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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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Manif CGT FranceRécemment, le gouverneur de la Banque Nationale, Guy Quaden, a pu conclure que « la crise bancaire est jugulée ».[1]
  Effectivement, les banques s'en sortent bien. BNP-Paribas a fait 5,8 milliards d'euros de bénéfice en 2009, presque le double de celui de 2008, et Fortis y a contribué pour plus de 700 millions. ING-Belgique a dégagé un bénéfice net d'un milliard d'euros en 2009, une augmentation de 56 % par rapport à 2008.
  Des entrepreneurs aussi se frottent les mains. Solvay a engrangé un bénéfice de 516 millions d’euros l’an dernier, en hausse de 27 %. Suite à une demande d’acier à nouveau croissante, Arcelor- Mittal a décidé de relancer la ligne à chaud dans le bassin liégeois. Selon le journal Le Soir, « les analystes tablent sur un rebond de 35 % des bénéfices des entreprises européennes » en 2010.[2] Et les statistiques du PIB belge sont de retour au positif dans les deux derniers trimestres de 2009, après quatre trimestres consécutifs de baisse.
  Les media essayent de nous convaincre que la crise touche à sa fin, qu'il suffit d'avoir encore un peu de patience et que tout sera comme avant. Le principal serait acquis : on a sauvé les banques, qui pourraient donc de nouveau faire tourner les usines, qui feront augmenter l'emploi. Et on devrait tous être contents.
 Le même Quaden prévient toutefois qu'il reste à payer les dettes, que le chômage va continuer à grimper et qu'il faudra faire des sacrifices. Mais cela, c'est pour les travailleurs. « Le budget doit être maîtrisé », c'est à dire qu'il faudra réduire les dépenses sociales. Et « il faut doper la compétitivité des entreprises belges » et donc encore une fois « réduire le coût salarial ».
  Si le milliardaire Mittal relance la ligne à chaud, c'est avec financement de l'argent public et sans création d'emploi net : des salariés de la ligne du froid y seront transférés, sans toutefois être remplacés dans leur ancienne occupation. Le roi de l’acier fera appel à plus de flexibilité, plus de charge de travail (moins de travailleurs par tonne produite), des intérimaires et une sous-traitance accrue. ING dégage des bénéfices... en diminuant son personnel de 310 équivalents temps plein. La décision de Carrefour de licencier plus de 1600 travailleurs n'est qu'une décision en plus dans ce sens ces dernières semaines.
  Un refrain ressassé partout est qu’il faut repousser l'âge de la retraite, sans quoi, le  « retour à la discipline budgétaire » ne sera pas possible. Le gouvernement nous dit que les travailleurs doivent rester plus longtemps au travail, mais c'est un leurre. Personne ne propose une loi pour interdire, par exemple, le licenciement à partir d'un certain âge, et toute la bourgeoisie sait très bien qu'elle n'a pas d'emplois à offrir, au contraire. Ce que Daerden met en place pour servir le Capital, c'est d’obliger les travailleurs de cotiser des années en plus aux fonds de pension, même en étant au chômage, et de retarder de plusieurs années le moment ils touchent leurs bénéfices. C’est une basse voltige pour réduire le salaire indirect des travailleurs dans leur ensemble.
  La ministre « socialiste » Laurette Onkelinx veut même nous faire régresser 60 ans en arrière, avec un « grand pacte social comme dans l’après-guerre ».[3]
  Pour essayer de convaincre la population, on cite les « exigences de l'Europe », telles que formulées lors du traité de Maastricht en 1992 : limiter le déficit public à 3 % du PIB et la dette externe à 60% du PIB. Mais quand il s'agissait de sauver les banques, tous les grands pays européens alléguèrent une force majeure pour laisser s'emballer le déficit et croître la dette. Ce n'est que quand il s'agit de faire payer la crise par les travailleurs que les exigences « de l'Europe » réapparaissent, des exigences pour sauver l'Europe du capital.
