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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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Trotsky Trotsky : la bataille pour la démocratie ouvrière

En août 1940, il y a 70 ans, Léon Trotsky a été assassiné. Dans différentes parties du monde, on rend hommage au grand révolutionnaire russe.
   La lutte contre la bureaucratie et pour la démocratie ouvrière fut une constante chez Trotsky, bien qu'il n'ait pas été le premier à identifier le problème.
   Ce fut Lénine qui, déjà en 1920, a commencé à indiquer le danger des "déformations bureaucratiques" à l'intérieur de l'Etat soviétique. Sa préoccupation avait à voir avec la croissance de l'appareil d'Etat, le développement de la bureaucratie et son reflet à l'intérieur du parti.
   En décembre 1922, alors que se préparait le 12ème Congrès du PC russe, il envoya une note à Trotsky en lui proposant de former " un bloc contre la bureaucratie en général et contre le Bureau d'Organisation (dirigé par Staline) en particulier "[1]. Mais il n'a pas pu être mener cette bataille. Le 9 mars, Lénine a subi une nouvelle attaque qui l'a maintenu paralysé jusqu'à sa mort, le 24 janvier 1924.

La lutte contre la bureaucratisation de l'Etat

A partir de 1923 Trotsky devint la référence de la confrontation à la bureaucratie qui peu à peu s'était hissée au pouvoir. Il questionna la politique économique, qui ne promouvait pas l'industrialisation, ainsi que le manque progressif de démocratie dans la prise des décisions et sa relation avec la perte de démocratie interne du parti.
   Sur les causes et la signification de la bureaucratisation, il dit " Il est indigne d'un marxiste de considérer que le bureaucratisme est seulement l'ensemble des mauvaises habitudes des employés de bureau. Le bureaucratisme est un phénomène social en tant que système déterminé d'administration des hommes et des choses. Ses causes plus profondes sont l'hétérogénéité de la société, la différence des intérêts quotidiens et fondamentaux des différents groupes de la population. Le bureaucratisme se complique avec le manque de culture des masses. Chez nous, la cause essentielle du bureaucratisme réside dans la nécessité de créer et de soutenir un appareil étatique qui unisse les intérêts du prolétariat avec ceux des paysans dans une harmonie économique parfaite dont nous sommes encore très loin [...]. En d'autres termes, le bureaucratisme dans l'appareil d'Etat et dans le parti est l'expression des pires tendances inhérentes à notre situation, des défauts et des déviations de notre travail qui, dans certaines conditions sociales, peuvent miner les bases de la révolution. " [2].
   Trotsky en appelle alors à l'ensemble du parti, spécialement aux nouvelles générations, pour combattre ce processus dégénératif de l'Etat soviétique : " La lutte contre le bureaucratisme de l'appareil étatique est une tâche exceptionnellement importante, mais qui exige beaucoup de temps, et se mène plus ou moins en parallèle avec nos autres tâches fondamentales : la reconstruction économique et l'élévation du niveau culturel des masses [...]. L'instrument historique le plus important pour la réalisation de toutes ces tâches est le parti. Evidemment, le parti ne peut pas s'arracher aux conditions sociales et culturelles du pays. Mais, en tant qu'organisation volontaire d'avant-garde des meilleurs éléments, les plus actifs, les plus conscients de la classe ouvrière, il peut, beaucoup plus que l'appareil étatique, se prémunir contre les tendances du bureaucratisme. Pour cela, il doit clairement identifier le danger et le combattre sans trêve. [...] De là l'importance énorme de l'éducation de la jeunesse du parti, basée sur l'initiative personnelle, si on veut modifier le fonctionnement de l'appareil d'Etat et le transformer. " [3]
   Et cette bataille a eu lieu. Trotsky comptait dans ses rangs les meilleurs éléments des dirigeants historiques et de la jeunesse. Mais la défaite de la révolution mondiale, la fatigue et la démoralisation de la classe ouvrière russe, ajoutées à l'impressionnant retard de la Russie, ont permis à ceux qui contrôlaient l'appareil de triompher. Trotsky a été écarté de toutes ses responsabilités dans l'Etat et dans le parti et a été expulsé du pays. Ses partisans, sa famille et ses amis ont été poursuivis, emprisonnés, assassinés... Et Staline a consolidé son pouvoir avec les " procès de Moscou "[4] où il a fini par emprisonner et exécuter tous ceux qui s'opposaient à lui, dont beaucoup étaient des dirigeants de la révolution et du parti quand Lénine était encore en vie.

