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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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25 octobre 2014
Daniel Sugasti*

Des armes pour les kurdes de Kobané !

Kobané, la troisième ville kurde de Syrie, vit ses heures les plus dramatiques. Cela fait des semaines que cette localité située à la frontière avec la Turquie est assiégée par les bandes brutales de l’Etat Islamique (E.I.), qui attaque par le sud-ouest avec de l’artillerie lourde et des véhicules blindés.


   Les milices kurdes, appelées Unités de Protection populaire (YPG) et liées au Parti de l’Union démocratique (PYD), résistent avec des armes légères. Dans la partie Est de la ville, les combats sont au corps à corps.
   L’offensive de l’E.I. s’est intensifiée ces derniers jours, en raison de l’importance pour eux d’ouvrir une voie vers la frontière turque. A ce jour, l’avancée des djihadistes est alarmante et certains medias parlent même de la chute imminente de Kobané. Dans certains édifices de la zone Est de la ville, l’E.I. a hissé son caractéristique drapeau noir. « Ils sont à quelques 50 mètres dans le sud-ouest de la ville », informait ce mardi l’Observatoire Syrien des Droits Humains.
   D’une part, le siège mené par l’E.I. a provoqué la fuite de plus de 160.000 civils kurdes vers la frontière turque. D’autre part, des unités du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), principale force politico-militaire kurde en Turquie, ont croisé la frontière vers la Syrie pour défendre Kobané. D’autres se dirigent vers l’Irak, où un tiers du territoire est aux mains du « Califat » islamique, proclamé par l’E.I. en juin passé. La lutte contre l’E.I. unifie la nation kurde !
   Les bombardements de la « coalition internationale », dirigée par les Etats-Unis, ont réalisé une série d’attaques aux alentours de Kobané, mais sans réussir à freiner réellement l’avancée de l’E.I.
    C’est comme si l’impérialisme était en train de « laisser courir » l’avancée de l’E.I. et le massacre des kurdes. L’aggravation de la situation à la frontière avec la Syrie pourrait forcer le gouvernement d’Ankara à s’engager plus directement dans les actions militaires dirigées par les Etats Unis. En même temps, du point de vue de Washington, une défaite des kurdes syriens, qui combattent Al Assad et maintiennent leur volonté indépendantiste, ne serait pas un grand problème. 
   Il y a quelques jours, le Parlement turc a approuvé une résolution qui autoriserait son armée à combattre l’E.I. en Syrie et en Irak. Mais en ce moment, il est peu probable que cela soit effectif. Plus concrètement, les Etats-Unis sont en train de faire pression sur le gouvernement turc pour recevoir un appui plus concret dans l’actuelle « guerre contre la terreur » qu’Obama a lancée avec certaines limitations.
   Au sein de ce nœud complexe d’intérêts et d’alliances des différentes forces militaires en Syrie et Irak, la guerre commencée par les Kurdes tout comme celle des rebelles syriens, est une guerre juste.. C’est une guerre qui mérite l’appui total et inconditionnel des révolutionnaires. C’est « notre » guerre.
   Les milices kurdes en Syrie combattent, avec les rebelles syriens d’origine arabe, contre la dictature génocidaire d’Al Assad. Elles revendiquent, en même temps, leur droit légitime à l’autodétermination nationale, c'est-à-dire à la formation d’un Etat indépendant kurde.

Il est urgent d’exiger l’envoi inconditionnel d’armes lourdes et de technologie militaire aux milices kurdes et aux rebelles syriens ! Des armes pour défendre Kobané !

Tant l’impérialisme que le gouvernement turc de Erdogan refusent de donner des armes aux milices kurdes en Syrie, surtout parce qu’ils sont tous deux opposés à l’indépendance du peuple kurde. Dans le cadre de la lutte pour la victoire militaire des rebelles syriens contre Al Assad, en défense du territoire et pour l’indépendance de la nation kurde, en tant que révolutionnaires, nous combattons les directions bourgeoises des kurdes. Ces dernières rejettent et fragmentent la cause de l’autodétermination de toute la nation kurde, disséminée actuellement dans les territoires de Turquie, d’Irak, de Syrie et d’Iran, car cela implique d’affronter les classes dominantes de ces quatre pays. La bourgeoisie kurde – dans chacun de ces pays – est lâche et sera toujours inconséquente, même dans la lutte pour la consigne démocratique de l’autodétermination de son peuple.
   En même temps, il est nécessaire de combattre la position des directions bourgeoises de la résistance syrienne, qui refusent de reconnaître le droit à l’indépendance du peuple kurde, ce qui finit par affaiblir la lutte commune contre la dictature d’Al Assad et contre l’E.I.
   La solution progressiste passe par l’unité militaire entre les brigades des rebelles syriens et les milices kurdes, pour en finir avec la dictature d’Al Assad et les fondamentalistes de l’E.I., dans le cadre d’une opposition ferme à l’actuelle intervention impérialiste. Dans le cadre de cette ample unité d’action démocratique et anti-impérialiste, les révolutionnaires défendent la nécessité de construire un parti de la classe des travailleurs, qui mette en avant la stratégie de la révolution socialiste dans la région.
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* Membre du PSTU-A, la section argentine de la LIT-QI. Voir www.pstu.com.ar/armas-para-los-kurdos-de-Kobané