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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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Le PS vole au secours du capital

Mi-septembre, toute la grande presse s’est réjouie de « l’accord historique » intervenu dans le dossier BHV. Après avoir écarté la N-VA, et un peu plus tard le FDF, le « héros » de l’unité enfin retrouvée entre Belges, le formateur « socialiste », battait les records de popularité, gagnant même des adeptes en Flandre. (Voir aussi PI-82 )    Le lendemain de l’accord sur BHV, une polémique dans Le Soir concernant la Note du formateur posait la question : « Di Rupo, génie ou traître ? »[1] Comprenons bien, la question était de savoir si le formateur n’avait pas « trahi la cause francophone ». Pour nous, le chef de file du Parti « socialiste », le parti qui est censé défendre les intérêts des travailleurs, a bel et bien trahi, une fois de plus, mais pas sur la base d’une question linguistique.
   La situation créée après les élections de 2010 est originale sous différents aspects. Les cartes sont redistribuées, avec comme protagonistes Bart de Wever (N-VA) et Elio Di Rupo (PS). Mais surtout, depuis les élections fédérales antérieures, une crise du capitalisme, sans précédent depuis les années 1930, a inondé la planète. Et c’est là que le bat blesse.
   Dans un premier temps, la bourgeoisie a pu se contenter de continuer comme si de rien n’était, avec un gouvernement des trois familles traditionnelles de la politique belge, les catholiques (Leterme), les libéraux (Reynders) et les socialistes (Onkelinx). « Les affaires courantes ? Oh, vous savez, on en a l’habitude en Belgique, c’est presque une tradition. [...] On peut faire tout ce qui est nécessaire. »[2] On fait la guerre en Libye, on présente un budget. « Et on obtient un meilleur résultat qu’annoncé. »[3] Mais la crise s’accentue de plus en plus, et il faut alors imposer « des sacrifices » à la population, pour lesquels un cadre légal plus strict est nécessaire.
   La bourgeoisie préfère donc en revenir à la formule qui a fait ses preuves dans d’autres occasions, un gouvernement des trois piliers traditionnels - avec ou sans les Ecolos, un détail - maintenant sous la houlette du soi-disant « Parti des travailleurs », pour être l’élève exemplaire d’une Europe en crise où il faudra imposer de lourds reculs aux travailleurs.
   Di Rupo n’est pas le seul « socialiste » en Europe pour cette besogne. Le « socialiste » Papandreou essaye désespérément de sauver la Grèce du « défaut de payement », comme si ce pays n’était pas depuis des mois dans ce cas de figure : beaucoup de fonctionnaires ne sont pas payés depuis plus de deux mois... Et notre Didier Reynders lui souffle la « solution » digne des temps des colonies : « Pourquoi la Grèce n’accélère-t-elle pas ses privatisations ? Et si l’Etat grec n’est pas capable de privatiser et de mettre en œuvre ces processus, il faut alors qu’on puisse le faire à sa place. »[4] Mais les travailleurs grecs ne l’entendent pas de cette façon. Les mobilisations se succèdent pour protester contre l’austérité. Une grève générale des fonctionnaires a paralysé le pays le 5 octobre et une autre grève générale de 24 heures est annoncée pour le 19 octobre.
   Pour nos directions syndicales, la Note Di Rupo est « déséquilibrée », mais bon, pour le secrétaire général de la CSC, Claude Rolin, on ne peut pas en vouloir au président du Parti socialiste : « Le formateur est dans son rôle. Ce n’est sans doute pas le programme que lui-même souhaitait. Il forge la base d’un compromis. »[5] Anne Demelenne (FGTB), pour sa part, compte sur un « changement dans la mentalité des employeurs ».[6] Pas question, donc, d’organiser la lutte des travailleurs contre ce « déséquilibre ».
   Au-delà du remue-ménage pour remplacer le gouvernement en affaires courantes par un gouvernement en bonne et due forme, une offensive des patrons et de leur gouvernement se prépare, soutenue par tous les partis au parlement, pour nous faire payer la crise, la vraie crise, celle du capital. Face à cela, nous devons exiger des directions syndicales qu’elles organisent le débat dans les structures syndicales et dans les lieux de travail afin de lancer la lutte contre le plan d’austérité, contre la « note Di Rupo ». Il nous faut maintenant une journée nationale unitaire de lutte, comme première étape d’un calendrier de mobilisation sur la durée, à l’instar de ce que font les travailleurs dans d’autres pays, les travailleurs grecs les premiers.
   C’est la même lutte, contre le même ennemi, dans toute l’Europe. La Marche vers Bruxelles des Indignés, ce 15 octobre, est une excellente occasion pour avancer vers cette journée de lutte, dans une dynamique d’unification des mouvements dans toute l’Europe. Participons-y !
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1 Le Soir, 16/9/2011
2 Yves Leterme dans Le Soir, 13/01/2011
3 Didier Reynders dans Le Soir, 22/01/2011
4 Le Soir, 22/09/2011
5 Le Soir, 06/07/2011
6 Le Soir, 22/09/2011