NON aux bombardements impérialistes !
Pour la défaite d'Al Assad et du « califat » islamique !
Moins de deux semaines après l'avoir annoncé, le président Obama a ordonné le début des bombardements étasuniens sur le sol syrien, une extension de l'opération militaire qui a commencé en Irak au début du mois d'août. Selon le Commandement central des Etats-Unis, l'attaque vise « les combattants, les centres d'entraînement, les quartiers généraux, les installations de commandement et de contrôle, les entrepôts, les centres financiers, les camions de ravitaillement et les véhicules militaires » de l'Etat islamique (EI) et du groupe Khorasan.[1]
La Belgique complice !
Le 26 septembre dernier, le Parlement a voté l'envoi par la Belgique de six F16 en Irak, approuvant par-là le ralliement du pays à la coalition internationale formée autour des Etats-Unis.
Les seuls à avoir voté contre sont les deux élus du PTB.
Nous saluons cette opposition, car nous pensons, comme nous le disons dans la déclaration, que les Etats-Unis interviennent en Syrie et en Irak non pas pour faire avancer la révolution syrienne, mais au contraire pour y mettre un terme et reprendre le contrôle de la région dans une perspective coloniale, et non libératrice. Toutefois, nous ne soutenons pas leur proposition d'une intervention militaire basée sur un « partenariat régional soutenu par l'ONU » et nous partageons, en ce sens, la position de la LCR avancée dans sa déclaration sur le vote des élus du PTB.
La coalition dirigée par les Etats-Unis a déjà commencé, dans les faits, le rapprochement avec le gouvernement d'Al Assad. Et le fait de revendiquer un partenariat régional suppose d'en appeler à une prise en compte politique d'un gouvernement qui réprime son peuple en lutte à coup de bombes et de massacres depuis trois ans. L'ONU, pour sa part, n'a jamais défendu les peuples en lutte, mais contribue à maintenir « la paix », c'est-à-dire un « ordre » mondial en faveur des intérêts capitalistes.
Nous appelons le PTB et la LCR, et toutes les forces anti-impérialistes, à mobiliser et à faire descendre dans la rue cette opposition à l'intervention belge en Syrie et en Irak.
Il s'agit de combattre l'EI et le gouvernement d'Al Assad ; exigeons au gouvernement belge l'envoi d'armes produites à la FN d'Herstal aux milices qui les combattent sur le terrain !
L'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH) a rapporté qu'il y a eu une vingtaine d'attaques étasuniennes dans les provinces syriennes d'Al Raqqa (le bastion principal de l'EI), de Deir ez-Zor, d'Al Hasakah et d'Alep, et qu'elles ont touché également des positions du Front Al Nusra, une filiale d'Al-Qaïda dans ce pays, dans la ville d'Abou Kamal, près de la frontière irakienne. Les avions de la « coalition » ont bombardé également, en plus des bases militaires, plus de dix raffineries qui, selon les experts, génèrent deux à trois millions de dollars par jour pour l'EI.
La même source a évalué partiellement le nombre de morts à au moins 70 militants de l'EI et 50 du Front Al Nusra. Ce comptage est toutefois encore incertain et le nombre pourrait être bien plus élevé.
Nous avons déjà expliqué qu'en tant que LIT-QI, nous rejetons catégoriquement cette agression impérialiste, non seulement contre la souveraineté syrienne, mais surtout contre la révolution populaire contre le régime génocidaire de Bachar Al Assad qui a lieu dans ce pays depuis 2011.
Nous réaffirmons que les véritables intentions d'Obama ne sont ni « humanitaires » ni « démocratiques ». L'impérialisme profite de la « justification » donnée par les atrocités commises par l'EI et amplement médiatisées, mais son principal objectif est bel et bien la reprise du contrôle sur l'ensemble de la région du Moyen-Orient. Ce n'est pas un hasard si, dans ce sens, tous ses efforts sont concentrés sur l'Irak et la Syrie. Le premier pays a été le théâtre d'une défaite militaire historique, lorsque les Etats-Unis ont dû se retirer sans gloire après une occupation directe de plus de huit ans. Le second est toujours le fer de lance de l'ensemble du processus révolutionnaire qui se poursuit, avec des inégalités, à travers toute la région.
Le régime syrien collabore directement avec les Etats-Unis et est devenu complice des bombardements impérialistes sur son propre pays, mettant la souveraineté syrienne aux enchères, en échange de sa permanence au pouvoir.
