimer la juste lutte du peuple de Bahreïn contre son gouvernement, une autre monarchie fantoche de l'impérialisme.
   Et c'est également l'objectif en Syrie. Le discours sur des motifs humanitaires présumés, tels que la « protection des civils », est un chant de sirène qui ne doit pas tromper les combattants syriens ni la gauche dans le monde. L'action elle-même de l'impérialisme dans la guerre civile en Syrie, jusqu'ici, en est la preuve.
   Le soutien d'Al Assad fut la politique d'Obama lui-même, y compris pendant un certain temps après le début du soulèvement populaire contre la dictature syrienne. Car Al Assad lui rendait de précieux services en termes de la sécurité d'Israël et de la stabilisation de la région.
   L'hypocrisie de l'impérialisme est sans limites. Obama et les grandes puissances européennes ont toujours fermé les yeux sur toute la répression et les crimes sanglants de la dictature d'Al Assad, aussi longtemps que celui-ci était en mesure de leur garantir une stabilité.
   L'impérialisme a retiré son soutien au dictateur – et non au régime lui-même – seulement quand il s'est rendu compte que, suite à la lutte armée du peuple syrien, le maintien de ce soutien devenait impraticable du point de vue des principaux intérêts étasuniens en ce moment : stabiliser le pays et vaincre la révolution dans toute la région.
   Cependant, la position de l'impérialisme en faveur de la sortie de Bachar Al Assad ne signifie pas qu'il a abandonné la politique d'une négociation de sortie entre le régime et les secteurs pro-impérialistes de l'opposition, comme le Conseil national syrien (CNS), dans la mesure du possible.
   Dans ce contexte, les Etats unis – confrontés à une situation de guerre civile qui déstabilise la région et se prolonge sans issue à court terme, et au refus de négocier de la dictature d'Assad – tentent d'intervenir pour vaincre la révolution et pour assurer leur domination, éventuellement sans Bachar.
   Le but n'est donc pas de « libérer » le peuple syrien, mais d'essayer de devenir le nouveau maître et d'imposer une domination coloniale, à l'instar de ce qu'ils ont fait dans de nombreux autres pays.
   L'impérialisme cherche un contrôle direct. Il s'y met pour essayer d'empêcher que ce soit le peuple syrien ou les rebelles qui – après avoir dirigé la lutte au prix de beaucoup de douleur, de sueur et de sang de ses martyrs – gouvernent après la défaite du tyran.
   Il exigera le désarmement de tous les révolutionnaires, pour que ce soit lui – ou ses marionnettes, qui ne manquent pas, ni ne manqueront – le détenteur du monopole militaire, afin d'essayer de « stabiliser » le pays dans le sens de ses intérêts. Mais rien n'indique qu'il lui sera facile de réaliser ces plans. Il le cherche toujours en vain en Libye, par exemple. Car une grande révolution est en cours en Syrie et dans toute la région.

Pourquoi une éventuelle intervention ?

