30 septembre 2016
Les patrons et leur gouvernement à l’attaque…
Organisons notre défense !
Le gouvernement continue à appliquer ses réformes. Mais cela, il nous l’avait annoncé dès sa déclaration gouvernementale. Une mesure annoncée donnait déjà le ton : réduction des cotisations patronales d'ici à la fin de la législature. C’est clair, le gouvernement est du côté des patrons, tout autant que son prédécesseur. Il est cependant plus brutal et s’attaque frontalement à nos acquis, « l’Etat de bien-être social », qui existe de moins en moins. Ce gouvernement profite des attaques terroristes pour avancer avec des lois qui diminuent nos libertés démocratiques et il utilise un discours raciste pour nous diviser. Pourtant, la menace du terrorisme individuel est impossible à enrayer sans d’abord arrêter cette politique guerrière au Moyen-Orient. C’est pourtant à cette entreprise que l’impérialisme belge participe en allant bombarder la population en Irak et en Syrie.
Tous les jours, les médias ne parlent que de menaces terroristes… cachant bien la menace qui pèse sur notre classe : les lois qui passent les unes après les autres pour nous faire payer la crise économique au prix fort.La plus emblématique est la loi Peeters qui va étendre les journées et la semaine de travail. Appeler « modernisation du marché du travail », un recul social de plus d’un siècle, c’est prendre les travailleurs pour des imbéciles. C’est l’agenda des patrons : baisser les conditions de travail pour maintenir le bénéfice en temps de crise économique.
Mais la crise est là, et malgré les effets d’annonce de quelque demi-pourcent de croissance, c’est bien l’économie mondiale qui est en panne, montrant par là que ce système capitaliste ne produit rien d’autre que des crises à répétition. Leurs plans d’austérité, qui nous appauvrissent et détruisent nos acquis, leur servent à décharger la crise sur le dos de notre classe.
Après l’annonce de l’intention de fermer l’usine Caterpillar, nos dirigeants se sont indignés du comportement « scandaleux » de ces patrons « voyous » qui n'ont aucune compassion pour des travailleurs qui les ont servis durant tant d’années.
Mais à quoi s’attendaient-ils ? Ces patrons font tout simplement leur boulot : préserver et si possible augmenter les bénéfices. Et donc prendre les mesures nécessaires pour y parvenir : fermer un site, en installer un ailleurs où ça rapporte plus, licencier ceux qui coûtent trop cher... C'est tout simplement la logique du système capitaliste.
Mais ce n'est pas notre logique ! La production de richesse est trop importante pour la laisser en main des capitalistes. C’est pourquoi il faut nationaliser Caterpillar.
La réaction de notre classe : la mobilisation
La mobilisation en France contre la loi Travail est impressionnante, des manifestations gigantesques ont inondé les rues de centaines de villes, des blocages de raffineries ont eu lieu, ainsi que des grèves dans de nombreux secteurs. Les travailleurs de France résistent. Chez nous, ce sont les cheminots, les postiers et les gardiens de prison qui ont été à l’avant-garde de la lutte. Malheureusement, au lieu d’organiser la poursuite et le durcissement des luttes dans la durée, au lieu d’organiser la solidarité intersectorielle, la bureaucratie a lancé des préavis de grève illimitée dans certains secteurs. Faut-il quand même saluer cette « attitude combative » ? Nous pensons que non. Bien au contraire, car la bureaucratie n’a fait que responsabiliser individuellement les travailleurs, qui devrait impulser localement la lutte, pour mieux cacher son refus de mettre en mouvements l’énorme force de nos organisations syndicales.
Deux ans de gouvernement, deux ans d'attaques
En deux ans de gestion, ce gouvernement a déjà lancé une série d'attaques envers les travailleurs et les secteurs populaires, non seulement au niveau économique, mais aussi dans le domaine de nos droits démocratiques.Nous avons déjà eu le gel des salaires, le saut d'index, l'âge de la retraite rallongé, les attaques à la SNCB, des sanctions aux demandeurs d'emploi et l'exclusion de l'assurance chômage, les suppressions de budget pour le social et la culture, la criminalisation des demandeurs d'asile, l'armée dans la rue (avec les coûts que cela représente), et des mesures sécuritaires au nom de lutte contre le terrorisme...
On pourrait ainsi citer une longue liste de ce que ce gouvernement a imposé dans le pays. Cependant, il ne s'arrête pas là.
Pour cette « rentrée », le gouvernement prépare de nouvelles réformes et il veut en approfondir d'autres. Parmi elles :
- La réforme de l'impôt des sociétés : le ramener de 33,99 % à 20 % en 2019. On se demande comment on va compenser cette rentrée pour l'Etat, et aux frais de qui. Les « ménages » (entendez les travailleurs) devront certainement mettre la main au portefeuille.