Cela montre, d'une part, l'hypocrisie des Etats-Unis, qui dénonçaient le dictateur syrien comme « assassin » et s'allient maintenant avec lui. D'autre part, les mensonges du régime d'Al Assad, qui essayait toujours de figurer comme « anti-impérialiste », sont mis à nu, et ce régime collabore maintenant avec l'impérialisme pour mettre fin à la révolution qui le menace.
Al Assad et l'impérialisme en étroite collaboration
Les Etats-Unis sont finalement intervenus sur place dans la guerre civile syrienne. Et là, cela se complique. Ils ne sont pas en mesure de mettre leurs propres « bottes sur le terrain ».[4] Et Obama est donc à la recherche de la formule pour « externaliser » le combat direct contre l'EI, car il est clair qu'il ne sera pas possible d'éliminer cet ennemi, ou n'importe quel autre, uniquement à partir de l'air.Les limites de l'intervention sont telles que celle-ci ne va pas au-delà d'un « confinement » de l'EI. Quelle est l'infanterie qui occupera les territoires contrôlés actuellement par l'EI ? L'armée syrienne ? Al Assad est en train de concentrer ses troupes (très affaiblis par plus de trois ans de combats) pour reprendre le contrôle d'autres points importants, comme Alep et la capitale elle-même, Damas. L'armée régulière irakienne ? Il est très peu probable qu'une « invasion » irakienne en Syrie puisse se faire sans aiguiser au maximum toutes les tensions. Les troupes kurdes ? Celles-ci peinent à contenir l'EI sur leur propre territoire en Irak.
Selon la CIA, l'EI dispose de 31 000 soldats. L'OSDH les évalue à plus de 50 000. Et selon l'ONU, dans les rangs des « miliciens en noir », il y aurait 15 000 combattants étrangers de plus de 80 pays, dont deux à trois mille sont des Européens ou des Etasuniens.
La réalité est donc que les Etats-Unis sont engagés encore une fois dans un conflit armé à issue incertaine, à tel point que Barack Obama lui-même doit abandonner un peu les discours du genre de « celui qui menace l'Amérique ne trouvera pas refuge », et qu'il a dû admettre devant le Congrès de son pays qu'il est « impossible de connaître la durée de ces déploiements et opérations ».
L'impérialisme est confronté à des limitations politiques dans son propre pays et à la complexité de la scène politique au Moyen-Orient, ce qui fait qu'il avance comme un taureau dans un magasin de porcelaine, tissant des alliances qui le mettent mal à l'aise. La nécessité de soutenir l'offensive de l'armée irakienne contre l'EI, même lorsqu'elle s'avère être très faible, mène les Etats-Unis à défendre le gouvernement de ce pays et les place dans le même camp que celui de l'Iran et des milices chiites irakiennes, qui à leur tour se méfient de l'intervention de l'Arabie Saoudite et du Qatar dans le conflit ; et vice versa.
Dans le même temps, Obama a besoin de s'appuyer sur la force militaire « sur le terrain » du Kurdistan irakien, mais sans encourager les initiatives visant à l'indépendance de la nation kurde. Compliqué.
Et entre-temps, l'offensive aérienne actuelle contre la Syrie se fait sur la base d'un front commun entre les Etats-Unis et le régime syrien. Les frictions et les affrontements précédents limités, que la gauche stalinienne utilisait pour galvaniser le soutien au dictateur, se muent maintenant en unité. Tels sont les faits. Le tyran Al Assad est en train de permettre les bombardements étasuniens contre son propre pays.
Al Assad, très intéressé à être vu de nouveau comme un « acteur majeur » dans la « communauté internationale », offre depuis belle lurette ses « services » à l'impérialisme pour fournir « tout type d'effort international dans la lutte contre le terrorisme ».
A la fin du mois d'août, le ministre des Affaires étrangères de Damas, Walid Al Mouallem, a également déclaré que la Syrie était prête à « collaborer avec les pays de la région » et qu'elle permettrait des frappes aériennes sur le pays, sous la condition qu'une telle action soit « coordonnée avec son gouvernement ».
