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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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15 juin 2013

Ouvriers-employés : une même classe travailleuse, une même lutte pour l’emploi !

Période d'essai, vacances annuelles, heures supplémentaires, salaire garanti en cas de maladie, préavis de licenciement, primes d'accompagnement, chômage temporaire,... En bien des aspects, les droits des ouvriers ne sont pas égaux à ceux des employés, souvent au désavantage des premiers. Ces discriminations sont de moins en moins justifiables devant les tribunaux : de plus en plus d'ouvriers venus réclamer justice obtiennent gain de cause. C'est pourquoi la Cour constitutionnelle a ordonné de les faire disparaître. Pour le 8 juillet, la rémunération du premier jour de maladie (le jour de carence, non payé aux ouvriers) et la durée des préavis de licenciement doivent être « harmonisées ».

Mieux protégé(e)s, moins viré(e)s !

Pour la FEB, c'est bien simple : les délais de préavis doivent être minimum voire payés par les cotisations sociales et le jour de carence doit être étendu aux employés. « Moderniser » le droit du travail, c'est le niveler par le bas pour tou(te)s.
   Selon la CNE, 7 travailleurs sur 10 risquent d’y perdre en cas de réduction du préavis, car non seulement 57 % des travailleurs sont des employés mais, de plus, de nombreux ouvriers ont déjà réussi à obtenir des préavis équivalents à ceux des employés par convention collective sectorielle. Les femmes en souffriraient particulièrement, elles qui sont majoritaires dans les emplois précaires – les premiers à tomber en cas de restructuration – ainsi que dans les secteurs mal rémunérés des services (soins, ménages, socioculturel, etc.).
   En revendiquant une harmonisation vers le bas, les patrons essayent d'obtenir ce qu'ils n'obtiennent pas via la procédure Renault : casser les indemnités de départ que les travailleurs réussissent à arracher. Les multinationales et leurs banquiers n'ont qu'une issue pour sortir de la crise : augmenter leur taux de profit en remplaçant des contrats fixes pourvus de droits par des contrats jetables, moins chers et moins contraignants. Des entreprises comme Caterpillar annoncent ce que beaucoup connaîtront bientôt, avec la nouvelle loi dans leurs mains pour licencier moins cher.
   Les métallos, eux aussi, doivent rejoindre la lutte pour que le gouvernement aligne leurs préavis sur ceux des employés, car cette lutte, c'est la lutte pour se protéger des licenciements, c'est la lutte pour l'emploi ! Il faut un rehaussement général des préavis et un statut unique abolissant la division ouvrier-employé dans l'intérêt de la classe travailleuse tout entière.

Le PS mène l’offensive contre les travailleurs

La ministre Monica De Coninck (SP.a), voyant que les organisations patronales ne parvenaient pas à faire passer la pilule aux organisations syndicales, s'est délibérément emparée du dossier pour appliquer plus sûrement les recommandations patronales. Selon la théorie libérale, diminuer les durées de préavis améliorerait la « compétitivité » des salarié(e)s en diminuant le « coût du travail »... ce qui contribuerait à créer de l'emploi. Mais ce gouvernement, loin de dire où, quand et combien de postes de travail va-t-il créer, a déjà décrété des coupes dans les services publics, le gel des salaires et l'augmentation des heures supplémentaires. Ces nouvelles décisions n'auront d'autre but que d'accélérer les mesures d’austérité, tout en laissant les grosses fortunes prospérer à leur aise.
   Le gouvernement Di Rupo s'apprête ainsi à frapper une troisième fois les travailleurs : par le licenciement, en refusant de nationaliser les entreprises bénéficiaires pour garantir l'outil et l'emploi ; par la diminution des indemnités de départ, en bradant le préavis des employés ; et par le chômage et la misère, en renforçant la dégressivité et l'exclusion des allocations de chômage.
   Lorsque la classe travailleuse a conquis le droit à un préavis « convenable », c'était bien dans l'objectif de permettre au travailleur de vivre en attendant de retrouver un emploi équivalent, compte tenu de son ancienneté, de son âge et de son salaire. En période de montée du chômage, le réflexe serait non pas de diminuer les préavis, mais de les augmenter fameusement ! Si le PS soutient une loi harmonisant les préavis vers le bas, il aura démontré, une fois de plus, qu'il a fait sien le rêve patronal d'un contrat unique avec licenciement bon marché. La FGTB Charleroi Sud-Hainaut et la CNE Hainaut ont raison : les travailleurs ont besoin d'une alternative anticapitaliste !

Pour une lutte unitaire à la base

Les sommets syndicaux ont négocié de manière séparée les questions de réductions de cotisations sociales patronales, de temps de travail, de salaires et d'harmonisation des statuts, comme si tout cela n'était pas intimement lié, comme si cela ne faisait pas partie d'un même « package » contre les travailleurs. Le 25 avril, la CNE a mené, souvent seule, des actions de blocage dans une centaine d'entreprises et de complexes commerciaux, des barrages filtrants, des arrêts de travail et des assemblées du personnel. La Centrale métallos mène des actions contre les licenciements collectifs séparément. La seule manière de faire triompher ses luttes, c'est d'organiser la solidarité et l'unité de tous les travailleurs, ouvriers et employés, à la base, dans la perspective d'une ou plusieurs grève(s) générale(s), jusqu'à rejeter les plans du gouvernement et du patronat ! Le sommet européen des 27-28 juin s'y prête à merveille. Préparons-nous y !