Nous ne sommes pas des clandestins, nous ne nous cacherons pas, nous sommes des travailleurs sans papiers, il faut régulariser !
C'est sous ce titre que les sans-papiers en France appellent à manifester, le 26 janvier. (Le Quotidien des Sans-Papiers)Grève de la faim collective, manifestations des détenus sans papiers dans les centres de rétention de Mesnil Amelot et Vincennes, grève de la faim durant 75 jours à Lille en juin/juillet/août, suicides ou chutes mortelles de sans papiers pour échapper aux arrestations et aux expulsions sont les manifestations de résistance multiforme à la chasse policière déclenchée par les objectifs chiffrés de quotas de reconduites à la frontière : 15 000 en 2004, 20 000 en 2005, 25 000 en 2006 et 2007.
La République des citoyens une et indivisible proclamée en 1789/93 sur la base du principe les humains naissent libres et égaux en droit est mise à mal par la « rupture » initiée par le régime Sarkozy. L’état de droit, fondement de la République, est bafoué comme le constate la Cimade : « Quotas d’expulsion, examen superficiel des situations individuelles, promiscuité accrue dans les gros centres de rétention : si certains peuvent s’étonner des incidents actuels, ils pourraient tout autant s’étonner qu’il n’en y ait pas plus ! [ …]
Particulier, par son ampleur et par sa durée, ce mouvement exprime l’angoisse, le désespoir et le sentiment d’injustice des personnes enfermées dans les centres de rétention en France, dans la crainte d’une expulsion imminente. Indépendamment de l’opinion que l’on peut porter sur la politique d’immigration actuelle, une chose est certaine : les méthodes employées créent de la souffrance, des drames supplémentaires. Elles doivent et peuvent être changées sans attendre. [...] La pression de l’administration et de la police sur les sans-papiers est maximale ».
La traque des sans papiers jusque dans les écoles, y compris les maternelles doublée des appels et incitations à la délation est maintenant complétée par les quotas ethniques racistes de la liste des 150 métiers réservés aux immigré(e)s européens et 30 métiers qualifiés réservés aux immigré(e)s d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du sud et Roms. Le projet de « civilisation » dont parle le Président Sarkozy ressemble fort à l’importation au sein même de l’hexagone et l’application aux « étrangers de pays tiers » des veilles pratiques barbares, inhumaines et liberticides des « missions civilisatrices » que furent la traite des noirs, l’esclavage et la colonisation.
Pour mesurer l’état réel de la démocratie dans un pays, il faut regarder comment y sont traités les étrangers. Ensuite inévitablement les traitements dégradants, qui marquent une forme de retour à la loi bestiale de la jungle, sont étendus au mouvement social dans ensemble, à la société dans sa totalité. Une leçon de l’histoire à retenir pour qu’ensemble, sans papiers, immigré(e)s réguliers, français(e)s, travailleurs de toutes origines, nous répondions massivement à cet appel salutaire des résistants sans papiers : « Nous, Sans-papiers du Mesnil-Amelot, nous nous déclarons en grève de la faim.
Le chiffre de 25 000 expulsés devant être atteint pour le 01 janvier 2008, la police expulse tout le monde et n’importe qui ! Nous nous sommes fait arrêtés pour certains lors de démarches au commissariat, pour d’autres lors de démarches administratives, pour beaucoup lors de rafles anti-immigrés. Nous refusons d’être traités comme des sous-hommes et appelons l’ensemble des gens qui pensent encore que nous sommes des êtres humains à dire "Stop" à cette politique raciste. Nous ne sommes pas des militants politiques venus foutre le bordel chez vous mais bel et bien des travailleurs désireux de vivre dignement ».La résistance et la lutte ont fait échec à la politique du chiffre des expulsions pour donner satisfaction à Le Pen.
En cette 12éme année de lutte, les sans papiers réaffirment avec force : Nous refusons la clandestinité qui fabrique la délinquance, l’insécurité, les filières de trafiquants, les patrons voyous qui fraudent le fisc, la corruption de l’administration.
Le clandestin, c’est l’étranger qui accepte de vivre cacher, inconnu des Préfectures. Le sans papiers, c’est l’étranger qui refuse de se cacher, qui est un usager du service public que devrait être la préfecture, qui cherche ainsi à vivre et à travailler légalement, qui même si l’Etat lui impose l’illégalité refuse d’être hors la loi, qui rejette ainsi la concurrence entre travailleurs sur le marché du travail au profit des patrons fraudeurs du fisc et négriers du travail dissimulé. Voilà pourquoi nous ne nous cacherons pas, voilà pourquoi nous accusons le gouvernement d’être à la solde des patrons qui font des profits en exploitant la clandestinité que l’Etat veut nous imposer par ses lois racistes.
Nous ne sommes pas des clandestins, nous sommes des travailleurs sans papiers en lutte pour le droit au travail légal et le droit a la dignité !
Fait à Paris le 1er janvier 2008