Cette « coordination » s'est avérée exacte. Quand les bombardements ont commencé, le ministre de la Réconciliation nationale du régime syrien, Ali Haidar, déclara que les attaques des Etats-Unis vont dans le bon sens. « En ce qui concerne les attaques en Syrie, je pense que ce qui s'est passé jusqu'à présent est un processus qui va dans la bonne direction, puisque le gouvernement syrien en est informé et qu'elles ne visent pas les installations militaires syriennes ni les civils. »[5] Il a également confirmé « que le gouvernement syrien avait été mis au courant et qu'il avait été assuré que les installations militaires syriennes ne seraient pas attaquées, ni les cibles civiles ».[6]
Ces faits de la réalité contredisent toute l'argumentation de la majorité de la gauche, en particulier celle liée au castro-chavisme, qui a toujours soutenu le tyran Al Assad, le présentant comme un prétendu « leader anti-impérialiste ». Les gouvernements cubain, vénézuélien, nicaraguayen et bolivien, ainsi que toutes les organisations castristes et « bolivariennes », que diront-ils maintenant face à cette alliance entre Al-Assad et le gouvernement Obama pour bombarder le territoire syrien ? Les « alliés de l'impérialisme », qui sont-ils maintenant ?
Aucune confiance dans l'impérialisme !
Il est possible que, dans le contexte de plus de trois ans d'une lutte terrible et inégale soutenue héroïquement tant contre le pouvoir militaire du régime syrien que contre les bandes de l'EI, beaucoup de combattants rebelles antidictatoriaux voient les actuelles attaques étasuniennes comme une « aide » pour que « la révolution triomphe ». C'est d'ailleurs ce que disent les dirigeants du Conseil National syrien : « Cela nous rendra plus forts dans la lutte contre Al Assad. »[7]Dans le cadre de notre total soutien à la lutte des rebelles syriens, nous affirmons qu'aucune intervention impérialiste n'aboutit, ni n'aboutira, à ce résultat.
Bien qu'Obama manifeste de manière rhétorique son « opposition » au régime syrien, son objectif, comme nous l'expliquons, n'est pas de renverser Al Assad. Au contraire, ils sont maintenant des alliés. Bien que le président étasunien affronte l’Etat islamique, qui est un autre ennemi de la révolution syrienne, son but est, en fin de compte, d'instaurer une dictature aussi sinistre que celle imposée par Al Assad ou par le « Califat » islamique : une dictature coloniale. L'impérialisme intervient toujours avec des critères coloniaux, dans le sens de prendre ou de renforcer le contrôle économique et politique des pays qu'il agresse. Il ne le fait jamais en faveur des peuples.
Si l'impérialisme avait voulu appuyer la révolution syrienne, il y a longtemps qu'il aurait fourni, sans condition, les armes lourdes et la technologie militaire dont les milices rebelles ont besoin pour affronter la dictature d'Al Assad et l'EI. Mais telle n'est pas son intention. Obama lui-même, répondant récemment aux critiques de son ancienne collaboratrice, Hilary Clinton, a rejeté l'idée d'armer massivement l'opposition syrienne : « Cette idée, selon laquelle nous aurions pu fournir des armes légères, voir sophistiquées, à une opposition fondamentalement composée par d'anciens médecins, des paysans, des pharmaciens et des gens de ce type (…), a toujours été inconcevable ». La position impérialiste est claire : il est inacceptable d'armer une révolution composée et appuyée par d'amples secteurs populaires.
En ce sens, l'actuelle proposition d'Obama, approuvée également par une courte majorité au Congrès étasunien – et qui consiste à armer près de cinq milles rebelles en Arabie saoudite, en y destinant 500 millions de dollars – serait, si elle se concrétise, un moyen extrêmement limité et soumis au contrôle des Etats-Unis.
Il est clair, à notre avis, que dans le cadre de la guerre civile, il est nécessaire et complètement juste que les rebelles acceptent les armes de n'importe quel gouvernement, même si ces dernières sont envoyées au compte-gouttes. Mais cela ne peut pas se traduire en une confiance politique.
Notre proposition est de maintenir l'indépendance politique et d'exiger un armement, pour toutes les brigades qui combattent le régime de Damas et le « Califat » islamique et qui comptent ensemble des dizaines de milliers de combattants. En outre, tout l'armement doit être sous le contrôle exclusif de ces bataillons, sans qu'il y ait la moindre espèce de conditions politiques.
Entourer la révolution syrienne de solidarité !
Vaincre la dictature d'Al Assad et les troupes du « Califat » islamique est une nécessité vitale pour la révolution syrienne.Le clan Assad opprime le pays depuis plus de 40 ans et mène un génocide contre son propre peuple, en s’alliant aujourd'hui à l’impérialisme.
L'EI promeut, comme nous l'avons expliqué, une sinistre dictature théocratique sur un tiers de la Syrie et de l'Irak. Il s'agit d'un projet contre révolutionnaire en règle qui, à l'instar du régime syrien, se base sur l'écrasement physique de tout le mouvement ouvrier et de masses ; à commencer par les brigades antidictatoriales et les comités locaux qui luttent en Syrie contre la dictature d'Al Assad.
