Déclaration de la Ligue Communiste des Travailleurs, le 3 juin 2024
Ces élections se déroulent dans une situation de plus en plus dure pour notre classe. Les années d’austérité ont permis au patronat de s’enrichir, grâce à l’action de son gouvernement. Le gouvernement de Croo a fait ce que tous les gouvernements des États capitalistes font : augmenter l’exploitation au travail, réduire nos droits démocratiques, augmenter la répression, diminuer le financement des soins de santé, etc. La liste est longue de toutes les mesures prises par les derniers gouvernements, qui poussent dans le dos l’extrême droite. Ce phénomène s’explique entre autres par le légitime dégoût qu’inspirent les politiques des partis traditionnels et les trahisons d’une « gauche », destructrices de nos acquis sociaux.
Cette même gauche qui dirige nos organisations syndicales, grandes organisatrices des défaites de tous les derniers combats. Et il ne peut en être autrement quand on sait que leur stratégie est la collaboration de classes, c'est-à-dire la collaboration des travailleurs avec les patrons et leur gouvernement.
Sur le plan international, la politique de ce gouvernement est terrible : en tant que fidèle alliée de l’impérialisme états-unien, la Belgique continue à refuser de livrer des armes lourdes au moment opportun pour que le peuple ukrainien puisse repousser l’armée russe en dehors de ses frontières. Les F16 promis n'arriveront que bien tardivement pour aider le peuple ukrainien. Et en Palestine, la Belgique est complice du génocide en cours à Gaza, car elle collabore avec Israël à tout les niveaux, y compris le militaire, malgré sa récente interdiction de transit d'armes, arrachée par les mobilisations, solidaires avec la résistance sur le terrain.
Votez blanc, contre le capitalisme et pour organiser la lutte !
Face aux patrons, nous avons besoins d’organisations syndicales dirigées par la base et non par une armée de bureaucrates qui négocient dans notre dos. Il est urgent de construire une opposition syndicale unitaire pour avoir un réel plan de lutte contre l’austérité, en commençant par organiser de vraies grèves générales reconductibles ! Seules des luttes de grande ampleur permettront une réelle augmentation de salaire et un rejet du report de l'âge de la pension à 67 ans. Mais pour cela, nous devons être unis face à nos ennemis et donc rejeter le poison du racisme et de la xénophobie qui divise notre classe et légitime une répression contre le secteur le plus opprimé des travailleuses et des travailleurs. Il est urgent de régulariser tous les sans papiers, maintenant ! Pour unir la classe, il faut lutter contre le machisme et les politiques qui attaquent les droits des femmes, et contre toutes les oppressions. Pour garantir des services publics de qualité et accessibles à tous, il faut nationaliser les entreprises clé et les banques, il faut réinvestir massivement dans les soins de santé et le logement accessible. Face à la crise environnementale, il faut prendre des mesures coercitives contre les entreprises qui polluent, et avoir une réelle politique radicale de transition énergétique. Et bien sur, pour faire tout cela, il faudra en finir avec l’Union européenne, cette machine de guerre contre les peuples.
Mais ces mesures progressistes ne s’obtiendront que par nos luttes et ne sont qu’un début pour arriver à la seule solution réaliste pour améliorer nos conditions de vie : détruire l’État capitaliste et construire un État basé sur nos organisations, un État qui serait au service de la majorité exploitée et non d’une minorité de capitalistes qui nous exploitent, bref, un État socialiste.
Cette société socialiste, basée sur nos luttes actuelles contre les désastres du capitalisme, permettra de répartir les richesses et de réduire la pauvreté, d'avancer vers une réelle égalité entre hommes et femmes, d’imposer une révolution dans la politique environnementale, etc. Et cela nécessite une révolution dirigée par une organisation révolutionnaire qui n’a aucune confiance dans les promesses réformistes. Cette organisation n’existe pas encore en Belgique et sera construite dans nos luttes. C’est à ce projet que la LCT se propose de participer.
Le PTB ne représente pas une alternative pour notre classe
Mais le PTB, comme nous le verrons ci-dessous, non seulement ne propose pas des mesures radicales pour rompre avec le capitalisme. Il se propose de participer à la gestion de l’État de la bourgeoise. Ainsi, il finira fatalement comme Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce, qui appliquent des mesures répressives et ont trahis les espoirs de leurs électeurs. Il ne peut en être autrement dans une économie capitaliste. Il ne suffit pas de « taxer les millionnaires ». Il faut refuser le droit même de devenir millionnaire grâce à l'exploitation de milliers de travailleuses et de travailleurs.
