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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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Selon les communiqués syndicaux au lendemain de la grève, il s’agirait d’une victoire: la grève, « largement suivie », aurait été un « succès ». Mais au final, à part de petites mesures, nous n’avons rien gagné qui change réellement notre quotidien. Si c’était le cas, cela devrait avoir fait changer l’orientation du gouvernement. S’il n’y a pas eu d’impact significatif, c’est parce que, comme le dit la presse, le pays était « au ralenti », pas à l’arrêt. Les transports publics fonctionnaient grâce au service minimum et de nombreuses entreprises tournaient au ralenti, mais profitaient de la peur des travailleurs de perdre leur emploi pour assurer la production.

Ainsi, la majorité des travailleurs ont suivi les mots d’ordre syndicaux : ils ont fait grève en refusant d’aller travailler pour exprimer leur ras-le-bol. De plus, dans de nombreuses entreprises, des syndicalistes combattifs ont réellement empêché leur entreprise de fonctionner. Pourtant, dans l’ensemble, cette grève n’a pas paralysé le pays et n’a pas fait suffisamment mal au portefeuille des patrons que pour que l’on y gagne autre chose que des cacahuètes en comparaison avec les profits faramineux des multinationales de l’énergie.

Pourquoi alors parler d’une grève réussie ? Et bien, c’est parce que, pour les hautes directions syndicales, leur journée de grève générale a été « largement suivie ». C’est-à-dire que les travailleurs sont restés à la maison et que leurs actions de blocages ou de rassemblement ont mobilisé des travailleurs. Mais, mis à part les réelles actions de blocage de la production de plus de 24h menées par des syndicalistes combattifs, les actions étaient symboliques car elles ne mettaient pas l’économie à l’arrêt. Les piquets étaient souvent organisés à la veille de la grève et levés le lendemain.

C’est une stratégie des syndicats « responsables » pour canaliser les « colères populaires » comme le souligne l’édito du Soir du 1er décembre. Mais elle n’inclut pas de victoire concrète immédiate, ni de changement profond qui remettrait en cause le système capitaliste. Pourquoi a-t-on des grèves pareilles alors que l’urgence sociale est de plus en plus grande ? Une raison importante à cela vient du fait que ce ne sont pas les travailleurs qui décident directement de leurs actions, mais la couche privilégiée des fonctionnaires des syndicats. Ce ne sont ni les délégués de base, ni encore moins les affiliés. Pourtant ce sont eux qui savent au mieux comment paralyser la production, comment faire des grèves tournantes pour contrecarrer les plans de la direction et continuer à tenir dans la durée.

Chez Bpost, les syndicats avaient annoncé un jour supplémentaire de grève pour protester contre les négociations avec la direction. Cela aurait pu être l’occasion de paralyser l’ensemble de l’entreprise au niveau national pendant 48h. Au lieu de ça, les piquets n’ont pas été assurés durant toute cette période, parfois même pas durant la journée du 09/11. La faute n’est certainement pas aux travailleurs qui ont saisi l’occasion pour prendre quelques jours de repos bien mérités. La faute est au manque d’organisation sérieuse de la part des directions syndicales et leur absence de protestation contre la pression mise sur les travailleurs qui ont des CDD et les intérimaires qui sont obligés de travailler de peur de perdre leur emploi. En agissant ainsi, les syndicats ne défendent même plus le droit de grève et permettent au patronat de casser l’action des travailleurs !

Cette grève nationale n’a pas atteint son objectif de paralyser l’économie du pays pour exiger de réelles mesures structurelles comme le blocage des prix de l’énergie, la nationalisation de ce secteur ou la hausse générale des salaires. C’est ce qui pousse de nombreux secteurs à continuer la lutte, comme le démontre les actions et grèves régulières que ce soit aux TEC, à la SNCB, dans l’enseignement, dans les CPAS …

La leçon principale que nous tirons de cette « grève générale » est que nous ne pouvons pas compter sur les hautes directions syndicales pour bloquer l’économie de ce pays, alors qu’elles en ont pourtant les moyens. Nous, les travailleurs, devons compter sur notre propre organisation à la base et mettre sur pied des comités de grève pour garantir les blocages de la production. Les travailleurs doivent prendre les choses en main et ne pas dépendre des directions syndicales qui lèvent les piquets par un simple appel téléphonique !

Il s’agit concrètement de discuter avec nos collègues de travail du bilan à tirer de cette grève et de la manière de se mobiliser pour organiser des actions pour améliorer nos conditions de travail et de vie. Aller rencontrer des travailleurs qui travaillent dans la même entreprise ou dans les mêmes secteurs est nécessaire pour garantir à l’avenir un mouvement de lutte commune.

Il est temps de reprendre en main l’organisation de notre lutte syndicale pour qu’une journée de grève générale ne soit plus jamais symbolique, mais qu’elle fasse réellement peur au patronat et au gouvernement car ils craindront de perdre beaucoup d’argent et d’avoir un réel risque de voir s’exprimer efficacement notre colère populaire.