Quel programme pour la gauche ?
Le gouvernement fédéral s'est constitué, il y a à peine un peu plus de trois ans, mais la liste des mesures antisociales à son actif est énorme :
- Les fermetures d'entreprises s'enchaînent de tous côtés, comme chez Caterpillar, Arcelor Mittal ou AGC ;
- La mise en place d'une politique de chasse aux chômeurs et de dégressivité des allocations de chômage est toujours plus restrictive, y compris pour les jeunes, quand tout démontre le manque cruel d'emplois ;
- Aux Afghans qui mènent une lutte exemplaire, soutenue par la solidarité populaire, on répond par une augmentation de l'expulsion des sans-papiers ;
- Il y a toujours plus de réductions de cotisations sociales pour les patrons, complétées par des mesures de subsides à l'emploi, favorisant la précarité de l'emploi ;
- La scission du groupe SNCB prépare la privatisation du transport national des voyageurs, et ce, malgré la lutte des cheminots pour la défense du service public ;
- Le vote du pacte budgétaire européen (TSCG) soumet notre budget national au bon vouloir de l'Union européenne ;
- Loin de remettre en question le paiement de la dette publique, celle-ci sert de prétexte pour imposer la politique d'austérité.
- Et n'oublions surtout pas la très importante 6e réforme de l'Etat, qui accentue le régionalisme et représente une fameuse réduction dans les budgets publics ; elle fut votée par tous les partis au gouvernement et représente une réelle mesure de division des travailleurs belges au service du patronat.
« Sans nous, ce serait pire, » disaient-ils, mais de plus en plus de gens se rendent compte – et le manifesteraient dans les urnes – que, à la tête du gouvernement des 3 grandes familles politiques traditionnelles, même sans la N-VA, le PS vire de plus en plus à droite et s'obstine à faire payer la crise capitaliste aux travailleurs.
Si malheureusement il y en a qui pensent trouver refuge encore plus à droite, c'est surtout à gauche du PS et d'Ecolo qu'une agitation préélectorale et un repositionnement politique sont en cours. Aidé par une large diffusion dans les médias, le PTB émerge comme une nouvelle option dans ce panorama et s'apprête à rentrer dans les parlements régionaux et fédéraux.
Pour se profiler comme un nouveau « porte-parole des syndicats », ce parti s'est inséré dans certaines directions syndicales, mais il se garde bien de dénoncer – comme nous le faisons à notre niveau – le fonctionnement bureaucratique de ces énormes structures, leur complicité avec le gouvernement, et les abus de pouvoir du sommet sur la base, comme une atteinte à la démocratie ouvrière.
En ce qui concerne son programme, pourquoi le PTB ne reprend-il pas intégralement les 10 propositions anticapitalistes de la FGTB-Charleroi, à l'avant-garde de la rupture avec le PS ? Au lieu de cela, il promeut son programme sur base d'une enquête électorale... En ce qui nous concerne, nous défendons le programme anticapitaliste d'urgence de la FGTB-Charleroi, car il avance des mesures très correctes telles que le refus de verser de l'argent public pour le remboursement de la dette publique ; la renationalisation, sous contrôle des travailleurs et des usagers, des secteurs qui ont été libéralisés ou privatisés ; ou encore la constitution d'un grand pôle bancaire public, sans rachat ni indemnité (sauf aux petits actionnaires). Un tel programme, qui n'est pas celui du PTB, peut nous faire réellement sortir de cette crise et de ce système capitaliste, s'il est porté par le mouvement ouvrier.
Historiquement, les conquêtes sociales furent toujours le résultat de grandes luttes sociales. Le parlement et la Loi ne les formalisent que sous la pression de la rue. Pour les révolutionnaires, les campagnes électorales et les élus doivent se mettre au service des luttes des travailleurs, en construisant le rapport de force face aux patrons et leur gouvernement. Mais sans la moindre critique sur le rôle démobilisateur des appareils syndicaux, comment cela serait-il possible de manière conséquente ? S'agit-il de mobiliser autour d'un élu, ou s'agit-il d'avoir un élu pour appuyer les luttes des travailleurs ?
Dans cette période de crise, où les mesures d'austérité de ce gouvernement et de l'Union européenne ont instauré la précarité permanente et une pauvreté croissante pour d'amples couches de travailleurs et de population, il est temps que la classe travailleuse donne carton rouge au PS, et à ses alliés. Il est clair aussi que ceux qui veulent se profiler comme alternative à gauche, doivent mettre au premier plan l'accompagnement et la promotion des luttes, contre les plans d'austérité et contre les bureaucraties syndicales complices du gouvernement qui les applique. Et proposer un programme anticapitaliste avec des propositions claires de rupture avec le capital.