La propagande impérialiste tente de faire croire qu'il s'agit d'une lutte entre la « démocratie » et la « barbarie » de l'EI et de la dictature syrienne. Il est évident que le « Califat » islamique et Al Assad représentent la barbarie. Le mensonge consiste à dire que les Etats-Unis sont l'emblème de la « démocratie ». Car en matière de génocides et d'atrocités, personne ne surpasse les Etats-Unis au Moyen-Orient, où, depuis des décennies, ils animent des guerres et soumettent ces peuples au plus sévère des pillages.
Par conséquent, il est fondamental que toute la gauche et les organisations démocratiques rejettent les bombardements impérialistes en Irak et en Syrie, dans le cadre d'une large campagne anti-impérialiste qui dénonce cette nouvelle agression aux peuples du Moyen-Orient.
En même temps que nous rejetons les bombardements d'Obama, nous ne cessons pas, en tant que révolutionnaires, de combattre au côté des rebelles syriens et kurdes contre la dictature syrienne et contre la dictature théocratique de l'EI.
Du point de vue militaire, une solide unité entre combattants syriens et kurdes – qu'ils soient irakiens, turques, iraniens ou de la Syrie même – est fondamentale, en plus de la centralisation de toutes les milices antidictatoriales en un commandement unique et appuyé par le réseau des comités locaux.
Au cours des derniers jours, par exemple, entre 2000 et 4000 combattants kurdes turcs ont passé la frontière vers la Syrie pour s'unir aux Unités de Protection Populaire (YPG en kurde), qui défendent la ville kurde de Kobane (la troisième ville à majorité kurde en Syrie) des agressions de l'EI. Il y a aussi des cas de combattants kurdes irakiens qui sont allés en Syrie avec le même objectif. La lutte contre le « Califat » islamique unifie toute la nation kurde !
La brutale offensive du « Califat » contre les zones kurdes dans le nord-est de la Syrie a déplacé ces derniers jours plus de 140 000 Kurdes syriens vers la Turquie, à la recherche d'un refuge. Ils décrivent la mise à feu de leurs villages et les centaines d'assassinats de civils aux mains de l'EI. Les rebelles syriens et les combattants kurdes doivent unir leurs forces contre l'EI et la dictature d'Al Assad !
Pour cela, il est fondamental que les directions politiques et militaires de la résistance syrienne reconnaissent inconditionnellement le droit à l'autodétermination nationale de toute la nation kurde.
La campagne d'appui inconditionnel à la cause de la révolution syrienne doit plus que jamais être intensifiée, en exigeant de tous les gouvernements la rupture des relations commerciales et diplomatiques avec la dictature d'Al Assad, de même que l'envoi inconditionnel d'armes lourdes (avions de combat, blindés, artillerie antiaérienne), de médicaments et de n'importe quel type d'aide humanitaire aux combattants syriens et kurdes.
Dans le cadre de cette campagne, qui implique une large unité d'action (politique et militaire), les révolutionnaires continueront à combattre les directions patronales et traîtres en Syrie, en défendant un programme qui commence par la victoire militaire des rebelles et se développe jusqu'à la prise du pouvoir par la classe ouvrière et la construction du socialisme en Syrie et dans tout le Moyen-Orient.
Pour lutter pour ce programme, notre proposition continue d'être la construction d'un parti révolutionnaire et internationaliste.
Secrétariat international de la LIT-QI
le 25 septembre 2014
[1] Une organisation affiliée à Al-Qaïda qui, selon la Maison Blanche, serait en train de préparer un attentat imminent en Europe ou aux Etats-Unis.
[2] L'Arabie saoudite et les Emirats disposent d'une armée de l'air moderne. L'Arabie saoudite a des chasseurs-bombardiers F15 étasuniens et des Eurofighters, et les Emirats ont des Mirages français et des F16 étasuniens.
[3] Les missiles Tomahawk ont une portée entre 1 600 et 1 800 km.
[4] Récemment, Obama a encore une fois promis, à une audience au siège du Commandement central à Tampa (Floride), que « les forces étasuniennes déployées en Irak n'ont pas – et n'auront pas – une mission de combat ».
[5] www.europapress.es/internacional/noticia-regimen-sirio-asegura-ataques-aereos-eeuu-van-buena-direccion-20140924153929.html
[6] Ibidem
[7] www.europapress.es/internacional/noticia-coalicion-nacional-siria-cree-bombardeos-les-haran-mas-fuertes-combatir-assad-20140923110836.html