  Dernièrement, on nous présente le spectre de la Grèce, un pays qui est passé « hors contrôle » et qui mettrait même la zone euro dans son ensemble en danger. Puis au « danger » c'est ajouté un autre danger : le Portugal. Et d'aucuns évoquent même que « la Belgique risque de devenir dans les prochaines années la "Grèce de la mer du Nord". A savoir : crise noire, effondrement des finances publiques » [4], si on n'est pas sage et si on ne maîtrise pas le budget et la compétitivité des entreprises. La Grèce, le Portugal et la Belgique représentent effectivement des maillons faibles dans l'économie européenne dans le sens où ce sont les pays les plus dépendants des investissements directs étrangers. Ce sont les seuls pays de la zone euro où les étrangers investissent plus que le pays n'investit à l'étranger. Mais de ce fait, précisément, les grands pays comme l'Allemagne ou la France ont tout intérêt à veiller à maintenir en bon état cette Europe des capitalistes, y compris, par exemple, en secourant l'économie grecque, même si elle ne représente de toute façon que 2,7 % du PIB européen. On prétend maintenant que la Grèce « aurait triché dans ses comptes », quand tous les « bons élèves » faisaient leur devoir. Mais cela ne veut pas dire que les vrais tricheurs, les spéculateurs de Goldmann Sachs aux Etats-Unis, vont être punis. C'est la façon pour les banques de faire du profit dans le capitalisme. On sait que, par exemple, la Banque centrale européenne prête aujourd’hui (pas cher) de l’argent aux banques qui le reprêtent (plus cher) aux Etats ! [5]
  La seule issue pour la bourgeoisie afin de se sortir de la crise est de faire payer la crise par les travailleurs. Et c'est là que le bat blesse.
  Depuis des mois, les travailleurs grecs se mobilisent et ne veulent rien savoir de « réduction du déficit », de « reporter l'âge de la pension », etc. Les travailleurs portugais se mobilisent. En Belgique, Leterme en est aussi bien conscient en exposant sa crainte que « la crise sociale générée par la crise financière et économique dégénère en affrontement social, et que la situation échappe à tout contrôle ». [6]
  Lamentablement, les directions syndicales s'apprêtent à « collaborer » à cette tâche d'éviter que tout « dégénère ». Et Leterme est confiant : « Il est clair que [après la Marche du 29 janvier] la tension a baissé d’un cran. Maintenant, il y a une volonté de reprendre le dialogue. C’est une bonne nouvelle pour la Belgique ». La direction des syndicats s'est mise à table avec les patrons dans le « Groupe des dix », un organe paritaire présidé par les patrons, pour trouver une « solution » loin des caméras, sans mobiliser les travailleurs. Avec un tel instrument, la garantie est que de toute façon, s'il n'y a pas d'accord, le gouvernement tranchera au profit des patrons comme cela a toujours été le cas.

  Pour les travailleurs, ce n'est pas une solution. Les syndicats doivent mobiliser, discuter un plan de lutte national dans les usines, sur tous les lieux de travail, préparer une grève générale, construire un rapport de force dans la production même, où ça touche directement les intérêts patronaux, comme ont fait les travailleurs d'InBev, et dans maintes autres occasions. Les travailleurs n'ont pas d'intérêt à sauver l'Europe du capital. Il s'agit de faire payer la crise aux capitalistes.

  Il faut faire comme en Grèce, comme au Portugal. Les syndicats doivent préparer la grève générale, dans tous les lieux de travail. Aucune concession, aucune réduction des acquis, non au report de l'âge de la retraite.
Comme en Grèce, comme au Portugal :
organiser la résistance !
Unifier les luttes !
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1 Le Soir, 17/02/2010  2 Le Soir, 19/02/2010, 20/02/2010  3 Le Soir, 13/02/2010  4 Le Soir,  09/02/2010  5 Etienne de Callataÿ, économiste en chef de la banque Degroof, Le Soir 09/02/2010  6 Le Soir,  09/02/2010