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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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janvier 2013

Contre la création de travailleurs pauvres !

Dans le cadre des 10 ans de la Loi sur le droit à l’intégration sociale, célébrés par le SPP Intégration Sociale le 13 décembre 2012, plusieurs associations ont manifesté pour en dénoncer les dérives : contrôle démesuré des bénéficiaires du Revenu d’Intégration Sociale (RIS), mise au travail dans des emplois précaires et mal payés, obligation des bénéficiaires du RIS de chercher un emploi alors qu’il n’y a pas assez d’emplois pour tous... Enfin, le montant du RIS est inférieur au seuil de pauvreté. Cette situation bafoue la loi des CPAS dont l’article 1 dit : « toute personne a droit à l’aide sociale. Celle-ci a pour but de permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine. » Au lieu de permettre de sortir de la pauvreté, cette Loi entretient la précarité des bénéficiaires du RIS.

L’austérité et le CPAS

Le CPAS (Centre Public d’Action Sociale) est une institution qui doit être au service  des plus défavorisés. Les CPAS représentent d’abord la solidarité entre ceux qui ont la chance d’avoir un travail avec un salaire correct et les personnes qui n’ont jamais travaillé ou qui doivent demander un complément de revenus, car elles ne parviennent pas à faire face aux besoins vitaux. C’est le dernier rempart avant la rue, qui existe grâce aux cotisations de tous les travailleurs et qui est d’autant plus important en temps de crise.
   Actuellement en Belgique, le RIS est de 785 € pour une personne isolée. Si deux personnes vivent sous le même toit, l'une des deux (souvent la femme) sera considérée comme cohabitante et ne recevra donc que 523 €. Enfin, une personne avec famille à charge recevra 1047 €. Une note récente du gouvernement sur la pauvreté et l’exclusion sociale en Belgique indique que 15 % de la population court un risque de pauvreté (SPF Economie, 16/10/12). Il s’agit des ménages avec deux enfants gagnant moins de 2.100 €/mois et des personnes isolées avec 1000 €/mois. Mais c’est ce même gouvernement qui fixe les revenus de l’aide sociale qui sont – largement! – inférieurs au seuil de pauvreté! A titre d’exemple, un Belge avec le statut « isolé » reçoit 215 € de moins que le seuil de pauvreté européen !
   Loin de vivre dignement, les plus précarisés peuvent à peine survivre avec leur RIS. Mais avant tout, il faut l’obtenir, et c’est là où le système devient vraiment pervers. En effet, pour bénéficier du RIS, il faut signer un contrat par lequel la personne aidée s’engage à chercher du travail et/ou à suivre une formation. Quelle belle hypocrisie quand on sait à quel point le marché du travail est saturé ! Selon une étude de l’UCL,  pour une offre d’emploi peu qualifiée à Bruxelles, il y a 112 demandeurs d’emploi (Belga, 08/11/12) ! Pas un jour ne passe sans qu’on annonce des licenciements ! Ils devront donc suivre une formation courte pour obtenir un emploi précaire et peu qualifié (nettoyage en titre service par exemple)… difficile à obtenir. Bref, ils s’engagent à rester dans un  cycle de pauvreté.
   De plus, le gouvernement Di Rupo a décidé d’approfondir sa réforme du chômage en diminuant fortement les allocations de chômage dans le temps. Les travailleurs les plus précaires vont ainsi être doublement touchés. L'« activation » des chômeurs va en pousser beaucoup à accepter un emploi précaire et mal payé, augmentant la masse des travailleurs pauvres susceptibles de venir toquer à la porte du CPAS. S’ajoutent les nombreuses suspensions des allocations de chômage, voire carrément les exclusions : 47 000 personnes seront exclues en 2015 en conséquence de la seule réforme du 1er novembre 2012 (www.csc-en-ligne.be, 21/06/12). Sans aucun revenu, ils seront amenés directement « à la case CPAS ».

Les allocataires, des profiteurs ?

Le gouvernement et les médias nous présentent souvent les allocataires sociaux comme des profiteurs qui se complaisent dans leur misère, qui profitent du système… Ces préjugés largement répandus, tant chez les travailleurs qui ont du boulot que chez les travailleurs sociaux, ont pour effet direct de nous diviser.
   Ils sont mis en avant pour justifier les attaques contre le chômage et les montants ridicules des allocations. Et loin d’augmenter les salaires, le gouvernement a prévu, dans son budget 2013, d’interdire leur augmentation au-delà de l’indexation (qui sera revue à la baisse) ! En déclarant que les bas salaires ne sont pas concernés par le « gel », le gouvernement cache qu'ils sont de toute façon insuffisants, mais qu'il ne fera rien pour en relever le montant brut. Non seulement il n’y a pas d’impôts sur les grosses fortunes, mais le gouvernement continue à dégager des centaines de millions d'euros pour la réduction des cotisations patronales. Ces diminutions représenteront une rentrée de moins pour la sécurité sociale. Bref, le choix du gouvernement « socialiste » est clair : on continue à  prendre aux pauvres pour donner aux riches.
   Comme les organisateurs du rassemblement du 13 décembre, nous pensons qu’il n’y a rien à fêter, car nous voyons que l’aide sociale, une conquête de l’ensemble des travailleurs, devient, dans les faits, un système de création de travailleurs pauvres. Pour lutter contre l’évolution de la gestion de la pauvreté, nous pensons qu’il est important de promouvoir l’unité entre tous les travailleurs concernés : les demandeurs d’aides sociales, les assistants sociaux des CPAS et ceux de l’associatif.
   Exigeons :
Augmentation du budget fédéral alloué aux CPAS !
Pour un RIS au-dessus du seuil de pauvreté !
Non à la contractualisation, non à l’activation !

 

Droit à une vie décente pour tous ! Droit à un emploi de qualité pour tous !