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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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Vive la lutte des femmes travailleuses et pauvres contre l'oppression et l'exploitation capitaliste

Chaque année, le 8 mars, on nous parle des avancées de la femme, de sa libération, de ses conquêtes. On nous parle des femmes comme un tout, comme s'il existait « La Femme ». Et l'image qui reste est que les femmes sont émancipées et que l'oppression est arrivée à sa fin. Comme exemple, on cite Condoleezza Rice, Hillary Clinton, Michele Bachelet, Cristina Kichrner, Dilma Roussef et tant d'autres qui occupent des postes dans les gouvernements ou ont une importante activité politique.
   Mais toutes les femmes ne sont pas égales. Les bourgeoises, les patronnes, les propriétaires, sont différentes des femmes travailleuses et pauvres. Bien qu'étant toutes femmes, leurs vies sont différentes et elles ont donc des intérêts différents. Tandis que la situation des premières va de mieux en mieux, les secondes sont de plus en plus pauvres, opprimées, exploitées. L'ONU elle-même le confirme. Dans son dernier rapport, elle cite un fait qui réfute tout le discours des médias sur la libération de la femme : 70 % des pauvres de ce monde sont des femmes ! Cela veut dire qu'en 2008, la pauvreté a un visage féminin.

Qu'y a-t-il donc à fêter en cette Journée Internationale de la Femme ?

   Les femmes travailleuses et pauvres ont peu de choses à fêter, parce que leur condition d'opprimées est de plus en plus utilisée pour aug-menter l'exploitation de la main d'œuvre féminine, qui représente déjà plus de la moitié de la main d'œuvre mondiale.
   On nous dit qu'actuellement les femmes ont davantage d'emplois. Mais quel type d'emploi ? Les politi-ques néo-libérales ont réservé pour les femmes les travaux les plus précaires, les plus misérables et sans qualification. La plupart des femmes continuent à être confinées dans les travaux traditionnellement considé-rés comme « féminins », l'infirmerie, l'enseignement, la prestation de services, le commerce et, principalement, le service domestique. Dans la plupart des pays du monde, la proportion de femmes dans les secteurs de pointe de l'économie et de l'industrie ne dépasse pas les 20%. L'inégalité salariale augmente : en moyenne, les femmes reçoivent 30% de moins que les hommes.
   Malgré cette inégalité salariale et les travaux précaires, aujourd'hui 30% des familles sont à charge des femmes.

A la maison, journée double, violence domestique et destruction de la famille.

Les femmes travailleuses et pauvres continuent à avoir sur le dos la surcharge des tâches domestiques. Des millions de femmes dans le monde entier passent une grande partie de leur vie dans la cuisine, lavant la vaisselle et le linge, des travaux qui les abrutissent, détériorent leur santé et l’estime qu’elles ont d’elles-mêmes, et pour lesquelles elles ne reçoivent rien en contrepar-tie. La société patriarcale, qui se considère si moderne et d'avant-garde, continue à nourrir l'idéologie néfaste que « la maison est le domaine de la femme » et que c'est donc à elle de cuisiner, laver, repasser, s'occuper des enfants.
   C'est un des plus grands facteurs d'oppression, car celles qui veulent exercer une profession ou ont besoin de travailler pour subvenir aux be-soins de leur famille, doivent se charger d'une double journée. Après un jour de travail dans l'usine, dans l'école ou dans n'importe quel em-ploi, la femme retourne à la maison face au travail domestique angoissant.
   Le capitaliste s'approprie ce travail non payé, fondamental pour reproduire la force de travail, et maintient la femme comme partie fondamen-tale de l'armée industrielle de ré-serve, prête à être employée ou mise au chômage selon les besoins du capital.
   Pour les femmes noires, jeunes et immigrantes, l'exploitation se renforce encore davantage, parce que l'oppression énorme dont elles souf-frent les rend plus vulnérables au chômage et au semi-esclavage.
   La violence contre la femme aug-mente dans tous les pays. La famille est exaltée comme pilier de base de la société, mais le souci capitaliste d'extraire de plus en plus de profit par la surexploitation des travailleurs, hommes, femmes ou enfants, et même des peuples entiers, détruit la famille du travailleur. La recherche d'emploi et de meilleures conditions de vie provoque les mouvements migrateurs. La violence urbaine pro-voque la mort de millions de jeunes dans les grandes villes. Et tout cela contribue à désagréger les familles des travailleurs, avec ce que cela représente de malheur, de violence et d'abandon.
   La lutte pour la survie et le manque de perspectives continuent à mener des millions de femmes à la prostitution, à une vie risquée de coexistence avec la criminalité et à la destruction de l’estime qu’elles ont d’elles-mêmes.
   Les mêmes médias qui exaltent « l'émancipation de la femme », continuent à la traiter comme un objet sexuel, comme un produit de consommation. Les normes de beauté imposées par l'industrie, continent à mener des millions de femmes à l'anorexie et à la mort dans des cliniques de chirurgie plastique. Tout cela représente une aggravation sans précédent du poids de l’oppression qui pèse continuellement sur le dos des femmes.
   Dans la plupart des pays coloniaux et semi-coloniaux, des millions de femmes pauvres meurent au cours d’avortements mal faits ou en gar-dent des lésions graves. Le même capitalisme qui les condamne à souf-frir de la faim et à voir la destruction de leurs enfants sans pouvoir y re-médier, les condamne à la mort en empêchant la légalisation de l'avor-tement, sur la base d'une morale hypocrite.

