08 novembre 2015
Le gouvernement approfondit sa politique d’austérité
Malgré les importantes mobilisations qui ont eu lieu ces derniers mois – que ce soit le soutien aux réfugiés, la mobilisation syndicale du 7 octobre, les grèves à la SNCB et dans de nombreuses entreprises –, le gouvernement, confiant, ne modifie pas d’un millimètre sa politique antisociale. Ainsi, malgré notre combativité, les mesures d’austérité se poursuivent.
Après la réduction des charges patronales, la pension à 67 ans, le gel de l’indexation des salaires, ce sont les travailleurs à temps partiels et en incapacité de travail qui sont maintenant dans la ligne de mire du gouvernement. Le processus de privatisation de la SNCB, de B-post et de Belgacom s’approfondit également, en permettant la sous-traitance et en diminuant la participation gouvernementale à moins de 51 %. A chaque contrôle budgétaire, quand le gouvernement cherche de l’argent, il coupe dans nos acquis… et donne aux actionnaires. Pourtant, de l’argent il y en a quand il s’agit d’instaurer un climat sécuritaire en mettant les militaires dans les rues, ce qui a déjà coûté près de 10 millions d’euros depuis janvier ! Et, il y en a aussi dans les poches des actionnaires des grandes entreprises qui ne paient quasiment pas d’impôts.
Cependant, malgré cette combativité des travailleurs, toujours présente après un an de gouvernement et l’arrêt brutal des luttes en décembre 2014 par les directions syndicales, celles-ci n’avancent toujours pas de plan d’action cohérent. Elles savent très bien que, pour gagner, il faut des actions plus dures, des grèves nationales de plusieurs semaines… mais ce n’est pas dans leur intérêt. Nous pensons que les directions syndicales canalisent notre colère parce qu'elles veulent conserver leur place à la table des négociations. Si elles continuent à organiser des promenades, des journées d’actions ou de grèves tournantes, c’est pour canaliser notre combativité. C’est exactement ce que disait Marc Goblet sur la RTBF en parlant du barrage filtrant de l’autoroute dans la province de Liège : « mais oui, la FGTB maîtrise ses troupes. Puisque d'abord, il faut souligner que si on fait des plans d’action, c’est pour rester dans un cadre... justement pour éviter des débordements. » (JT 13h RTBF du 20/10/2015) De leur côté, le gouvernement et le patronat ont saisi le prétexte des deux tragiques décès de ce jour de grève à Liège pour mettre en cause, une fois de plus, le droit de grève. Une offensive médiatique brutale pour le « droit de travailler » et qui criminalise les travailleurs en lutte. Face à cela, les syndicats doivent réagir et dire clairement : pas touche au droit de grève, non au service minimum !
Malheureusement, nos directions syndicales ne défendent pas clairement les militants syndicaux qui ont pris part à ces actions. Bien au contraire, la centrale générale de la FGTB Liège-Huy Waremme a voté à l’unanimité une motion « autorisant les membres du secrétariat à appeler à quitter et se désolidariser de toute action spontanée pouvant entraîner la mise en danger d'autrui, la destruction de biens, le vandalisme, ou nuire à l'image de l'organisation ». (Communiqué de presse du 23/10/2015)
En d’autres termes, face à l’offensive idéologique du patronat et à l’intervention de la justice dans les conflits sociaux, les directions syndicales abandonnent les travailleurs qui expriment leur colère, qui font des actions incontrôlées lors de situations qui dérapent…, bref, qui dépassent leur plan d’action, au lieu de les défendre. Si Goblet peut dire à la télévision qu’il ne condamne pas les travailleurs qui bloquaient l’autoroute, il ne dit pas qu’il les défendra, ce qui revient à les condamner à subir la répression. Nous pensons que les syndicats doivent exiger l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires contre les militants ayant bloqué l’autoroute.
Il en va de même pour les militants qui choisissent des méthodes plus radicales, comme nous l’avons vu à la fin de la manifestation du 7 octobre lors des affrontements avec la police. Cette violence est provoquée d’abord par ce gouvernement qui détruit nos acquis sociaux, tous les jours, et par les provocations policières. Effectivement, ce gouvernement a, en un an, durci la répression. Face à celle-ci, nous défendons tous les travailleurs qui affrontent le gouvernement, même s’ils n’ont pas la même orientation politique que nous. Il est scandaleux que la bureaucratie syndicale ne défende pas ces travailleurs et les présente comme des infiltrés étrangers à la manifestation. Encore une fois, nous affirmons que ces militants sont des travailleurs avec d’autres orientations politiques et non des infiltrés. Par contre, l’élément infiltré dans notre manifestation c’était bien le PS, pas les militants anarchistes !
Et maintenant ? Comment faire reculer le gouvernement ? Comment arriver à la suppression de toutes ces mesures d’austérité ? Il faudra que nous soyons beaucoup plus sur les piquets et dans les actions. Il faudra patiemment discuter avec nos collègues de travail sur l’importance d’organiser des réunions, faire dans des assemblées un bilan des actions passées et exiger au syndicat un plan de lutte plus dur et en front commun. Dans ces assemblées, nous devons prendre des décisions et voter des motions. Quand ces assemblées n’existent pas, nous devons nous organiser avec nos collègues de travail pour interpeller nos délégués et leur demander de convoquer des assemblées du personnel.
Il faudra un changement radical dans la politique de nos organisations syndicales qui, actuellement, n’ont aucune cohérence pour lutter efficacement et nous divisent sur le terrain, par exemple quand la CGSP bloque seule le trafic des trains ou quand la CSC bloque seule les centres de tri postaux et que l’autre organisation syndicale juge le mouvement « prématuré » ! Ce changement d’orientation vers un syndicalisme de combat ne viendra que si la base syndicale arrive à mettre une pression suffisante sur les sommets syndicaux.
Nous devons développer la solidarité entre secteurs, à l’image de nombreux travailleurs du service public venus soutenir les cheminots lors du piquet de grève de la CGSP-Cheminots à Bruxelles ou de certains militants CSC venus soutenir les cheminots sur les piquets. Il faut renforcer le front commun à la base, car c’est dans la lutte que nous pouvons nouer des liens entre les différents secteurs et renforcer nos luttes.