La pandémie dans le capitalisme et la solution socialiste
Diego Bossi (travailleur chez Pirelli)
Partito di Alternativa Comunista
Section italienne de la LIT-QI
Alors que le temps passe et que les contaminations, les hospitalisations et les décès augmentent de façon spectaculaire pour la Covid-19, reléguant au placard de la honte les négationnistes et les conspirateurs de tous bords, les théoriciens de « à peine une grippe », les alarmistes du soir dans les talk-shows qui signent ensuite de prétendus protocoles de sécurité le matin pour envoyer les travailleurs dans les usines (de la mort), et toute la faune terne des bouffons dans la cour du capital ; nous, en tant qu'Alternative Communiste, nous allons proposer encore une fois, aujourd'hui comme hier, notre analyse de classe, que nous pourrions résumer, en simplifiant, en 7 points :
- le virus existe et est réellement dangereux ;
- à la mortalité directe de la Covid-19 s'ajoute la mortalité indirecte causée par la saturation du système de santé national, massacré par une décennie de coupes sombres opérées par les gouvernements bourgeois de toutes les couleurs et le financement connexe des soins de santé privés (les grands absents dans cette urgence) ;
- il est urgent de prendre des mesures drastiques pour contenir l'expansion de la pandémie et de prendre des mesures massives et immédiates pour soutenir et aider tous les travailleurs et les masses populaires, en particulier les secteurs opprimés tels que les femmes, les immigrants et les LGBT, qui ont vu et verront leur oppression exacerbée pendant la période d'isolement ;
- ces mesures ne seront jamais possibles dans le système capitaliste, basé sur l'exploitation du plus grand nombre au profit du plus petit, puisque les secteurs du grand capitalisme industriel, financier, de services et de distribution n'arrêteront pas leurs profits, alors qu'en même temps les financements publics (nationaux et européens) seront canalisés vers les poches de la bourgeoisie, générant une nouvelle dette publique qui sera elle transmise au prolétariat ;
- ceux qui paieront le prix le plus élevé, ce sont les travailleurs, les artisans et les petits commerçants ;
- l'imposition violente et criminelle de choisir entre mourir de faim ou de la Covid-19 est inacceptable ;
- il n'y a pas, et il n'y aura pas, de lutte menant à une solution réelle et définitive si ce n'est la lutte contre le capitalisme, pour une société libérée des chaînes du profit et capable d'utiliser toutes ses ressources dans l'intérêt général de la communauté.
Ensuite, il y a la question dramatique de « ce qui nous attend » dans un avenir proche. La première vague a été dramatique pour des centaines de milliers de prolétaires qui ont perdu leur emploi et qui attendent depuis des mois une misérable allocation de chômage, promise et, dans de nombreux cas, jamais arrivée. Et la soi-disant deuxième vague donnera, face à ceux qui ont agité le drapeau de la victoire pendant les mois d'été, le coup de grâce à des millions de travailleurs.
En outre, en plus des 700 000 emplois perdus, on s'attend à ce que, selon l'estimation officielle du nombre de licenciements (souvent dépassée), au moins un autre million d'emplois soient menacés. Une apocalypse professionnelle.
Des usines en sécurité ou l'insécurité dans les usines ?
Dans le système capitaliste, soutenu par la propriété privée des moyens de production et de la commercialisation des biens, les usines ne peuvent pas s'arrêter. La classe ouvrière industrielle est l'épine dorsale du prolétariat. C'est pourquoi, derrière tout ce qui se passe, il y a les intérêts de classe de la bourgeoisie de ne pas fermer les usines et de faire en sorte que les ouvriers aillent chaque jour produire une richesse qui sera expropriée par le patron en échange de salaires de plus en plus misérables.
D'où la propagande criminelle du « travail en sécurité » avalisée par les directions nationales et confédérales de la Cgil, de la Cisl et de l'Uil ,qui ont signé les prétendus protocoles de sécurité pour répondre aux préoccupations de la Confindustria. Celle-ci craignait pour ses associés un arrêt drastique des profits, et les protocoles ont été signés pour tous les secteurs, condamnant à mort des milliers de femmes et d'hommes. Mais pense-t-on vraiment qu'au milieu d'une pandémie mondiale virulente et dévastatrice, ces protocoles peuvent protéger les masses prolétariennes de la contagion ? Pense-t-on vraiment qu'il soit possible d'envoyer des millions de travailleurs pour effectuer des travaux là où aucune distanciation n'est possible, de partager des cantines, des vestiaires, des toilettes et des coins de pause sans que le virus ne saute allègrement d'un travailleur à l'autre ? Pense-t-on vraiment qu'en gardant les écoles primaires et secondaires ouvertes pour parquer les enfants des travailleurs afin que ceux-ci puissent aller travailler, en confinant les enfants dans des classes poulailler, six heures par jour (jusqu'à récemment sans même l'obligation de porter un masque), ces enfants ne rentreront pas chez eux comme des positifs asymptomatiques, infectant ceux qui, malheureusement, n'auront même pas la chance d'être asymptomatiques ? Y a-t-il vraiment quelqu'un qui pense que le fait d'avoir maintenu toutes les écoles ouvertes jusqu'au 6 novembre, contribuant à l'engorgement total des transports publics, n'a pas aggravé la situation jusqu'aux chiffres tragiques que nous voyons chaque jour ? Non, nous devons le dire clairement, personne qui veut analyser la situation sérieusement et honnêtement ne croit tout cela.
