14 avril 2018
Secrétariat international de la LIT-QI
Nous rejetons le bombardement impérialiste en Syrie !
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition avec la France et le Royaume-Uni. La portée de l'attaque était limitée, presque symbolique.
Le Pentagone l'a présentée comme une « frappe de précision », circonscrite à trois bases militaires et à des centres de recherche et de production d'armes chimiques du régime syrien aux alentours de Damas et de Homs.
Une centaine de missiles de croisière Tomahawk ont été tirés de navires et d'avions de combat contre des cibles très spécifiques. Jusqu'à présent, il n'y a pas d'information précise concernant des victimes civiles ou militaires. La dictature syrienne, qui avait plusieurs jours pour se préparer à une éventuelle attaque, a mentionné trois blessés à Homs.
Le LIT-QI rejette fermement l'attaque impérialiste contre la Syrie. Alors que l'excuse de Trump et de ses alliés européens était la nécessité de donner une leçon au dictateur syrien après l'attaque chimique atroce à Douma, le bombardement « occidental » n'a rien d'« humanitaire ».
L'attaque est faite contre un pays opprimé et contre un peuple qui est le protagoniste d'un processus révolutionnaire. Et elle est loin de prétendre renverser un Bachar Al-Assad sanguinaire par la force, comme disent les Castro-Chavistes.
Non. L'objectif politique des missiles est de montrer de la force et de la décision pour négocier dans de meilleures conditions une formule qui liquiderait la révolution et garantirait plus de stabilité aux entreprises impérialistes, avec ou sans Assad. Le Pentagone lui-même a déclaré qu'il n'avait pas l'intention d'intervenir dans la guerre civile et que son objectif principal restait l'Etat islamique.
Ce fut une attaque brève et chirurgicale. Ils n'ont attaqué ni Tartous ni Lattaquié, ni les principaux centres politiques et militaires au centre de Damas. Cela ne change pas le cours de la guerre et ne met pas en péril le contrôle des deux tiers du pays par le régime syrien. Ce que les Etats-Unis veulent, c'est envoyer un message, interne et externe, qu'ils « n'hésiteront pas », à l'heure de faire respecter les « lignes rouges ». En se montrant « plus fort », ils peuvent mieux se positionner sur le chemin d'une « solution diplomatique » qui inclut Assad lui-même et son parrain, Poutine. Trump a déclaré le soir devant le Congrès : « Notre objectif est de parvenir à une forte dissuasion. » Et quelques heures plus tard, il a annoncé : « mission accomplie ».
Tel était l'objectif, en rien « humanitaire », du bombardement. Il n'y a pas d'interventions impérialistes « humanitaires ». Les Etats-Unis et toutes les autres puissances mondiales ont refusé de remettre des armes lourdes à l'opposition syrienne et ont ainsi laissé courir le massacre accompli par le régime syrien, une barbarie estimée à un demi-million de morts et dix millions de déplacés.
Le régime syrien lui-même a affirmé, au moment de condamner l'attaque, que son infrastructure militaire n'avait pas été sérieusement endommagée et qu'il va redoubler sa lutte « contre le terrorisme ».
La grande question est de savoir ce que feront la Russie et l'Iran, piliers de la dictature syrienne. La diplomatie russe avait prévenu qu'il y avait un « risque de guerre » si les Etats-Unis intervenaient en Syrie. Eh bien, une « guerre » est hautement improbable. Poutine a évidemment condamné l'attaque. Son argument est que l'attaque chimique à Douma n'est qu'un « montage » des factions rebelles. Il a accusé Washington de « jouer le jeu » des terroristes et « d'aggraver la catastrophe humanitaire » en Syrie. Mais il n'a pas annoncé de représailles. Qui plus est, il a noté avec soulagement le confinement de l'attaque américaine, qui a évité soigneusement d'affecter une base ou une zone protégée par des défenses antiaériennes russes, défenses qui d'ailleurs n'ont pas été activées. Certains spécialistes affirment que les Russes ont été prévenus de l'attaque, bien que cette version soit manifestement démentie par les Etats-Unis.
Le régime des Ayatollahs est allé dans le même sens : rejet des bombardements et solidarité avec Assad contre les « menaces étrangères » qui favoriseraient le « terrorisme ».
La multiplicité des acteurs et des intérêts en Syrie rend l'analyse difficile. Surtout alors que la majorité de la gauche, stalinienne et castriste, s'est alignée sans pudeur sur le dictateur sanguinaire Al-Assad contre le peuple syrien. Une autre partie de la « gauche », plus liée à la social-démocratie et au néo-réformisme européen, est tombée dans le piège du pacifisme et a rejoint le chœur « humanitaire » hypocrite de l'impérialisme.
Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'en Syrie, un processus révolutionnaire est en cours depuis sept ans. Ce processus passe peut-être actuellement par son moment le plus dramatique et difficile, mais il n'est pas vaincu. Le peuple syrien, soumis à toutes sortes d'atrocités et de souffrances, continue de résister. Il y a des milices et des comités locaux qui manifestent et qui continuent de se battre, malgré la politique de conciliation des principales directions bourgeoises rebelles qui capitulent complètement à l'impérialisme, qu'elles soient « laïques » ou « islamistes ».
Cependant, tant le régime syrien – qui ne se maintient que grâce à Poutine et ses alliés – que l'impérialisme sont loin de reprendre le contrôle et de retrouver la stabilité d'avant 2011.
Face à cette révolution, il existe deux grands blocs contre-révolutionnaires : la bande Assad-Poutine-Iran-Hezbollah, qui est prêt à tout pour rester au pouvoir et noyer la révolution dans le sang ; et la bande impérialiste des EE.UU.-France-Royaume-Uni-ONU. Les deux forces, bien qu'elles justifient leurs crimes au nom du « peuple syrien », sont génocidaires. Ce sont des bourreaux du peuple et de la révolution. En Syrie et dans le reste du monde, la lutte doit être menée contre les deux blocs ennemis du peuple syrien. C'est pourquoi, en tant que LIT-QI, nous rejetons les attaques de Trump-Macron-May, en même temps que nous affirmons qu'Al-Assad doit avoir le même sort que Kadhafi.
Nous sommes inconditionnellement avec la révolution syrienne. Il faut concrétiser toute action de solidarité et de soutien à cette cause. Il est nécessaire d'organiser des manifestations, d'organiser l'acheminement de l'aide humanitaire et d'exiger que chaque gouvernement fournisse, sans conditions, des armes lourdes et une technologie militaire aux rebelles afin qu'ils puissent se défendre contre les attaques génocidaires d'Assad. La révolution syrienne doit triompher.