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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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24 avril 2015
Alicia Sagra - du PSTU-A, le parti argentin de la LIT-QI

La journée internationale des travailleurs

Tous les travailleurs savent que le 1er mai est notre jour ; mais certains ne savent pas que ce n'est pas un jour de fête, mais une journée de lutte.
   En 1889, un congrès ouvrier à Paris, celui de la fondation de l'Internationale Socialiste (la Deuxième Internationale), appela – sur initiative des travailleurs étasuniens – à lancer une campagne mondiale pour la journée de 8 heures ; et le Congrès proclama cette journée comme la Journée Internationale des travailleurs, en hommage aux martyrs de Chicago.

Qui étaient les martyrs de Chicago ?

Au cours de l'année 1877, de grandes luttes ouvrières débutèrent aux Etats-Unis et furent fortement réprimées par des matraquages, des tirs et des emprisonnements, ce qui posait la nécessité d'avancer dans l'organisation.
   En 1880 fut fondée la Federation of Organized Trade and Labour Union (Fédération des Organisations de Syndicats Ouvriers et du Commerce) des Etats-Unis. Et en 1884 fut adoptée une résolution de lancer la lutte pour la journée de 8 heures de travail. Cela suscita un grand intérêt et soutien parmi les travailleurs, qui avaient des journées de 10, 12, voire 14 heures, y compris les femmes et les enfants qui, en outre, recevaient un salaire inférieur. Cet intérêt se manifesta dans une grande augmentation du nombre de travailleurs qui devenaient membres du syndicat.
   En 1886, le Président étasunien, Andrew Johnson, promulgua la dénommée Loi Ingersoll, qui établissait les « 8 heures », mais qui restait lettre morte. Et la Fédération décida alors d'imposer les 8 heures avec une grève générale à travers les Etats-Unis, à partir du 1er mai.
   Des dizaines de milliers de travailleurs et de chômeurs descendirent dans la rue ce 1er mai, à New York, à Detroit, à Cincinnati. A Chicago, la grève paralysa presque entièrement la ville.
   Beaucoup d'entreprises embauchèrent des briseurs de grève et des hommes de main pour réprimer les réunions des grévistes. C'était le cas à l'usine de Mc Cormick. Le 3 mai, une concentration de grévistes et leurs familles, en face de l'usine, fut fortement réprimée, laissant plusieurs blessés, y compris des femmes, des personnes âgées et des enfants.
   Pour éviter que la même chose ne se répète, une réunion fut convoquée le lendemain dans un espace ouvert connu comme Haymarket Square.
   La réunion se déroula sans incident, mais quand le dernier orateur était encore en train de parler et que les gens se dispersaient déjà sous la pluie, un contingent de 200 policiers arriva sur place, ordonnant la dissolution du rassemblement. A ce moment-là, une bombe explosa dans les rangs des policiers et en tua un, ce qui provoqua une répression violente à tirs de fusils contre les quelques grévistes qui se trouvaient encore sur la place, dont plusieurs furent gravement blessés.
   On n'a jamais su qui avait lancé la bombe, mais il y avait de sérieux soupçons que l'auteur était un provocateur nommé Rudolf Schnaubelt, qui avait été emprisonné à plusieurs reprises, mais avait toujours été rapidement libéré. Cette bombe fut toutefois utilisée par les politiciens et les patrons pour déclencher une « chasse aux sorcières » contre les travailleurs. Dans tout le pays, des maisons furent perquisitionnées, des journaux fermés et des assemblées interdites ; et les dirigeants de la Fédération furent arrêtés, en particulier ceux qui étaient anarchistes.
   Les journaux faisaient campagne contre les dirigeants syndicaux et appelaient à appliquer un châtiment exemplaire contre les anarchistes et autres communistes qui « mettaient les gens bien en danger ».
   Le 5 mai, à Milwaukee, la milice de l'Etat perpétra un massacre sanglant lors d'un rassemblement de travailleurs, fusillant huit travailleurs polonais et un allemand, accusés de violation de la loi martiale.
   A Chicago, un grand nombre de travailleurs et de dirigeants furent arrêtés et un procès frauduleux fut finalement mis en scène contre huit travailleurs anarchistes : George Engel, Samuel Fielden, Adolf Fischer, Louis Lingg, Michael Schwab, Albert Parsons, Oscar Neebe et August Spies. Le jury était composé d'hommes d'affaires et un parent du policier mort. Le procureur déclara que les prisonniers étaient accusés parce qu'ils étaient les leaders de la journée, et il demanda un châtiment exemplaire qui permettrait de sauver les institutions en danger.
   Il était impossible de prouver quoi que ce soit contre eux. Le seul à avoir participé au rassemblement du 4 mai était l'orateur qui parlait au moment où la bombe avait été larguée. Malgré cela, tous furent condamnés : un à 15 ans de prison, deux à la prison à vie et cinq à la mort.
   Le 11 novembre 1887, à midi, Spies, Engels, Parsons et Fisher furent conduits à l'échafaud, alors que le cinquième condamné, Louis Lingg, s'était suicidé dans sa cellule. Ce sont eux les martyrs de Chicago. Leur cortège funèbre fut accompagné d'un demi-million de personnes et c'est en leur hommage qu'est célébré le Premier mai comme Journée internationale des travailleurs.

Les 8 heures ont été acquises, mais la lutte continue

Vers la fin de 1886, plusieurs patrons concédèrent les 8 heures pour des centaines de milliers de travailleurs ; en 1938, les 8 heures furent acquises partout dans les Etats-Unis ; et l'acquis s'est alors étendu dans le monde entier.
   Mais les martyrs de Chicago ne combattaient pas seulement pour les 8 heures. Ils étaient conscients du fait que, sans la défaite du système capitaliste et l'imposition de la société socialiste, les injustices sociales allaient continuer et les acquis seraient finalement détruits.
   Et c'est ce qui est en train de se passer. Aujourd'hui, très peu de travailleurs parviennent à vivre avec seulement 8 heures de travail. Les capitalistes déchargent sur notre dos les conséquences de la crise économique qu'ils ont causée. Il y a non seulement nos bas salaires, mais aussi les suspensions, les licenciements, la destruction des soins de santé et de l'éducation publique et le pillage de nos ressources naturelles. Et tout comme en 1886, ceux qui luttent sont persécutés et victimes de poursuites judiciaires frauduleuses, comme celle qui a condamné les travailleurs pétroliers de Las Heras à la réclusion à perpétuité.
   C'est pourquoi la lutte continue. Et actuellement, comme alors, cette lutte doit être internationale, car ce qui nous arrive à nous est le sort de tous les travailleurs dans le monde. Nous subissons tous les mêmes plans d'ajustement et de pillage qui nous sont imposés par l'impérialisme, et tous les travailleurs du monde doivent donc s'unir pour combattre ce dernier.