Malheureusement, beaucoup d’organisations de gauche comme Gauche Anticapitaliste ou le Parti Socialiste de Lutte appellent à voter pour le PTB et appellent même à une coalition de gauche avec le PS et Ecolo ! Pour nous, il ne s'agit pas « renforcer la gauche de rupture»,[1] mais de renforcer l’organisation de notre classe. Et cela passe en premier lieu par n’avoir aucune illusions concernant un « gouvernement de rupture ». De quelle rupture parle-t-on ? Une rupture avec la politique des patrons ? Mais, nous l’avons vu, c’est impossible dans un État capitaliste. Seule un État ouvrier, un État de l’ensemble des opprimés, qui aurait exproprié la bourgeoisie et pris le contrôle des usines, des banques, et de l’ensemble des moyens de productions et de distribution, pourraient faire politique de rupture.
Nous comprenons que beaucoup de travailleuses et de travailleurs voient dans le PTB une alternative. Leur discours enflammé au parlement en faveur de la mobilisation sociale et leur dénonciation des privilèges amène une image radicale, déterminée. Toutefois, notre classe a besoin d’une organisation révolutionnaire combative qui nous permette de gagner nos combats sur le terrain, plutôt que de plus de députés de gauche. Et pour nous, cela commence par dénoncer la politique de trahison des directions syndicales qui désorganisent nos luttes et qui, tout au plus, négocient les licenciements, mais ne s’y opposent jamais totalement. Cette logique défaitiste doit être stoppée par l’organisation des travailleurs à la base. Et ça, non seulement le PTB ne le fait pas, mais il fait partie de ces bureaucraties syndicales sans même organiser une opposition combative.
En outre, nous ne sommes pas d’accord de respecter des critères pour permettre à des migrants de vivre parmi nous. Pourtant c’est bien ce que le PTB fait en demandant à un comité indépendant de traiter la demande d’un permis de séjour sur la base de critères clairs et objectifs. Et si ces critères ne sont pas remplis ? Lors des élections de 2018, un journaliste posait au Président du PTB la question si, avec le PTB au pouvoir, il y aurait encore-des rapatriements forcés. Et la réponse était que « Oui, mais il faudra définir des critères clairs et objectifs. Pas comme aujourd’hui… » (Le Soir du 22.08.2018). Est-ce pour cela que, sur son site, le PTB annonce vouloir mettre un terme aux refoulements meurtriers ? Pour nous, il faut interdire toutes les expulsions et régulariser tous les sans papiers, pas appliquer une discrimination selon le lieu de naissance. Native ou étrangère, nous sommes une même classe ouvrière !
Et si la politique du PTB concernant le génocide perpétré par Israël en Palestine peut paraître favorable au peuple palestinien, elle est pourtant désastreuse. En effet, l’appel au cessez-le-feu est progressiste seulement quand cela concerne uniquement Israël. Mais, sans le préciser, c’est demander un cessez le feu aux deux parties, et donc, demander à la résistance palestinienne de ne plus résister ! Cela signifie tout simplement retirer au peuple palestinien sa première ligne de défense face aux génocidaires sionistes et d'accepter la colonisation par le sionisme, ne fut-ce que sur "une partie" seulement de son pays. Nous disons, en chœur avec les manifestants dans les rues de Bruxelles : « From the river to the sea, Palestine will be free ! »
Un front uni contre l’extrême droite
Pour ces élections, la meilleure façon de défendre notre politique, c’est de voter blanc. Et dès le lendemain nous devrons faire face à une extrême droite qui est déjà bien présente et le sera sans doute encore plus. Nous appelons d’ores et déjà toutes les organisations progressistes à faire un front uni de combat contre l’extrême droite et à renforcer les coordinations antifascistes. Il est particulièrement important que les syndicats mobilisent les travailleuses et les travailleurs et organisent de grandes manifestations et actions contre le racisme et la xénophobie. C’est dans notre classe, et particulièrement dans ses secteurs les plus exploités, que nous devons organiser la mobilisation contre l’extrême droite, car ces secteurs en sont les premières victimes.
[1]https://fr.socialisme.be/97435/avant-et-apres-les-elections-passer-a-laction-pour-une-politique-durgence-sociale-et-de-resistance-au-capital
Photo: source Krasnyi Collective