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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

Newsletter

14 novemmbre 2015
Secrétariat international de la LIT-QI

Les attentats à Paris

La France a connu l'une de ses nuits les plus dramatiques depuis des années. La terreur s'est emparée de Paris, suite à une série d'attaques suicides menées en huit points de la ville et qui, selon un comptage partiel, ont fait au moins 127 morts et plus de 200 blessés, dont beaucoup dans un état grave.

   La plupart sont morts criblés de balles dans la salle « Le Bataclan », bondée de gens qui assistaient à un concert musical. Il y eut d'autres attaques avec des bombes et des armes automatiques, dans les restaurants à proximité et dans les environs du Stade de France, où se jouait un match de foot amical entre les équipes française et allemande. Après l'explosion de l'un des kamikazes, la foule qui assistait au match s'est mise à courir, terrifiée, et est descendue sur le terrain de jeu. Huit assaillants sont morts en enclenchant leurs ceintures chargées d'explosifs.
   Nous sommes confrontés à une des plus grandes attaques terroristes dans une capitale européenne depuis des décennies. Cette attaque peut seulement  être comparée à l'attentat au métro de Madrid du 11 mars 2004, revendiqué par Al-Qaïda, avec 191 personnes assassinées et près de 2 000 blessées.
   Le président français, François Hollande, a rapidement répondu par des déclarations comme « le combat [contre les terroristes] sera sans pitié » ; « la France sera impitoyable ». A cet égard, ses premières mesures furent l'imposition de « l'état d'urgence » dans tout le pays et l'annonce de la fermeture totale des frontières. Il a également ordonné la mobilisation de l'armée et a immédiatement envoyé plus de 1 500 soldats dans les rues ; lesquels  rejoignent les 7 000 qui patrouillent déjà Paris en permanence depuis l'attaque contre le siège de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, perpétré en janvier de cette année.
   A l'aube, Hollande a fait d'autres déclarations publiques depuis l'Elysée. Il a dit n'avoir « aucun doute » sur le fait que la responsabilité des attaques incombait à l'Etat islamique : « Il s'agit d'un acte de guerre commis par ISIS – son sigle en anglais – contre les valeurs que nous défendons ». Le président français a également laissé entendre que les terroristes auraient agi moyennant « des complices à l'intérieur du pays ».

Face à ces faits, nous manifestons :

   1. Notre rejet total des attentats qui ont coûté la vie de personnes innocentes à Paris. Nous exprimons notre solidarité avec les blessés et avec les familles des victimes décédées. Nous ressentons profondément la douleur du peuple de Paris.
   2. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité des attentats. Cela ne devrait surprendre personne, car c'est un « parti-armée » qui prône un programme théocratique ultra réactionnaire et utilise des méthodes fascistes pour terrifier et asservir des populations entières en Syrie et en Irak. Des actions de ce type, selon la méthode dite de « terrorisme individuel », pourraient être vues par certains comme « anti-impérialistes », par le fait d'avoir été réalisées dans une capitale importante, la capitale française. Mais il n'en est rien. Il s'agit d'une action clairement réactionnaire, utilisée contre la classe ouvrière européenne et immigrée. Il s'agit en effet d'attaques contre de simples gens, dont beaucoup sont des travailleurs. Non seulement elles ne sont pas dirigées contre les capitalistes et elles n'« affaiblissent » pas les Etats impérialistes, mais, à l'inverse, elles les « renforcent » – au moins provisoirement –, car elles offrent des arguments aux gouvernements pour attaquer, avec une escalade répressive et réactionnaire, les minorités ethniques et religieuses, ainsi que le mouvement ouvrier et la gauche en général. Dans ce cas, l'offensive sera dirigée sûrement contre les immigrés arabes et musulmans, et contre les dizaines de milliers de personnes qui arrivent, ou essayent d'arriver du Moyen-Orient, en tant que « réfugiés ». Les médias bourgeois tentent d'associer, une fois de plus, « l'islam » avec l'Etat islamique, alors qu'une telle comparaison est complètement fausse et absurde.
   3. En même temps, le rejet, à juste titre, de l'Etat islamique et de ses méthodes ne devrait pas empêcher la condamnation de l'énorme et dégoûtante hypocrisie  de Hollande, de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, d'Obama, de Merkel, etc., qui essayent de redorer leur blason avec une prétendue défense des « valeurs humaines » et de la « démocratie » contre la « barbarie terroriste », alors qu'ils ont promu de terribles invasions au sol (comme en Irak et en Afghanistan) qui ont causé des centaines de milliers de morts au Moyen-Orient et qu'ils sont actuellement les protagonistes des bombardements en Syrie et en Irak. Les gouvernements européens et étasunien ont beau mettre en avant et revendiquer la lutte contre la « civilisation » et contre la « barbarie », ils sont les premiers responsables pour le sauvage terrorisme d'Etat au Moyen-Orient. Les marques de leurs griffes impériales remontent aux siècles de colonialisme dans la région – en Algérie, par exemple, dans le cas Français –, sans oublier l'imposition et le maintien de dictatures sanglantes – comme celle de Bachar al-Assad, en Syrie – et le génocide de populations entières moyennant des interventions militaires, y compris l'historique nettoyage ethnique en Palestine. Il est donc nécessaire de rejeter catégoriquement les méthodes atroces de l'Etat islamique, mais sans oublier  une seconde, et sans cesser de dire que les plus grands terroristes de l'histoire humaine sont les puissances impérialistes.
   4. Le cynisme de ces messieurs n'a pas de limites. La presse internationale commence déjà à parler du « 11 septembre français » et beaucoup soulèvent ouvertement la promotion d'une « guerre totale contre le terrorisme » dans le style de George W. Bush. A cet égard, nous nous opposons à toutes les mesures répressives que Hollande a annoncées : l'état d'urgence et davantage de militarisation. Il est certain que cela sera utilisé contre les immigrants qui peinent à essayer de survivre en France et dans d'autres pays européens. La « fermeture des frontières » est clairement associée à la politique de ne plus accueillir des « réfugiés », à un moment où nous sommes témoins de la plus grande vague de migration en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour appliquer toutes ces mesures réactionnaires, Hollande et les autres gouvernements européens vont s'appuyer sur l'inévitable renforcement du climat de racisme et de xénophobie qui se nourrit de telles attaques. Les partis d'extrême droite, du genre Le Pen et autres, feront certainement leurs choux gras de ce climat pour essayer de responsabiliser et de poursuivre directement les réfugiés qui fuient la guerre en Syrie et dans d'autres pays du Moyen-Orient. La politique de Hollande et de l'impérialisme européen appelle à une supposée « unité nationale et internationale contre la terreur ». Mais nous donnons alertons : cette rhétorique est un écran de fumée pour attaquer les libertés démocratiques des peuples européens eux-mêmes et pour poursuivre sans merci les immigrants et les réfugiés.
   5. La gauche mondiale, et en particulier la gauche européenne, ainsi que tout le mouvement ouvrier, social et de promotion des droits de l'Homme, doit rejeter dans la rue l'ensemble de ces mesures répressives et discriminatoires du gouvernement français, dont l'Etat islamique a facilité l'application avec ses méthodes terroristes.

Secrétariat international
São Paulo, le 14 novembre 2015

Toute notre solidarité avec les victimes et leurs familles !
A bas les mesures répressives de Hollande, facilitées par l'action terroriste de l'Etat islamique !
Contre toute forme de xénophobie et d'islamophobie !
L'asile, immédiatement et sans restriction, pour tous les réfugiés qui arrivent en France et en Europe !