Avril 2013
Avec l'approfondissement de la crise économique et des politiques austéritaires, on perçoit qu’il y a une véritable dégradation d’acquis importants, fruits de luttes passées intenses pour l’émancipation des femmes. C'est à partir des syndicats qu'il faut organiser la contre-attaque.
Quand on voit notre société belge, on a tendance à croire qu’on se
trouve dans une société égalitaire où hommes et femmes ont les mêmes
droits, et que par les lois, les femmes sont protégées des inégalités.
Mais ce n'est pas le cas. Les vieilles mœurs évoluent lentement et les
discriminations persistent !
A Anvers, par exemple, les femmes enceintes sans papiers ne reçoivent
pas d’attention médicale gratuite si elles ne signent pas un accord de
« retour volontaire ». En Belgique, il y a huit viols (déclarés) par
jour, dont 87 % des victimes sont des femmes ; tous les trois jours une
femme disparaît dans les réseaux de traite des êtres humains. Sur le
marché du travail, l’écart salarial annuel est de 23 %. Les femmes sont
plus de 44 % à accepter des contrats à temps partiel, contre 9,3 %
pour les hommes, en grande partie suite au fait qu'elles consacrent en
moyenne deux fois plus de temps aux tâches liées au ménage et/ou aux
enfants que les hommes.
Les universités, des espaces sans oppression ?
Il y a parfois d’importants avancements locaux, comme la création de
crèches et de plannings familiaux sur certains campus (« Aimer à
l’ULB»), mais ce n'est pas le cas partout. De nombreuses formes
d’oppressions restent présentes et nous affectent dans notre quotidien.
La publicité envahit nos campus avec des affiches qui présentent les
femmes comme des objets décoratifs, désirables et échangeables. Dans la
rue, dans le folklore et les bizutages, le langage courant est souvent
macho et agressif, et on passe très vite à du harcèlement voire à des
agressions sexistes et sexuelles. Dans les auditoires et les bureaux,
certains professeurs utilisent leur position d’autorité pour intimider
et obtenir certains comportements des femmes, comme le fait de porter
jupes et talons.
Pourquoi dans un syndicat ?
Les étudiants FGTB sont un syndicat d’étudiant-e-s qui se battent
pour la démocratisation de l’accès au savoir, contre le capitalisme qui
ne voit dans le système éducatif qu'un outil pour former et
sélectionner sa main-d'œuvre. Le capitalisme a profondément intégré
l’oppression des femmes dans ses structures sociales et idéologiques
pour les exploiter davantage, diviser travailleurs et travailleuses et
augmenter ses profits. Les pratiques et gestes de discrimination sont
tellement intériorisés par les hommes et femmes qu'ils paraissent
« naturels » et ne sont pas remis en cause.
L'organisation syndicale elle-même en est imprégnée. Comme elle est
hautement masculinisée et la prise de décisions souvent très rapide, il
est plus difficile pour une jeune femme d'y prendre la parole, et plus
encore d’assumer des responsabilités, ce qui décourage leur
participation et affaiblit l'organisation. Face à cette situation, une
Commission femme a été créée. Les « Militantes Actives et Libres pour
un Féminisme Révolutionnaire Anti-Patriarcat » (MALFRAP) ont constitué
un espace non mixte et autonome, où les femmes militantes se
réunissent, discutent, tentent d'apporter des réponses politiques aux
problèmes et proposent des actions pour lutter contre le machisme, en
commençant par conscientiser les hommes avec qui elles militent.
Ce n'est pas un espace qui isole les femmes : c’est un moyen par
lequel elles peuvent approfondir des questions politiques de tout type
et apporter au débat, dans le syndicat et dans les luttes, la vision des
femmes, tout en renforçant l’expérience et la confiance des militantes
qui y participent. En effet, ce n’est pas aux MALFRAP de porter seules
le drapeau de la lutte contre toutes les formes d’oppressions dont
sont victimes les femmes, c’est la responsabilité du syndicat et de
tou-te-s ses militant-e-s !
Comment agir ?
Il est important de parler de l’oppression des femmes sur le campus.
Ça peut passer par l’organisation de films-débats et d’actions-chocs
contre la publicité sexiste, par le fait d'avoir une présence active
sur le campus, de distribuer des tracts et de recueillir des
témoignages,... Le but est de construire un espace de paroles,
d'accueil et de solidarités, qui cherche à forger une conscience
collective de lutte contre le machisme, l’austérité et le capitalisme,
pour mettre fin à l’oppression des femmes.
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Droit absolu des femmes au contrôle de leur corps !
Accès libre et gratuit aux moyens contraceptifs et à l’avortement !
Droit à un soutien médical et matériel adéquat
à la naissance et à l’éducation des enfants !
Créations suffisantes de crèches pour permettre la poursuite
d'études aux parents étudiant-e-s et surtout aux mères seules !
Pour une société où nous pourrons vivre sans subir d’abus
ni violences sexuelles, sans oppression ni exploitation !