Un coup dur pour le gouvernement chaviste
Nicolas Maduro a gagné les élections du 14 avril avec un score de 50,78 % (7 575 506 voix), contre Enrique Capriles qui a remporté 48,95 % (7 302 641 voix). Ce triomphe avec une différence de seulement 1,83 % (272 865 voix), au-delà du fait que c'est une victoire électorale, représente un revers politique important pour le chavisme, qui a perdu, entre octobre 2012 et avril 2013, 615 626 voix capitalisées par Capriles.
Cela signifie donc un progrès considérable de l'opposition de droite, qui s'est même permis de ne pas reconnaître le résultat « avant que toutes les voix ne soient recomptées ».
L'UST, qui a appelé à voter nul, rejette ce refus de la droite de reconnaître les résultats des élections. Nous dénonçons, désavouons et rejetons les actions violentes que celle-ci mène contre les locaux et les maisons du PSUV, ainsi que les concerts de casseroles et d'autres initiatives pour agiter la rue et ignorer la volonté populaire. Nous défendons le droit des gens de s'exprimer dans les élections, même si nous ne sommes pas d'accord avec leurs choix... La volonté de la majorité, bien que petite, doit être respectée.
Qu'est-ce qui s'est passé le 14 avril ?
Le progrès incontesté de la droite, un coup dur pour le gouvernement chaviste, ne tombe pas du ciel. En octobre dernier, quand Chávez était candidat, l'opposition avait gagné près de deux millions de voix et Hugo Chávez était resté presque au même niveau que lors des élections précédentes. Ce qui s'annonçait déjà en ce moment, et a été ratifié le 14 avril, c'est que de larges secteurs des travailleurs et des masses populaires sont en rupture avec le gouvernement. Les causes sont bien connues de tous. Ce gouvernement a laissé les travailleurs avec des salaires de misère, sans conventions collectives pendant des années et sans stabilité de l'emploi. Plus de 2 400 dirigeants syndicaux et populaires sont persécutés et poursuivis en justice. L'insécurité frappe les jeunes, les femmes et les secteurs populaires. Il y a pénuries et les produits sont accaparés, et le gouvernement ne prend aucune mesure efficace, au-delà des discours et des actions sans conséquence. L'inflation et la dévaluation absorbent le revenu des travailleurs. Le taux de chômage, le manque de logements et la détérioration des services de base sont des problèmes qui sévissent depuis des années. C'est ainsi que « le candidat de Chávez » a été rejeté par un secteur très important des électeurs de ce dernier.
C'est pourquoi nous disons que le progrès de l'opposition de droite tombe sous l'entière responsabilité de ce gouvernement, ainsi que de la bureaucratie corrompue – qui se promène en 4x4 et jouit de salaires mirobolants et de privilèges... pour apaiser et dévier les revendications – et des « boli-bourgeois » – qui accompagnent le discours « socialiste » avec l'exploitation et les profits capitalistes. Ce n'est pas que les travailleurs ont « viré à droite ». C'est le gouvernement – n'ayant pas répondu de façon efficace aux besoins des travailleurs et du peuple en quatorze ans – qui donne de l'air à la droite et est à l'origine de la situation actuelle. Comme nous l'avons dit en d'autres occasions, c'est sa politique qui a créé les conditions pour le progrès électoral et politique de l'opposition bourgeoise.
Le manque d'une alternative
Le fait est que le programme nationaliste bourgeois du chavisme a atteint sa limite. Il ne suffit pas de résoudre momentanément les problèmes de la faim, de la santé et de l'éducation. Afin de résoudre les problèmes sous-jacents, il faut toucher aux intérêts de l'impérialisme et de son complice, la bourgeoisie nationale. Il faut arrêter de payer la dette. Il faut nationaliser 100 % de l'industrie pétrolière, en mettant fin aux « entreprises mixtes ». Il faut s'en prendre aux intérêts des importateurs, des banques et des multinationales opérant dans le pays, en monopolisant le commerce dans les mains de l'Etat et en nationalisant la banque. Pour faire face à la spéculation et la pénurie, il faut nationaliser – sans indemnisation et sous le contrôle des travailleurs – les entreprises de production et de distribution d'aliments et de produits de première nécessité, ainsi que toute entreprise qui accapare les produits et se consacre à la spéculation. Cela n'a pas été fait, et ce gouvernement ne le fera pas. C'est pourquoi il était nécessaire de mettre en avant une alternative ouvrière et socialiste lors de ces élections. Cette option n'existait pas, parce qu'un secteur de la gauche, le Parti Socialisme et Liberté (le seul qui était légalement en mesure de le faire), a renoncé à mener ce combat. C'est pourquoi les travailleurs ont utilisé, à tort, un bourgeois pour punir ce gouvernement.
Qu'est-ce qui va arriver maintenant ?
Le coup encaissé par le chavisme va sûrement avoir des conséquences qu'il est trop tôt pour mesurer. L'armée nationale a déjà annoncé qu'elle sera « garante de faire respecter le résultat des élections », comme dit le général Barrientos. Tant Nicolas Maduro que le PSUV ont montré, jusqu'à présent, ne pas vouloir répondre aux provocations et aux actions de Capriles et du Bureau d'Unité démocratique (MUD) moyennant une radicalisation ou par des mesures contre la droite. De cette manière, la droite gonfle le torse avec ses mobilisations. Cependant, la mort, les incendies et les agressions ne suffisent pas pour que le gouvernement appelle le peuple à faire valoir ses droits. Les Marchés d'alimentation, les Missions sont défendus par le peuple lui-même tandis que le PSUV et le gouvernement appellent à « la paix ». Le peuple, dépourvu de direction, montre la voie.
Nous, l'UST, nous appelons à défendre chacun des acquis, à ne pas permettre que la droite – profitant du mécontentement généré par tant de négligence – empiète sur les droits des travailleurs et du peuple.
Nous devons nous préparer à nous défendre contre les attaques des patrons, les privés et aussi les publics. Si le gouvernement dénonce les « bourgeois » comme responsable de ce qui se passe, qu'est-ce qu'il attend pour agir contre eux ? Les travailleurs doivent donc exiger des mesures concrètes contre ces « bourgeois » et se battre pour un salaire égal au panier de base, plutôt que l'augmentation dérisoire annoncée par Maduro. Et nous devons aussi nous mobiliser pour les problèmes qui n'ont pas eu de solution pendant des années. Avec les travailleurs mobilisés, nous allons mieux faire face à toute atteinte à nos droits.
Nous, de l'UST, nous continuerons à insister sue la nécessité pour les travailleurs de commencer à construire notre outil politique, indépendant de bureaucrates, des patrons et des militaires, comme la seule issue possible pour construire le socialisme ouvrier, le vrai socialisme.
Union Socialiste des Travailleurs - section vénézuélienne de la LIT-QI