NON à la prohibition dans les écoles

    Récemment, le Centre d'action laïque, par voix de son président, Pierre Galand, s'est déclaré favorable à l'imposition par une loi, de son point de vue concernant la religion.[1] Il vise en particulier une certaine religion, l'islam, et certaines circonstances, l'enseignement dont le pouvoir organisateur n'est pas celui de la religion catholique. Pour accéder à cet enseignement, les femmes de religion islamique devraient renier leur appartenance religieuse et se découvrir la tête.
    Nous sommes, bien sûr, contre l'obligation imposée par une « loi islamique » ou autre contrainte, du port du voile, que ce soit en Iran, en Afghanistan ou en Belgique. D'autre part, comme marxistes, nous sommes conscients du rôle de la religion pour imposer l'idéologie de la classe dominante. Mais nous respectons les croyances religieuses des travailleurs. Nous les respectons beaucoup plus que la bourgeoisie, qui parle seulement de liberté religieuse pour justifier qu'elle dépense l'argent de l'Etat (le nôtre) afin de payer la vie somptueuse des évêques, ou pour permettre à l'église catholique de décider comme « pouvoir organisateur » sur la moitié du réseau d'enseignement dans notre pays, ou encore pour donner au Cardinal-Archevêque une préséance protocolaire sur les Présidents de la Chambre et du Sénat et sur le Premier Ministre. 
    Pour nous, comme pour Marx, « La misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature oppressée, le cœur d'un monde sans cœur, ainsi que l'esprit d'une situation dépourvue d'esprit. »[2] Et ce n'est pas par hasard que ce soit précisément un secteur plus exploité encore que d'autres travailleurs par ce monde sans cœur, les immigrants, parmi lesquels la religion islamique est plus présente, qui fasse les frais de cette discrimination religieuse. Parmi les voix qui s'élèvent contre le port du voile à l'école, il y a clairement une certaine tendance xénophobe, qui va jusqu'à proposer des écoles ghetto, spécifiques pour les femmes de religion islamique. 
    Pour nous, il s'agit d'en finir avec cette misère réelle. Et cela se fera, entre autres, en offrant une éducation de la meilleure qualité pour tous - moyennant les budgets adéquats -, plutôt que par des exclusions. Cela se fera en combattant la réelle oppression de la femme, comme la discrimination salariale, le manque de crèches etc., une oppression soutenue par la bourgeoisie qui, hypocritement ne voit l'oppression que dans l'apparition d'un foulard. Le combat contre cette oppression réelle fait partie de la lutte pour une autre société, la société socialiste, dans laquelle les travailleurs pourront finalement aussi convaincre la plupart d'entre eux du rôle réel de la religion dans le monde.
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1 Le Soir, 18 sept. 2009
2 Karl Marx, Critique de "La philosophie du droit" de Hegel, 1844 - le texte cité termine par « La religion est l'opium du peuple. »