Les protocoles servent à donner une illusion de sécurité qui ne pourra jamais se concrétiser, en exploitant tant la peur et l'inquiétude de nombreux travailleurs qui craignent le chômage dans cette crise, que le besoin de nombreux secteurs opprimés, comme celui des femmes de s'échapper de leur « prison domestique » où elles sont obligées de faire le ménage et de s'occuper des enfants et des personnes âgées et où elles sont souvent, malheureusement, victimes de la violence masculine. C'est la solution que nous propose le capitalisme : il nous demande d'escalader le volcan en éruption, armés d'un verre d'eau.
Les « scientifiques » et le système de santé national
« Attention ! Il faut distinguer entre les morts de la Covid, qui ont contracté le virus et dont la mort est due à l'évolution de la maladie ; et les morts avec la Covid, c'est-à-dire ceux qui sont morts de l'aggravation d'une maladie préexistante ou parce que celle-ci avait déjà affaibli l'organisme, au point qu'ils ne pouvaient plus surmonter la Covid. » Ce discours, proféré par les infatigables minimisants du risque, est criminel et répond aux intérêts de la classe bourgeoise. Il infuse l'illusion d'un pourcentage de mortalité sélective : une maladie rarement mortelle et qui concerne certaines catégories à risque. Non seulement tout cela est faux. Il suffit de vérifier les données incontournables de la comparaison de la mortalité totale en 2019 et 2020. Mais pour évaluer l'aggravation d'un tableau déjà dramatique, nous devons également ajouter les décès avec la Covid, c'est-à-dire les décès indirects, non comptés dans les statistiques mais dramatiquement réels pour des milliers de familles, de tous ceux qui avaient besoin d'un service de santé pour une raison quelconque et qui ne pouvaient pas être soignés en raison de l'engorgement du système de santé pendant l'urgence pandémique.
Cette rhétorique criminelle est aggravée si elle est propagée par d'illustres médecins qui, en tant que tels, devraient avoir pour seul devoir de calibrer leurs déclarations publiques en fonction des effets sociaux qu'elles peuvent provoquer, en essayant de faire en sorte que la santé collective l'emporte toujours sur les élucubrations des initiés. Car le fait d'adoucir une situation mortelle pour des milliers de personnes ne sert que les intérêts économiques de la classe dominante et fera d'autres victimes parmi les masses populaires. Sans parler de tous ceux qui vont porter cette rhétorique à la télévision telle qu'elle est : tragique, et qui ne sert qu'à signer des protocoles de sécurité pouvant être utilisés et consommés par de grands groupes industriels afin de faire passer des milliers de travailleurs directement à la contagion. Le médecin doit assumer une responsabilité politique qui va au-delà de son rôle de scientifique : il ne doit pas chercher de compromis entre la santé publique et le profit de la bourgeoisie.
Mais le vrai problème, que nous n'avons abordé qu'en passant, est la saturation du système de santé national. Au cours de la dernière décennie, 37 milliards d'euros ont été supprimés pour les soins de santé publics, alors que le financement des soins de santé privés n'a jamais cessé et qu'ils n'ont pas l'intention d'en rester là. Au contraire : le « corporate welfare », solennellement sanctionné dans le Pacte pour l'usine, signé par la Cgil, le Cisl et l'Uil avec la Confindustria et intégré dans tous les renouvellements des contrats nationaux de branche, va détourner dans les poches du capitalisme de la santé une partie importante des ressources allouées au financement général de la santé publique. Dans le même temps, les patrons économiseront en impôts et en cotisations, en finançant les soins de santé privés avec l'argent des pensions des travailleurs ; avec la tranquillité d'esprit de ces bureaucrates syndicaux qui, de leur chaire privilégiée, marmonnent « renforcement de la santé publique » et « défense du système de sécurité sociale », après avoir contribué à l'effondrement des deux.
Telle est la situation des hôpitaux : la santé est un business, une marchandise à haute valeur d'usage et de consommation dont on peut tirer profit en exploitant le désespoir des masses prolétariennes. Avec pour conséquence qu'aujourd'hui, les médecins doivent décider qui soigner et qui ne pas soigner, et que des prolétaires sont condamnés à mourir seuls chez eux ou sur une civière garée dans le couloir d'un hôpital ou, pire encore, dans une ambulance faisant la queue, attendant en vain d'entrer aux urgences.
La bourgeoisie et le prolétariat pendant la crise économique et sanitaire
Pendant les crises du capitalisme, nous assistons à ce que nous appelons la « polarisation de la lutte de classes », c'est-à-dire la démarcation la plus nette entre deux pôles opposés : la bourgeoisie et le prolétariat. Mais il n'y a pas que ça : par extension logique, elle devient aussi la polarisation entre les agents de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier (bureaucraties syndicales et partis réformistes de gauche) et le mouvement révolutionnaire, de sorte que la polarisation de la lutte de classes est la polarisation entre la révolution et la contre-révolution.