L'exploitation détermine le degré d'oppression sur la femme

Toutes les femmes sont opprimées, mais pas de la même manière. Ce qui détermine le degré d'oppression qui pèse sur une femme, c'est la classe sociale à la-quelle elle appartient. L'exploitation, l'appropriation du travail des grandes masses d'hommes et de femmes, de la part de la classe bourgeoise, est l'inégalité maximale qui existe entre les personnes.
   Cette inégalité implique un antagonisme total et irréconciliable entre exploitants et exploités, entre les classes et entre leurs partis et organisations. Tant qu'existera l'exploita-tion capitaliste et impérialiste, la majorité des femmes devra faire face tous les jours aux problèmes qui concernent tous les exploités du monde, indépendamment de leur sexe, race ou couleur. Ces problè-mes communs, la faim, la misère, le chômage, les bas salaires, la destruction des services publics, l'incertitude face au futur, la violence quotidienne et de plus en plus brutale qui détruit nos familles, tout cela unit tous les exploités du monde avec des liens d'acier. C'est ce qui fait que la majorité des femmes aient la même préoccupation centrale que les hommes de leur classe : la lutte pour la survie.
   C'est pourquoi, les femmes travailleuses doivent s'organiser dans les organismes de leur classe, les syndicats, les centrales ouvrières, les coordinations de lutte, les organisations des Sans-Terre... ainsi que dans le parti révolutionnaire pour combattre le capitalisme et l'impéria-lisme et pour construire le socialisme.

Les travailleurs et leurs organisations doivent assumer la lutte contre l'oppression de la femme comme une lutte de toute la classe.

Tant qu'existera l'exploitation capi-taliste et impérialiste, les revendica-tions propres de la femme, comme la nécessité urgente de la légalisation de l'avortement, les crèches dans les lieux de travail, la fin du harcèlement sexuel, la fin de l'inégalité salariale, la fin de la violence domestique, doivent être assumées par l'ensem-ble de la classe travailleuse, hom-mes et femmes. La lutte contre l'op-pression doit aller de pair avec la lutte contre l'exploitation économi-que, avec la lutte anti-impérialiste et pour la révolution socialiste.
   Chaque femme qui s'affilie au syndicat ou participe à une grève, fait un pas fondamental dans son émanci-pation. Chaque fois qu'une femme prend conscience de sa situation d'opprimée et se dispose à y faire face (dans son travail, son syndicat, sa famille, son parti), elle fait aussi un pas de plus dans la lutte contre l'oppression. Chaque fois que nous faisons face au machisme et toutes ses manifestations néfastes au sein de notre classe, nous avançons dans notre lutte contre les idéologies bourgeoises. Chaque femme qui prend conscience de son importance dans la lutte pour le socialisme et est disposée à aider dans la construction du parti révolutionnaire, ouvre le chemin pour l'émancipation totale de toutes les femmes.
   Pour conquérir cette émancipation totale de toutes les femmes, il est nécessaire que la classe travailleuse prenne le pouvoir dans tous les pays et commence à construire la société socialiste, dans laquelle il y a moyen d'avancer vers une solution défini-tive, à partir de l'élimination des ba-ses matérielles de l'oppression.    Depuis la Ligue Internationale des Travailleurs - Quatrième Internationale, nous appelons les femmes travailleuses à combattre au sein de notre classe contre l'oppression, comme une partie de la lutte de la classe travailleuse contre l'exploita-tion capitaliste, contre l'impérialisme et pour la révolution socialiste. Sans la participation des femmes - la moitié de la classe ouvrière - le socialisme et la fin de toute oppression ne sera qu'un rêve irréalisable !

Secrétariat International
Ligue Internationale des Travailleurs
Quatrième Internationale
mars 2008