19 décembre 2016
Kabila : dégage !
Stop à la répression en RDC !
Ce lundi 19 décembre, une partie de l’opposition congolaise appelait la population à manifester pour exiger que le président Joseph Kabila respecte la Constitution de République Démocratique du Congo (RDC) – qui limite l’exercice du pouvoir à deux mandats de cinq ans maximum – et quitte le pouvoir.
Selon le rapport de la Commission électorale (CENI), l'organisation d’élections serait impossible dans le délai fixé. Effectivement, ce n'est pas une mince affaire d’organiser le scrutin dans cet énorme pays, mais les difficultés sont connues depuis cinq ans. Et elles ne sont qu'une excuse pour Kabila et son entourage, qui ne veulent à aucun prix céder le pouvoir. La mascarade de dialogue national, organisée avec une partie de l'opposition en septembre dernier, a alors abouti à l'octroi d'une prolongation du mandat du président, jusqu'en 2018 !
Joseph Kabila est arrivé au pouvoir après l’assassinat de son père en 2001 et n'a été élu qu'en 2006 pour continuer pendant cinq ans. En 2011, des élections frauduleuses lui ont permis de rempiler pour encore cinq ans, en dépit des grandes manifestations de l’opposition, violemment réprimées. La Constitution l'empêche maintenant de briguer un troisième mandat. Qu’à cela ne tienne : en 2015, il a essayé de la changer, mais des manifestations insurrectionnelles dans tout le pays ont fait échouer la manœuvre, en dépit d'une répression qui a fait plus de quarante morts et un nombre indéfini d’arrestations lors de rafles sur les campus. Depuis lors, l'Agence Nationale des Renseignements (ANR) du régime dictatorial de Kabila bloque et réprime toute opposition.
Le régime craint que la population envahisse les rues à partir du 19 décembre, date de la fin constitutionnelle du mandat du président. En effet, l’Afrique est elle aussi traversée par le souffle des révolutions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. En 2014, au Burkina Faso, la population est massivement descendue dans la rue pour mettre fin au règne du président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans. Et le régime en RDC se prépare donc en 2016 à un scénario sanglant comme au Burundi, où la grande vague de contestation populaire d’avril 2015 a été noyée dans le sang.
Le clan Kabila s'accroche au pouvoir afin de continuer à s'enrichir, alors que la population est dans une misère totale. Dans un pays qui possède les principales réserves de minerais précieux du monde et est de ce fait pillé par les multinationales européennes, américaines et chinoises, l’espérance de vie est de 55 ans. (Voir un article de janvier 2015.)Cela n'est possible que parce que le pouvoir en place dirige le pays d'une main de fer, avec une police et une armée formées par l’Europe et les Etats unis et appuyées par la plus grande mission de l’ONU, la Monusco. La Belgique participe directement à la formation et à l’encadrement des forces armées à travers les missions européennes EUROPOL et EUSEC. L’objectif est clair : soutenir la base du régime dictatorial, ses forces armées, pour maintenir un climat propice pour l’extraction des matières premières. Bref, maintenir l’ordre pour faire du business. Malgré les larmes de crocodile versées par les dirigeants de la soi-disant communauté internationale, tout est fait pour que le pillage du Congo continue.
A l’approche du 19 décembre, le régime est inquiet. Ces dernières semaines, il a ordonné la coupure et le filtrage des réseaux de communication, déployé des blindés dans les rues, intensifié les arrestations d’opposants. Tout cela pour empêcher les organisations de l'opposition de mobiliser, ainsi que pour empêcher la diffusion de la répression programmée. Le groupe Lucha a appelé la population à ne pas répondre aux provocations de la police et à s’organiser, à partir du 19 décembre, pour pouvoir rester caché pendant plusieurs jours. Il appelle les policiers et les militaires à désobéir aux ordres de leur hiérarchie. C'est important, mais, connaissant la violence dont peut faire preuve le régime, nous appelons les Congolais à s'organiser pour assurer la défense des manifestations.
Nous appelons les militants des droits humains, les syndicats et les organisations de gauche à soutenir le peuple congolais dans son désir de démocratie et de liberté. Nous regrettons qu’en votant contre une proposition parlementaire qui exigeait l’organisation des élections, le Parti du Travail de Belgique (PTB) prenne clairement la défense du régime dictatorial de Kabila en mentionnant tout au plus qu’il est « certainement critiquable sur certains points ». Nous pensons qu’il fallait s’abstenir. Le texte a le mérite de mettre en avant une préoccupation légitime du peuple congolais : le respect de la constitution. Mais la vraie préoccupation des auteurs du texte est que le régime ne parvienne pas contrôler la situation et rende instable le climat propice au business. Et ce qui dérange réellement le PTB, c'est que, de ce fait, le texte prend position pour l’opposition alors que lui soutient Kabila. Le peuple congolais qui manifeste dans la rue, pour sa part, pense que Kabila doit dégager, point barre, et non que son régime est « sur certains points critiquable ». En Belgique et partout ailleurs, mobilisons-nous pour soutenir la population congolaise et exigeons :