Pour comprendre pourquoi l'impérialisme militaire interviendrait maintenant, alors qu'il a évité de le faire durant presque tout le conflit, il faut analyser la situation militaire en Syrie.
   Ces derniers mois, le régime a remporté d'importants succès militaires, reprenant des positions stratégiques tombées en en mains des rebelles. Mais ces victoires étaient dues principalement à la supériorité en armements et à l'assistance matérielle externe reçue du Hezbollah, de l'Iran et de la Russie. Sans cette supériorité militaire et cette aide étrangère, ces avancées auraient très difficilement eu lieu.
   La difficulté évidente pour le régime de réaliser des opérations terrestres de grande envergure avec ses propres troupes en est la preuve. Ces troupes n'ont pas le moral qu'ont les rebelles. C'est pourquoi le régime fait appel systématiquement à des encerclements, soutenus par des frappes aériennes ou le lancement de missiles, qui ne nécessitent pas un combat direct. Des rapports font état des multiples difficultés du régime, qui doit faire appel à une intense répression interne pour empêcher les défections massives de ses soldats et ses officiers.
   Cela explique pourquoi les différentes forces de la résistance continuent à contrôler une partie importante du territoire de ce pays, malgré les dernières avancées d'Assad sur la frontière avec le Liban ou à Homs. L'Armée syrienne libre (ASL) contrôle toujours des quartiers entiers de la périphérie de la capitale elle-même, Damas, malgré la contre-offensive au cours des derniers mois, qui lui a coûté d'énormes pertes en vies humaines et en matériel.
   Autrement dit, malgré les victoires militaires, le régime n'est pas capable d'écraser définitivement la révolution, même pas à Damas. Il en est de même dans les autres grandes villes, comme Alep, où les rebelles ont récemment pris l'une des principales bases aériennes du régime.
   C'est cette situation – de victoires tactiques, mais dans le cadre d'une perspective décourageante, à long terme – qui a poussé la dictature à déchaîner un bombardement systématique et dévastateur sur la banlieue de Damas, y compris en ayant recours à son arsenal chimique à une échelle jamais utilisée jusque-là, comme en témoignent les plaintes. Son but, avec cette escalade d'attaques, y compris avec des gaz toxiques, ne peut pas être autre chose que l'extermination : extirper les rebelles de Damas et instiller la terreur la plus complète dans la population.
   Face à cette dynamique aux conséquences imprévisibles, l'impérialisme tente de résoudre à sa faveur une situation marquée par une guerre civile embourbée, qui s'éternise déjà pendant deux ans dans une région stratégique.
   Il interviendra pour affirmer une présence militaire dans la région et pour imposer une négociation avec Al Assad en vue d'une « transition » qui tendrait à stabiliser le pays et la région, une condition importante pour continuer le pillage impérialiste. Si la négociation n'est pas possible, l'impérialisme essayera d'imposer un nouveau gouvernement, sans Assad, sous son contrôle direct.
   Le castro-chavisme utilise les menaces de l'intervention impérialiste pour justifier encore davantage son soutien infâme au dictateur génocidaire de la Syrie, tout comme il a soutenu le sanguinaire Kadhafi, en affirmant que, si l'impérialisme attaque, c'est parce qu'Al Assad serait un « leader anti-impérialiste et antisioniste ». Il lance déjà un appel aux peuples et à la gauche, pour soutenir Al Assad et pour s'unir à lui, étant donné son rôle présumé dans la « résistance » à l'impérialisme.
   Mais la réalité dément ce discours castro-chaviste. Le régime du clan Assad n'a rien d'« anti-impérialiste ». Il a joué un rôle important dans le cadre de la domination sioniste et impérialiste dans la région, en particulier ces dernières années, en appliquant soigneusement les politiques néolibérales du FMI et en garantissant les frontières de l'Etat nazi-sioniste d'Israël, contre lequel il n'a tiré ni une balle pendant 40 ans, tout en massacrant son propre peuple.
   Selon le conte de fées raconté par le castro-chavisme, Assad serait également un opposant radical à Israël et un protecteur des Palestiniens. Mais la réalité est qu'au cours de la guerre civile, il faut compter, parmi tous les crimes contre l'humanité qu'Al Assad a commis, le bombardement systématique des camps de réfugiés palestiniens, lorsqu'un secteur d'entre eux est passé à l'opposition. C'est le cas de Yarmouk à Damas, aujourd'hui assiégé et empêché ainsi de recevoir de la nourriture et des médicaments.
   Nous sommes totalement contre l'intervention impérialiste, mais cela ne peut pas nous conduire à soutenir la dictature sanguinaire d'Al Assad, qui massacre son peuple sans état d'âme, un peuple qui lutte vigoureusement pour mettre fin à son régime. Avec ce soutien, le castro-chavisme est devenu le complice des crimes horribles de ces dictateurs.
   La classe travailleuse et les peuples du monde doivent se ranger plus que jamais du côté de la révolution syrienne, contre la dictature d'Assad, et en même temps répudier l'intervention de l'impérialisme dans ce pays.
   Dans les pays impérialistes, il est nécessaire de démonter la campagne pour justifier l'intervention militaire. Nous devons nous mobiliser contre les gouvernements qui préparent les plans d'intervention armée. Nous devons dénoncer une éventuelle intervention, même si l'on essaye de lui donner une couverture « humanitaire » contre les massacres horribles d'Al Assad, car son véritable objectif est d'imposer de nouveaux maîtres au peuple syrien.
   L'issue est tout autre : un soutien total aux rebelles. Cela signifie l'envoi – immédiatement et sans conditions – d'armes lourdes et de toutes sortes de fournitures, telles que des médicaments et du matériel, pour la résistance syrienne, ainsi que l'ouverture des frontières des différents pays pour le passage de cette aide et des combattants qui sont prêts à se battre contre Assad.
   Dans le même temps, nous devons exiger, dans tous les pays, la rupture immédiate des relations diplomatiques et commerciales avec la dictature syrienne.

Le 30 août 2013
Ligue Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale

A bas Al Assad ! Non à l'intervention impérialiste !
Mobilisons-nous dans tous les pays pour soutenir la révolution syrienne,
contre les plans d'invasion impérialistes.
Exigeons la rupture des relations diplomatiques et commerciales avec la dictature syrienne !
Que les gouvernements du monde entier envoient des armes et des médicaments aux rebelles syriens !
Pour le triomphe de la révolution syrienne !