NON à la marchandisation de l’enseignement !
Les 28 et 29 avril derniers, les ministres de l'enseignement supérieur des 46 pays participant au Processus de Bologne se réunissaient à Louvain-La-Neuve et Leuven. A cette occasion, des protestations de différents pays d'Europe contre la privatisation de l’enseignement se sont unis dans un Contre-Sommet Européen lancé par le collectif « Vague Européenne ». Le contre-sommet s'est déroulé du 25 au 29 avril, avec trois jours de discussions et de débats à l'ULB.Des échanges de nos différentes expériences dans nos pays respectifs, il est ressorti que le Processus de Bologne est l'expression d'une politique cohérente coordonnée au sein de l'Union Européenne par les divers gouvernements ayant pris part au Processus : la destruction du service public d'enseignement supérieur. La Belgique semble être, avec l'Italie, le pays d'Europe continentale où ce processus est le plus avancé.
Le 28, des centaines d'étudiants, dont des délégations de la plupart des universités françaises en grève contre la LRU[1], sont descendus dans les rues de Leuven pour exiger l'abrogation du processus de Bologne. A cette occasion, la ville avait été transformée en camp retranché, et la police a chargé sur les manifestants, faisant plusieurs blessés.
L'après-midi, ces mêmes délégations ont voulu rejoindre la manifestation de ResPACT[2] à la Place Schuman. Ils se sont heurtés au service d'ordre de la Fédération des Etudiants Francophones (FEF), qui les a empêchés de rejoindre les étudiants belges. La détermination de camarades français et italiens a tout de même permis la distribution d'un tract ainsi qu'une prise de parole en fin de manifestation. Ils y dénonçaient le rôle de la FEF comme bureaucratie étudiante, détournant les étudiants belges de la lutte contre le Processus de Bologne.
La campagne ResPACT, qui a pourtant coûté plus de cent mille euros, ne dénonçait pas ces réformes, appliquées par ailleurs par le principal bailleur de fonds de la FEF, la Communauté Française de Belgique.Le lendemain, 400 étudiants ont manifesté à Louvain-La-Neuve, avec des mots d'ordre tels que « Anti-Capitalista » et « Education gratuite, laïque, publique et populaire ». Bien que l'Assemblée Générale des étudiants de LLN ait explicitement donné comme directive de ne pas participer à la manifestation[3], des étudiants de l'UCL l'ont fait et ont tenu à transmettre un message : « Louvain, réveille toi ! ». Il ne revient qu'à nous, étudiants et travailleurs belges, de leur répondre, en nous unissant pour stopper ce processus de privatisation de l’enseignement.
D'autre part, cette manifestation a été le théâtre d'un incroyable déploiement policier.br>Nous ne pouvons pas clôturer ce bilan sans mentionner un regrettable incident. Certains ont profité de l'évènement pour occuper l’auditoire Chavane et saccager une aile d'un bâtiment de l'ULB. Un mouvement spontané des étudiants les ont délogés, rendant de ce fait superflu l'intervention policière dans nos conflits. La police est tout de même descendue sur le campus, mais elle a été renvoyée de manière unanime par les étudiants dénonçant « Police partout, Justice nul part ». Une occupation ne peut être autre que le lieu de développement de la lutte étudiante, ce qui n'était nullement le cas pour cette occupation qui, au contraire, a contribué à l'isolement et au discrédit du combat étudiant contre le processus de Bologne.
2 Une campagne lancée par la FEF en septembre 2007, centrée quasi exclusivement sur le coût des études.
3 Vers L'Avenir, 30/4/09
Déclaration finale du Contre-Sommet Etudiants de toute l’Europe, nous nous sommes réuni à Bruxelles, Leuven et Louvain-La-Neuve depuis le 25 avril 2009 pour débattre à propos du processus de Bologne. Jusque maintenant, aucun pays n’a tenu de vrai débat public avec les ministres de l’Education. Le débat n’a pas seulement été refusé, aussi notre liberté d’expression a été réprimée et nous avons été criminalisés à plusieurs occasions. Aujourd’hui, les ministres de l’Education se sont réunis ici à Louvain-La-Neuve, donc nous, étudiants, avons organisé le contre-sommet de Louvain 2009. Ce processus implique une marchandisation et une dévaluation de la connaissance et nous transforme en objets de consommation. Dans l’actuel contexte de crise générale du système, la tendance en Europe est la privatisation du peu de service public qui reste. Le processus de Bologne est l’application sur l’éducation de la stratégie de Lisbonne, dans le contexte des accords généraux sur les commerces et les services. Un mouvement européen a commencé depuis longtemps et les résistances s'organisent pour construire une éducation juste et accessible pour tous. Nous, étudiants, avons traversé les frontières pour nous organiser et nous mobiliser au niveau international. Le 23 mars 2005, le conseil européen a écrit : « nous invitons tous les états membres à continuer la réduction de leurs niveaux généraux des aides publiques pour atteindre ceux du G8 ». Etudiants, nous répondons : « à toutes ces lois, nous opposons les mêmes revendications ». |