- Le budget : trouver 2,4 milliards. Oui, l'Etat n'a pas d'argent, mais une des principales raisons tient dans les recettes fiscales moins importantes que prévu et des politiques conscientes menées en faveur du patronat.
- Avancer dans les politiques sécuritaires. La N-VA propose un « Patriot Act » belge.
- Continuer avec la privatisation de la SNCB, et pour cela, trouver un nouveau patron.
- Et le gros de cette rentrée : la flexibilité du temps du travail, la « Loi Peeters », qui propose de faire travailler jusqu’à 45 heures par semaine si l'entreprise en a besoin pour répondre a son carnet de commandes.
Alors, comment continuer la lutte maintenant ? Comment faire plier le gouvernement ?
En-tout-cas, pas avec la logique mise en œuvre par nos directions syndicales, pas avec la logique de la concertation. Systématiquement, ils vont négocier et mettent un terme à la grève sans d’abord organiser un rapport de force suffisant. La grève des cheminots est pour cela emblématique, où le négociateur de la CGSP flamande était contre la grève et la cassait ouvertement. La grève dans les prisons à également montré qu’au lieu d’organiser la lutte au niveau national, ils ont laissé le conflit s’enliser sans étendre la lutte aux autres prisons au nord du pays.
Il faut rompre avec cette logique de chercher un compromis acceptable sur base des propositions inacceptables du gouvernement. Comme le disais un calicot en France : « On ne négocie pas un recul social, on le combat ! » Pourtant, c’est ce qu’ont fait nos dirigeants syndicaux.
Sans dénoncer cette politique de concertation des bureaucraties syndicales au sein de nos organisations et y mettre un terme, nous ne parviendrons pas à nous donner les moyens de lutter pour faire reculer le gouvernement. Car celui-ci est plus fort que jamais, il est loin de tomber. Le nouveau secrétaire général de la FGTB, Tamelini, à raison quand il nous dit que le programme du gouvernement est écrit par les patrons, mais il va négocier la mise en place de la Loi Peeter au Groupe des Dix avec les patrons, et en même temps il nous appelle à manifester contre cette loi ce 29 septembre. Encore une fois, on nous prend pour des imbéciles…
En regardant le tract en front commun pour la manif du 29, on constate que, encore une fois, les syndicats ne mobilisent pas avec des mots d’ordre précis, mais avec un catalogue « d’alternatives ». Dans ces conditions, comment savoir au lendemain de la manif si nous avons gagné quelque chose ? D’autant que sous le titre « Plus de travailleurs avec un emploi faisable plutôt que des cadeaux aux employeurs » ils demandent que les réductions de cotisation patronale soient très ciblées. Avec une position pareille en faveur des cadeaux aux patrons, on comprend pourquoi ils sont reçus à la table des négociations...
Nous devons exiger de nos directions la convocation d'assemblées générales interprofessionnelles ouvertes à la base pour décider des plans de lutte conséquents avec des objectifs clairs, et non des journées d’action, des manifs et des grèves sans lendemain. Nos organisations doivent donner une formation militante et sur les intérêts historiques de notre classe aux nouveaux délégués fraîchement élus, et non former des techniciens, des délégués « machine à café » comme le dit le délégué interviewé dans cette édition.
La société ne fonctionne que grâce aux travailleurs qui se lèvent tous les matins. Si nous arrêtons tout, plus rien ne fonctionne. La force, c’est nous. Nous sommes capables de faire fonctionner et de diriger cette société. C’est cette force-là que nous devons mettre en marche, pour arrêter ce bain de sang social. Pour cela, nous devons convaincre nos camarades, au travail, dans nos quartiers, de se mettre en lutte et de n’avoir confiance qu’en nos propres forces. Et ne laissons plus les médias, au service du patronat et du gouvernement, nous diviser ; allons plutôt sur le terrain rencontrer nos camarades sur leurs piquets de grève, dans leurs assemblées pour discuter de nos conditions de travail et des attaques du gouvernement.
Ensemble, déclenchons des luttes, comme l’on fait héroïquement les gardiens de prison et les ouvriers des ateliers de la SNCB. Ne laissons pas les bureaucrates professionnels, éloignés du monde du travail, décider à notre place de l’issue de la lutte.
Tous ensemble, utilisons leur plan d’action d’automne pour déclencher une offensive plus large contre ce gouvernement, pour le faire reculer, et avancer vers une perspective de rupture de ce système capitaliste, vers un gouvernement des travailleurs.