La crise économique amènera la bourgeoisie à ne donner même plus des miettes de ses bénéfices ; des millions de travailleurs tomberont dans le drame du chômage, d'autres verront leur revenu réduit de moitié dans le cadre du plan de licenciement qui, s'il arrive, arrivera avec des mois de retard.
Dans ce contexte tragique, caractérisé et aggravé par une pandémie mondiale qui, rien qu'en Italie, en moins d'un an, a déjà fait plus de quarante mille victimes, les travailleurs peuvent assister à la chute du masque de tous les acteurs du système capitaliste : les patrons, qui ne veulent pas perdre leurs profits, n'ont pas arrêté la production et ont envoyé les ouvriers dans les usines ; les gouvernements ont dévoilé leur visage bourgeois en permettant que cela se produise, exemptant tous les secteurs de la bourgeoisie des mesures d'endiguement nécessaires, et canalisant des milliards de milliards d’argent public directement et indirectement (tels que les suppléments pour chômage technique) dans les poches des patrons, en laissant les écoles primaires et les collèges ouverts pour parquer les enfants des travailleurs afin que ceux-ci puissent aller enrichir le patron, en déchargeant les effets d'un semi-confinement (et donc inefficace) sur les masses populaires, les travailleurs, les artisans et les petits commerçants. Les dirigeants syndicaux de la Cgil, de la Cisl et de l'Uil ont signé avec la Confindustria les soi-disant « protocoles de sécurité » pour protéger les profits du patron, mais à l'intérieur des usines, des écoles et des transports publics, le virus continue de circuler et d'infecter, et les chiffres (quoiqu'à la baisse) que nous lisons quotidiennement, en sont la preuve.
Il y a une vérité incontestable que personne ne dit et que nous ne pouvons pas nous permettre d'omettre, car c'est la seule vérité qui nous mène à la solution : si nous étions libérés du profit d'une minorité de milliardaires, cette urgence aurait été résolue en un mois. Nous aurions tout arrêté (tout !) sauf les activités essentielles, garantissant les plus hauts standards de sécurité. Nous aurions eu la richesse et les ressources nécessaires pour garantir un revenu à 100 % pour tous. Nous aurions eu un vaccin depuis des années, depuis la première apparition du Sars en 2002, mais à l'époque, il ne concernait qu'une partie de l'Asie et les industries pharmaceutiques n'ont pas développé de vaccin parce qu'il ne leur garantissait pas de bénéfices.
C'est la vérité de départ et qui nous montre le chemin : dans cette polarisation entre révolution et contre-révolution, la seule voie possible est celle de la révolution socialiste.
Le capitalisme tue
Aujourd'hui plus que jamais, alors que des millions de prolétaires dans le monde entier paient de leur santé et de leur vie les effets de cette crise économique, pandémique et environnementale, nous devons être clairs et crier aux quatre coins de la planète que nous souffrons et mourons du capitalisme. Un système libéré de la contrainte du profit pourrait se permettre d'arrêter complètement la production de biens ; ne devrait pas être perpétuellement actif pour générer les profits d'une minorité insatiable, mais serait planifiée en fonction des besoins de la société ; les heures de travail seraient réduites et les salaires décents ; les secteurs essentiels pendant l'urgence pandémique seraient réellement protégés avec un espace adéquat, des pauses courtes et des changements fréquents de personnel ; il n'y aurait pas de cliniques et de médecins « privés » : chaque centime de la richesse produite serait contrôlé par ceux qui la produisent dans l'intérêt exclusif de la communauté. Pour nous, ce système, c'est le socialisme.
Dans le capitalisme, il n'y aura pas d'issue pour les travailleurs et les masses populaires. La bourgeoisie exploitera la crise pour s'enrichir encore davantage, pour recevoir des fonds publics avec des chiffres de neuf zéros, qui retomberont à charge sur le prolétariat. Nous ne pouvons pas accepter que pour nous, le seul choix offert par le capitalisme soit entre la file d'attente pour une place en soins intensifs et celle pour un plat à la soupe populaire.
La propriété privée doit être abolie, les expropriateurs doivent être expropriés, les bâtiments et les cliniques privés doivent être réquisitionnés, les usines et les territoires doivent passer sous le contrôle des travailleurs et des habitants par le biais d'organes de la démocratie ouvrière.
Le prolétariat doit devenir la classe dominante et libérer l'humanité du profit d'une minorité de milliardaires qui dévastent la planète.
Il est nécessaire d'organiser l'avant-garde consciente dans le seul instrument capable de mener à bien la révolution socialiste : le parti révolutionnaire international.
Nous pensons que ce projet en construction est actuellement la Ligue Internationale des Travailleurs - Quatrième Internationale, dont le Partito di alternativa comunista (PdAC - Parti de l'Alternative Communiste) est la section italienne.
Nous allons bientôt lancer la campagne de recrutement 2021 : venez nous rencontrer, rejoignez-nous !