La lutte pour la démocratie ouvrière dans les syndicats

Malgré les pertes subies, tant politiques que personnelles, Trotsky a continué sa bataille dans l'exil. Avec l'Opposition de Gauche Internationale, il développa la bataille qui se terminera par la fondation de la IVème Internationale. Au cours de ce processus, il promut la formation des différentes sections nationales et en orienta leur intervention dans la lutte de classes. Parmi ces orientations, la politique envers les syndicats et la bataille contre la bureaucratie syndicale avaient une grande importance.
   Trotsky s'opposait aux sectaires, qui refusaient d'entrer dans les syndicats parce que ceux-ci étaient dirigés par la bureaucratie, et aux opportunistes, qui s'adaptaient aux pressions de l'appareil syndical.
   Ainsi disait-il : " Le capitalisme peut seulement se maintenir en réduisant le niveau de vie de la classe ouvrière. Dans ces conditions, les syndicats peuvent soit se transformer en organisations révolutionnaires, soit devenir des collaborateurs du capital dans l'exploitation croissante des travailleurs.
   La bureaucratie syndicale, qui a résolu de manière satisfaisante son propre problème social, a pris le second chemin. Elle a fait valoir toute l'autorité accumulée par les syndicats contre la révolution socialiste et même contre toute tentative des travailleurs de résister aux attaques du capital et de la réaction. À partir de ce moment, la plus importante tâche du parti révolutionnaire est devenue la libération des travailleurs de l'influence réactionnaire de la bureaucratie syndicale.
 "[5].
   Nous devons nous adapter aux conditions existantes dans chaque pays pour mobiliser les masses non seulement contre la bourgeoisie mais aussi contre le régime totalitaire des syndicats eux-mêmes et contre les dirigeants qui soutiennent ce régime. La première consigne de cette lutte est : indépendance totale et inconditionnelle des syndicats par rapport à l'Etat capitaliste. Cela signifie lutter pour transformer les syndicats en organismes des masses exploitées et non de l'aristocratie ouvrière.
   La seconde consigne est : démocratie syndicale. Cette seconde consigne découle directement de la première et présuppose, pour sa réalisation, l'indépendance totale des syndicats par rapport à l'Etat impérialiste ou colonial. 
" [6].

La lutte pour la démocratie ouvrière caractérise le trotskysme

Nahuel Moreno faisait cette affirmation et y ajoutait. " Notre véritable raison d'être est la lutte pour la démocratie ouvrière. [...] La démocratie ouvrière pour exercer le pouvoir, la démocratie ouvrière pour diriger les syndicats. [...] J'insiste que c'est le point qui nous différencie [nous les trotskistes] dans tout. Il nous différencie même de courants qui se considèrent révolutionnaires et qui s'en fichent de la démocratie ouvrière. "
   Si nous observons l'oeuvre de Trotsky, nous ne pouvons qu'être d'accord avec Moreno. Mais ce n'est malheureusement pas ce que voient les travailleurs argentins au jour le jour, quand des organisations qui se revendiquent du trotskysme imposent les accords entre tendances, par-dessus la démocratie ouvrière, et détruisent toutes les instances qu'elles ne peuvent pas diriger. Ce n'est pas ce trotskysme-là que nous revendiquons.

Alicia Sagra, du parti argentin de la LIT-QI.
Août 2010


1 Journal des secrétaires de Lénine.
2 L. Trotsky, Cours Nouveau, 1923 - Art. Le bureaucratisme et la révolution, point 14.
3 Ibidem, point 15.
4 Procès frauduleux mis en place par Staline en août 1936, janvier 1937 et mars 1938.
5 L. Trotsky, Les syndicats en Grande-Bretagne, septembre 1927.
6 L. Trosky, Les syndicats à l'ère de la décadence impérialiste, août 1939.>