« La résistance et la recherche de l'unité sont des exemples à suivre »
Interview avec la délégation du Japon au Congrès National de Conlutas et au Congrès d'unification - juin 2010
Parmi les délégations internationales au 2ème Congrès National de Conlutas et au Congrès d'Unification, la délégation du Japon est une des plus enthousiastes dans sa participation, avec 10 camarades, des cheminots et des étudiants de Tokyo et sa région métropolitaine.
Les cheminots constituent un secteur fortement attaqué durant les années d'application du projet néo-libéral au Japon, au début des années 80. Aujourd'hui, ces camarades sont les protagonistes de plusieurs luttes et mouvements de résistance dans leur pays.
Teruoka Seichii est membre exécutif du Syndicat National des cheminots de Doro-Chiba. Il nous a raconté que le secteur ferroviaire est un des plus touchés par les privatisations, une situation qui s'est encore aggravée avec la crise économique mondiale. Selon Seichii, depuis 1982, la moitié des postes de travail du secteur ont été éliminés : des 400.000 travailleurs durant les années 80, il en reste aujourd'hui quelque 200.000.
« L'offensive a été tellement forte que, dans ce processus, deux cent travailleurs se sont suicidés lors des privatisations au Japon. Dans notre région, la seule dans laquelle il y a eu de la résistance, cela n'a pas été le cas », a dit le camarade.
Un autre membre de la délégation, Yamamoto Hiroyuki, secrétaire du Comité International de Solidarité avec Doro-Chiba, a souligné que les autres deux syndicats nationaux de cheminots existants dans le pays n'ont rien fait, face aux attaques. Au contraire, ils se sont alliés au gouvernement dans les attaques contre le syndicat de Chiba, après les grèves réalisées par ce syndicat en 1985 et 1986, quand 40 travailleurs ont été licenciés, et 1047 en plus l'année suivante. Il a dénoncé que « depuis le début des privatisations, ils n'ont jamais fait une lutte, une grève ».
Bien qu'étant un petit syndicat, avec environ 400 travailleurs syndicalisés, Doro-Chiba accomplit un important rôle de résistance aux attaques, non seulement contre les cheminots mais aussi contre d'autres secteurs de travailleurs japonais.
« Depuis 1989, nous sommes en train de construire une coordination centrale nationale de syndicats, [NCCTU]. Durant toutes ces années, les travailleurs ont été divisés, "individualisés". Mais la lutte à Chiba est en train de servir d'exemple dans tout le pays et, à cause de notre lutte, on nous cherche pour participer à d'autres mobilisations et les soutenir », disait Hiroyuki.
Selon Seichii, Doro-Chiba organise une rencontre annuelle qui réunit habituellement quelques 6.000 travailleurs et militants de tout le pays.
Les attaques se sont étendues aussi à d'autres secteurs. Yosuke Oda, présidente de la Fédération Nationale d'Etudiants du Japon, est étudiante de la Hosei, une université de Tokyo avec 30.000 étudiants et le principal centre de la résistance estudiantine japonaise. Elle nous a raconté que dans l'éducation, la politique de privatisation a aussi été appliquée, menant à la précarisation de l'enseignement.
Les impressions sur le Brésil
La délégation a insisté pour faire l'éloge de la réalisation du Congrès de Conlutas, et de la recherche d'unité que représente la rencontre. « C'est une lutte admirable et nous apprenons beaucoup de ce que nous voyons ici. Nous allons mener cette expérience au Japon », a dit Kunio Yoneda.« En dépit de quelques difficultés avec la langue, nous pouvons voir que la lutte des travailleurs est la même, que ce soit au Japon, au Brésil, en Europe ou aux Etats-Unis. Mais le plus important est que nous voyons ici l'essentiel : que l'unité dans la lutte est possible, entre des travailleurs de la ville, de la campagne, des étudiants, partout dans le monde », a dit Yamamoto Hiroyuki. Il résumait ainsi l'importance de l'internationalisme et de l'unité de la classe ouvrière, deux défis auxquels les congrès de Conlutas et de l'Unification se proposent de faire face.